En 1912, à l’occasion des Jeux olympiques de Stockholm, Pierre de Coubertin déclarait: "Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héros olympique est, à mes yeux, l'adulte mâle individuel. Les JO doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs".
Mais ça, c’était avant. Pour la première fois dans des olympiades hivernales de la jeunesse, la parité sera respectée. 940 jeunes hommes et 940 jeunes filles prendront ainsi part aux Jeux olympiques de la Jeunesse qui se tiendront du 9 au 22 janvier. Une fierté pour Virginie Faivre, présidente du Comité d’organisation de Lausanne 2020. "C'est un signal extrêmement fort et primordial. On ne peut plus mettre de côté les athlètes féminines". Mais pour y parvenir, le chemin est encore long.
"C'est un travail de longue haleine, confirme la Vaudoise. Cela ne se fait pas du jour au lendemain mais j’espère que cela deviendra la norme pour la future génération d’olympiens".
Pour ce faire, les fédérations sportives, nationales et internationales, ont un rôle clé à jouer pour donner aux femmes la place qu'elles méritent. "A l'époque, quand les filles n’avaient pas le droit de participer à certaines compétitions, elles choisissaient une discipline où elles avaient une place. Il est donc primordial de travailler sur cette problématique afin de la leur donner. Notre but n'est pas d'avoir des filles juste pour avoir des filles. L'objectif est d’avoir des athlètes féminines qui ont un niveau dont on peut être extrêmement fier".
Triple championne du monde se ski freestyle, Virginie Faivre sait de quoi elle parle. Son ascension au plus haut niveau n'a pas été un long fleuve tanquille. "Je viens d'une discipline qui est dominée par les hommes. Le ski freestyle est un sport d’engagement il y avait peu de filles au départ. Pour prendre part aux compétitions, il fallait s'inscrire en catégorie avec les hommes. On a été un petit vivier de skieuses à se battre pour se faire une place. Puis notre sport est devenu olympique. Mais il n'aurait pas pu le devenir sans que les femmes soient représentées. C’était une volonté du CIO et à ce moment-là, la fédération a fait l'effort de valoriser les athlètes féminines. Aujourd'hui, ces JOJ envoient un message fort à ces demoiselles qui pourront se dire moi aussi je peux faire ce sport, ce n’est pas un sport pour les garçons, j'ai ma place et j'ai un avenir".
Quant à l'accueil du public, Virginie Faivre est convaincue qu'il se déplacera en masse pour les encourager. "Le public aime suivre les compétitions féminines. La moitié de la population est féminine et elle aime voir les athlètes briller et regarder des événements sportifs. C'est un travail d'ensemble qui doit être fait. Autant des fédérations au niveau des structures sportives que des médias qui doivent jouer le jeu et retransmettre les compétitions féminines. C'est tous ensemble que l'on arrivera à ce que les femmes gagnent leur place dans le sport".
Lausanne, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud
Virginie Faivre en bref
1982: naissance à Lausanne un 6 septembre
2009: 1er titre de championne du monde de halfpipe au Japon
2013: 2e titre de championne du monde de halfpipe en Norvège
2015: 3e titre de championne du monde de halfpipe en Autriche
2016: met un terme à sa carrière de sportive d’élite.
2018: devient consultante à la RTS à l'occasion des JO de PyeongChang
2019: est élue présidente du Comité d’organisation de Lausanne 2020.