En matière de courses de montagne, Sierre-Zinal constitue un véritable monument. Lancée en 1974, la compétition était à l'époque une pionnière, tant parce qu'elle quittait les stades et les routes que parce qu'elle a immédiatement intégré les femmes, alors qu'elles étaient régulièrement interdite de pratiquer la course à pied.
Lors de la 50e édition, les Kényans se sont principalement illustrés avec un triplé inédit. Philemon Kiriago (20 ans) s'est imposé en 2h27'27", soit à 2 minutes du record de l'épreuve. Celui-ci est détenu depuis 2019 par l'Espagnol Kilian Jornet, 9 fois vainqueur de l'épreuve mais absent pour cause de blessure cette année. "C'était une course fantastique, un superbe travail d'équipe. Je savais que j'aurais l'avantage dans la descente et, en restant au contact de Kipngeno, l'opportunité de l'emporter", a expliqué à l'arrivée Kiriago.
Chez les femmes, c'est l'Américaine Sophia Laukli qui s'est imposée en 2h53'17" devant deux Kényanes. Njeru Joyce Muthoni a pris la 2e place devant sa compatriote Kisang Philaries Jeruto. "Au début, j'ai essayé de conserver un peu d'énergie. Je n'avais pas vraiment de tactique, mais je me suis concentré pour rester dans la course et cela a payé", a raconté Laukli, ancienne spécialiste de ski de fond.
Un jubilé pour la compétition... et pour les frères Vouardoux
Le 50e anniversaire a été célébré en grande pompe avec une popularité toujours grandissante. Si la course a pour cadre un paysage aussi idyllique qu'exigeant, ce n'est pourtant pas la seule raison à un tel engouement. "Notre succès s'explique à la fois par le fait que nous ayons été les premiers, mais aussi par la formule même de considérer à la fois des coureurs de valeur internationale et ce que j'appelle des promeneurs du dimanche", a détaillé Jean-Claude Pont, créateur de l'épreuve et organisateur de 1974 à 2014.
Tous les participants ne viennent pas pour remporter l'épreuve. La majorité d'entre eux a plutôt un objectif chronométrique ou simplement l'envie d'arriver jusqu'à Zinal, dont l'approche en descente peut être difficile à appréhender. Certains lieux ont aussi forgé la légende de la course, à l'image du passage devant l'hôtel Weisshorn ou de la montée vers Ponchette.
Et puis il y a aussi les habitués, ces participants épuisés qui se disent chaque année que ce sera la dernière, mais qui finissent toujours par revenir parce que la passion prend le dessus sur la raison. Dans ce registre, les frères Vouardoux détiennent assurément la palme de l'obstination, eux qui ont participé à toutes (!) les éditions depuis 1974. Un véritable monument de bravoure à saluer comme il se doit.
Le succès de Sierre-Zinal se poursuivra-t-il en 2024? Au vu de l'engouement toujours grandissant pour le trail et les différents types de courses en montagne, l'optimisme semble permis pour la "course des cinq 4'000".
RTSsport/btro