"Les faits semblent tirés d’un polar ancré dans l’ère soviétique, écrit 24 heures. Pression du FSB (les services secrets, ex-KGB), menaces de mort, destruction de plus de 1400 échantillons suspects et même création d’un 2e laboratoire fantôme ayant apparemment servi à couvrir les athlètes du pays."
"L’affaire aura un impact non seulement sur l’athlétisme, mais sur le sport en général, avec ce rapport qui provoque une véritable onde de choc. Ce système, qui s’étendait depuis de nombreuses années, impliquait des entraîneurs qui étaient souvent d’anciens athlètes et qui travaillaient étroitement avec le personnel médical", explique l'agence Sportinformation,reprise par Le Nouvelliste et L'Express/L'Impartial.
Une course perdue d'avance
"Nous n’étions pas naïfs au point de croire que le dopage avait déserté les stades, mais nous pouvions penser qu’il s’était fait plus rare, moins systématique, depuis la disparition du bloc soviétique. Eh bien non, le dopage généralisé, à grande échelle, existe bel et bien en 2015", regrette Le Temps.
Et le quotidien d'ajouter avec une bonne dose de fatalisme que Dick Pound, président de la commission d’enquête indépendante de l’AMA, "ne semble pas avoir conscience que la force de son rapport n’a d’égale que la faiblesse de ce combat contre la tricherie."
Un sentiment partagé par La Liberté. "La Russie n'a pas l'apanage du dopage. Croire que l’athlétisme a gagné parce qu’il a rattrapé son plus mauvais élève serait d’une confondante naïveté. C’est oublier que la lutte contre le dopage est une course perdue d’avance."
La politique de l'autruche
Pour la Basler Zeitung, "tout cela est écoeurant,mais personne ne devrait être surpris si d'autres détails tout aussi écoeurants devaient être révélés.
"Longtemps, le sport d'élite a pratiqué la politique de l'autruche face aux problèmes de corruption ou de dopage: se mettre la tête dans le sable, ne rien entendre, ne rien voir", estime le Tages Anzeiger. Le quotidien zurichois ajoute que "vouloir se limiter à la Russie serait une erreur. Elle n'est peut-être que la pointe de l'iceberg."
Pour la Neue Zürcher Zeitung, le scandale qui frappe aujourd'hui l'athlétisme "a une dimension encore plus grande", que celui qui a touché la FIFA. "A la FIFA, les fonctionnaires se sont accordés mutuellement des avantages. Ici, on parle d'une intervention directe dans les compétitions, les résultats et les classements. Le sport est ici touché dans son noyau."
Le LAD également visé
Mais la Russie n'est pas la seule visée par le rapport de l'AMA. Le 16e chapitre de ce dernier est entièrement consacré au Laboratoire d’analyse du dopage de Lausanne (LAD), dirigé par Martial Saugy, explique 24 heures. "La commission évoque la destruction de 67 échantillons directement liés à cette affaire en décembre 2014, soit juste après la diffusion du reportage brûlant d’ARD, à l'origine du scandale. Le timing est tout de même intrigant."
"Entre-temps, certes, Martial Saugy a organisé son laboratoire de sorte que des échantillons ne devraient plus disparaître prématurément. Mais une ombre sombre plane au-dessus de son institution", souligne le Blick.
Axel David