"Pour nos athlètes, participer à un meeting Diamond League comme Athletissima ou le Weltklasse, c'est un peu la cerise sur le gâteau, une source de motivation incroyable". Et quelques semaines après la relégation en D3 de la délégation suisse à Dublin - lors des Championnats d'Europe par équipes -, ils en ont besoin!
S'il est déçu des résultats 2013 jusque-là - "surtout de nos têtes d'affiche" -, Peter Haas, le directeur technique de Swiss Athletics, ne parlerait pas "d'accident" au moment de commenter la relégation des Helvètes.
"Pour nous Suisses, c'était un rendez-vous important, et j'aurais voulu qu'on se maintienne. Mais on est à notre place... (réd: 24e nation en Europe)".
"Pas facile de se motiver quand il pleut"
Selon Haas (58 ans), ex-spécialiste du 400m haies (il a couru aux JO 1980 de Moscou), les athlètes suisses pâtissent des mauvaises conditions météo cette année. "En compétition bien sûr, mais également à l'entraînement. C'est beaucoup moins facile de se motiver quand il faut s'entraîner sous la pluie et dans le froid".
Et, à un an des Européens de Zurich, le directeur technique estime que certains en ont peut-être trop fait, trop voulu. "Tout le monde a envie de monter d'un cran, et certains, comme Amaru Schenkel par exemple, sont grillés", selon Haas.
Comme quoi, pour les Suisses, c'est un événement attendu... "Les Européens, c'est plus de notre niveau. En plus, ce sera devant notre public".
"Difficile de passer un tour aux Mondiaux"
Si "les Européens font moins rêver que les Mondiaux ou les JO" (dixit Clélia Reuse), cela reste un rendez-vous majeur pour les athlètes helvétiques. "Même avec nos meilleurs chronos, il est difficile d'imaginer passer un tour aux Mondiaux, alors qu'aux CE, on peut rêver de demi-finale", estime la Valaisanne (25 ans).
Anita Weyermann (36 ans), ancienne médaillée de bronze mondial du 1500m, va encore plus loin. "Pour les Suisses, disputer un CE, c'est presque comme des Mondiaux. Tous ne peuvent pas rêver d'aller aux CM ou aux Jeux olympiques".
"En plus, ce sera chez nous, devant nos familles et amis", se réjouit Reuse. "C'est marrant, avec mes chronos actuels, je suis même déjà qualifiée!".
"Il y aura beaucoup moins d'Américains!"
Si les Européens M20 de fin juillet à Rieti/ITA constituent son objectif principal cette année - elle y visera l'or -, Noemi Zbären (19 ans) attend tout particulièrement le rendez-vous zurichois, en 2014. "Ce sera fantastique, dans un stade qu'on connaît bien, devant notre famille et nos amis".
Et il va sans dire que la no1 mondiale chez les juniors M20 sur 100m haies - elle vient de réussir 13"04 à Nottwil - courra au Letzigrund avec des ambitions. "Pour nous, les Européens, c'est quand même plus accessible. Il y a beaucoup moins d'Américains! (rires)", lâche la Bernoise, nouvelle pépite de l'athlétisme helvétique, malgré un entraînement pas encore très poussé.
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Lausanne, Daniel Burkhalter
Tiffany Langel, l'espoir dépité
Tiffany Langel (22 ans), elle, aurait rêvé participer à ses Européens 2014, "pas loin de chez moi". "Mais je ne pense pas en avoir les capacités", confie, un brin dépitée, la Neuchâteloise, qui vient de manquer sa qualification pour les prochains Championnats d'Europe M23, son grand objectif.
"J'ai pris un sacré coup au moral, vous savez. Je me pose aujourd'hui plein de questions. J'ai 22 ans et je me donne jusqu'à 25 ans, sinon...", lâche cet espoir romand.
"Vous savez, à 12 ans, je rêvais moi aussi de courir dans des gros rendez-vous comme les CM ou les JO. Aujourd'hui, ce rêve a bien évolué", con-fie l'athlète de La Sagne, qui a longtemps hésité entre athlétisme et fond.
Vu et entendu à la Pontaise
DU BEAU MONDE: Athletissima est un meeting réputé, et bien couru. Sur la piste, mais aussi dans les gradins. On a ainsi pu voir Didier Cuche, Jean-Pierre Egger (ex-coach de Werner Guenthoer) ou encore les anciens athlètes Bob Beamon, Ato Boldon, Frankie Fredericks, Jonathan Edwards, etc.
LES EXCEPTIONS SUISSES: "Dans l'athlétisme suisse, nous vivons d'exceptions, comme Werner Guenthoer, Andre Bucher, Viktor Roethlin, Anita Weyermann ou encore Lisa Urech", explique Peter Haas, le directeur technique de la Fédération. "Notre système ne nous permet pas de déceler des talents à 12 ans, et il faut donc surveiller l'émergence de ses exceptions. J'espère que nous en aurons toujours plus..." On imagine!