21h46. Le ciel est relativement clair. Mais "La Foudre" fait son apparition. L'orage n'a pas encore éclaté que le tonnerre gronde déjà. Celui des applaudissements, bien sûr. Oui, Usain Bolt commence son show, en "air guitar" cette fois.
Le public, qui n'attendait que ça, ou que lui, explose. On sent l'éclair, il va venir.
19"58, un chrono "normal" pour lui
Le silence demandé par le speaker ne dure pas. Sitôt le départ donné, le tonnerre redouble d'intensité. Dans la ligne droite de ce 200m tant attendu, le public se lève, conscient d'assister à un nouvel éclair. De génie, évidemment.
Un peu moins de 20" plus tard, 19"58 pour être précis, "La Foudre" a tapé pile dans le mille. Certes un chrono "normal" pour lui, bien loin de son record du monde (19"19), mais meilleure marque du meeting tout de même (il améliore la sienne de 1 centième)!
21h24, soit tout juste 22' plus tôt, un homme de... 22 ans, avait lui aussi déjà embrasé la Pontaise, en claquant un sensationnel 9"69 sur 100m. Son nom? Sans surprise, Yohan "The Beast" Blake!
"The Beast" efface Asafa Powell des tablettes
"La Bête" s'est rapprochée tout prêt du meilleur chrono de son pote de labeur (9"58), de son "grand frère". Il a surtout amélioré sa meilleure marque de 6 centièmes, et le record du meeting (son compatriote Asafa Powell en 2008) de trois centièmes.
Pour la première fois de la soirée vraiment - avant le "Bolt Show" quelques minutes plus tard -, la foule s'embrase. Les photographes, eux, prennent leurs jambes à leur coup pour rattraper Blake, qui a volé par dessus la ligne tel un coup de tonnerre.
C'est qu'il court vraiment vite le bonhomme! Il ne s'arrête plus, serrant ici et là des mains. Le "petit frère" rayonne, de bonheur bien sûr. La soirée jamaïcaine est plus que lancée.
"Je ne sais pas s'il peut battre mon record en ce moment"
"J'avais prédit que Blake gagnerait en 9"72. Il a fait encore mieux", s'extasie Bolt devant le chrono de son pote. "Même s'il va déjà très vite, mon record est toutefois encore loin. Je ne sais pas s'il est capable de le battre actuellement".
Le record du monde, Blake, lui, ne veut pas en entendre parler. Du moins pas pour le moment. "Je vous avait dit que j'étais un homme de surprises, que j'aime surprendre les gens. Ce n'était pas une course parfaite, surtout que j'ai dû me battre avec un léger rhume".
A propos de sa propre course, Bolt ne s'est pas plus enflammé que cela, précisant juste que "le big show, c'était à Londres". "C'était une bonne course, mais avec un virage pas parfait. Mais quel plaisir de revenir ici, avec ce génial public".
Kiplagat prend plus de deux secondes à l'or olympique
Il serait pourtant faux de penser que les champions de Londres sont fatigués, démotivés. Bolt, même s'il n'a pas signé un "temps canon" et Yohan Blake l'ont prouvé. Certes, les JO étaient LE rendez-vous 2012 - le seul pour certains -, mais on l'a encore constaté à Lausanne, si les médailles priment aux Jeux, les marques sont souvent bien meilleures lors des meetings "normaux".
Ainsi, sur 1500m, Silas Kiplagat a couru en 3'31"78, "écrasant" de plus de deux secondes le chrono de l'Algérien Makhloufi, vainqueur aux JO en 3'34"08. Valerie Adams, lanceuse de poids néo-zélandaise établie à Macolin, a elle lancé à 20m95 (record du meeting) alors que son "argent" de Londres - transformé en or depuis - valait 20m70. "Ici, j'ai l'impression de lancer chez moi".
Jelimo, même chrono ou presque, mais pas la même saveur
S'il y avait un mérite de la régularité à attribuer, Pamela Jelimo (800m) l'aurait eu facilement. Victorieuse en 1'57"60, la Kényane avait signé un chrono quasi identique (1'57"59) aux JO... pour une médaille en chocolat. Celui qu'elle ramènera de Suisse aura assurément un meilleur goût...
Sur 100m, Carmelita Jeter et Shelly-Ann Fraser-Pryce se sont à nouveau "tiré la bourre", avec cette fois la victoire pour l'Américaine. D'un poil, en 10"86. Même chrono pour Shelly-Ann Fraser-Pryce, mais une 2e place après l'or de Londres (10"75, pour 10"78 à Jeter)... "C'était une course fantastique", a dit l'Américaine. "Ca aurait à coup sûr pu être une finale olympique". Oui, mais voilà, le show, ce soir-là, était ailleurs...
De Lausanne, Daniel Burkhalter