"La Mongolie m’a attrapé. La Mongolie m’a fasciné. Ils n’ont rien, ils vous donnent tout". C’est au détour d’un voyage en 2012 que Pascal Gertsch tombe amoureux du pays. Il se promet alors de retourner dans ce pays d'Asie pour y découvrir l’hiver. C’est chose faite en janvier 2016. Cette année-là, l’hiver est rude à Dadal, où il se trouve. L'ancien fondeur est hébergé par un colonel de l’armée des frontières qui décide un jour de l'emmener sur les terres où serait né Gengis Khan.
Le Vaudois contemple la pleine quand il est pris d'une fulgurance. "Vous savez ce que vous devriez faire ici? Une course de ski de fond. Le trophée Gengis Khan", lui lance le Vaudois sous forme de boutade. Il ne pensait pas si bien dire. Le général lui apprend qu'une équipe existe. Le lendemain, il donne un cours de ski à des enfants. "Les skis dataient de la préhistoire et les bâtons étaient de simples bouts de bois avec de la ficelle" se souvient-il. Aujourd’hui, quatre pistes qu’il a créées ont vu le jour en Mongolie. L'une d'entre elles a même été homologuée par la FIS et le Trophée Gengis Khan a été organisé pour la première fois en 2017.
Avoir deux garçons et deux filles, c’est miraculeux
Mais Pascal Gertsch ne s’arrête pas là. En rentrant en Suisse, il apprend que des JOJ se tiendront à Lausanne en 2020. L’occasion est trop belle pour la laisser filer. Avec ses propres moyens, il se lance alors le pari fou de monter une équipe mongole de ski de fond.
"On partait de rien. A l’époque des Russes, le ski était enseigné à l’école, mais quand ils sont partis, tout est tombé à l’eau. Il ne restait qu’un vague balbutiement de ski de fond, regrette-il. Je suis parti avec beaucoup d’enthousiasme en ne me rendant pas compte du travail qu'il y avait à faire".
En janvier 2018, un premier camp est organisé en Suisse, à la Vallée de Joux. La délégation mongole compte alors quinze jeunes athlètes. Un an plus tard, ils ne sont plus que six. Tous rêvent des Jeux mais les places sont chères. En décembre, la FIS rend son verdict. ils seront finalement quatre. "Je rêvais d’en avoir deux: un garçon et une fille. Ça c’est une équipe! Et maintenant, on a le double, deux garçons et deux filles! C’est miraculeux", s’enthousiasme l’ancien médecin, fier du chemin parcouru. Et ce même s’il sait que ces protégés ne trusteront pas les premières places.
Je vous promets qu'ils ne seront pas ridicules
"La première chose que je me suis dit quand je me suis lancé dans cette aventure c’est: je ne veux pas qu’ils soient ridicules. Cela aurait été un affront pour ce pays. Et je vous promets qu’ils ne le seront pas! Par rapport à des gosses du même âge, ils se situent en milieu de classement. Au début de l’aventure, ils étaient dans les derniers, se souvient-il avant de souligner leur force de caractère. Ils ne se plaignent jamais. Ils font toujours les choses avec un grand sourire. Ils sont heureux. Ils ont fait une course, ils n’ont pas été très bons, ils repartent pour la suivante avec un moral d’enfer. Ils n’abandonnent jamais."
Mais cette belle histoire a un coût. Depuis la naissance du projet, c’est lui qui finance tout. " Les finances commencent à baisser. Je ne vous dirai pas combien d’argent j’ai mis là-dedans car vous allez me prendre pour un fou", rigole-t-il. Mais heureusement, il a pu compter sur le soutien de généreux donateurs. "Les Combiers ont notamment été extrêmement généreux. Il y a aussi eu de gros sponsors qui m’ont soutenu".
La fin des JOJ sonnera aussi pour lui la fin de l'aventure. Ses protégés devront voler de leurs propres ailes. "Il n'est jamais bon de continuer une aide à perpète. Dès le départ, je leur avais dit que je me retirerai après les JOJ". Une perspective qui l’inquiète cependant. "Que va-t-il rester de tout ça? La fédération mongole est incapable d’assumer tout ce que j’ai assumé jusqu’à maintenant". Et puis il y a aussi les liens affectifs qui se sont noués. "On a passé plus de 150 jours ensemble. Forcément, cela créée des liens. Je me suis beaucoup attaché à cette jeunesse et au moment ou je vais la laisser partir, parce que ce jour va arriver, il faudra que je me morde les lèvres", conclut-il dans un ultime sourire.
Faites la connaissance de Zolbayar, Nomin-Erdene, Urangoo et Hongor, les quatre fondeurs mongols, dans le prochain volet.
Les Rousses, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud