Partir à 23 ans sur le Vendée Globe, un pari fou? Alan Roura l'a osé en 2017. Le marin genevois a bouclé ce tour du monde en solitaire en 105 jours malgré le manque de moyens, avec un bateau prêté et retapé à l'arrache.
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Deux ans plus tard, le skipper est devenu patron de sa propre entreprise de gestion de bateau et a mis le cap sur un nouveau rêve: le tour du monde en 80 jours lors du prochain Vendée Globe.
Sa société Navman emploie six personnes fixes grâce à un budget garanti jusqu'en 2020 par plusieurs sponsors. Entre deux courses, Alan Roura n'a pas le temps de souffler. A Lorient, petite ville bretonne où il réside, il enchaîne les tâches administratives, les séances avec son architecte et la supervision du chantier de son nouveau bateau, "La Fabrique".
Il y a surtout l'histoire que l'on écrit
En vue du prochain Vendée Globe, la pression monte désormais gentiment. Mais pour le skipper, ce n'est pas le classement qui importe le plus aux yeux des marques qu'il représente.
"La performance, il y en aura une, peu importe laquelle. Si je casse dans le grand sud et je dois m'arrêter, il y aura une part de performance. Je pense que pour les sponsors, terminer c'est une chose, mais il y a aussi et surtout l'histoire que l'on écrit", confie dimanche au 19h30 le navigateur.
Une équipe d'une quinzaine de personnes
Sur l'ancienne base de sous-marins de Lorient, devenu l'épicentre européen des entreprise actives dans la technique nautique, l'histoire d'Alan Roura s'écrit à plusieurs.
Avec les prestataires externes, 15 personnes travaillent sur "La Fabrique", en chantier depuis quelques semaines après avoir été testée et éprouvée sur la Route du Rhum l'automne dernier.
Pendant trois mois, l'équipe travaillera sur l'inclinaison des voiles, ainsi que sur certaines pièces et matériaux afin de gagner un maximum de puissance. Une opération qui rend la navigation plus difficile.
En rentrant du Vendée Globe, je n'ai pas pu marcher normalement pendant trois mois, et ça je ne le veux plus!
Pour pouvoir dompter les vagues, deux à trois fois par semaine, le marin se fait coacher par un préparateur physique. "En rentrant du Vendée, je n'avais plus de jambes, je pouvais faire le tour des mes cuisses avec mes mains", se souvient Alan Roura. "Je n'ai pas pu marcher normalement pendant trois mois, et ça je ne le veux plus!", explique-t-il, avant de nuancer.
"Ce sont des bateaux qui demandent forcément beaucoup de physique, mais aussi beaucoup d'expérience. Courir pour changer la voile, c'est une chose, mais si on ne met pas la bonne voile, ça ne sert à rien."
Compagne et agent "pour son image et son avenir"
Une expérience qui s'acquiert aussi en équipe. Aurélia, la compagne d'Alan Roura, s'occupe de la communication du sportif. Elle gère également toutes les relations avec les sponsors.
"On a le skipper de la Fabrique, mais on a aussi l'humain", rappelle celle qui partage sa vie au quotidien. "Je joue donc un petit rôle d'agent, pour son image et son avenir. Il faut trouver le bon équilibre entre Alan existant seul, mais aussi Alan représentant ses partenaires, avec qui il est associé au moins jusqu'au prochain Vendée Globe."
Heureux nouveaux propriétaires, le couple tente tout de même de s'accorder des moments plus calmes et profiter des belles fins de journées des côtes bretonnes.
"J'habite en Bretagne depuis longtemps et je m'y sens très bien. Il y a ce côté nature, l'océan et tout ce vert… c'est un autre monde et je ne pourrais pas revivre de sitôt en Suisse", admet le Genevois.
Une soif de large qui remonte à loin. Enfant, Alan a fait le tour du monde sur le voilier de ses parents, non pas en 80 jours mais 11 ans. Une expérience inestimable pour le souriant skipper.
Cecilia Mendoza