Modifié

Damien Lehmann: "Ce sport m’a aidé à construire l’homme que je suis"

Damien Lemann porte le maillot de son 1er club, les Rhinos de Monthey. [Floriane Galaud]
Damien Lemann porte le maillot de son 1er club, les Rhinos de Monthey. - [Floriane Galaud]
A 26 ans, Damien Lehmann s’apprête à découvrir le championnat allemand de football américain, ligue la plus relevée d’Europe. Un rêve pour ce costaud gaillard de 105 kilos qui n’a pas toujours fait de son poids, une force.
Damien Lehmann pratique le football américain au plus haut niveau
Damien Lehmann pratique le football américain au plus haut niveau / RTS Sport / 2 min. / le 7 avril 2020

C’est à Monthey où tout a commencé que Damien Lehmann nous a donné rendez-vous début mars. Ce jour-là, le Chablaisien de 26 ans profite de quelques jours de congé pour peaufiner sa préparation physique dans un fitness avant de rejoindre son équipe des Ravensburg en Allemagne.

Le championnat devait débuter en avril. Mais le coronavirus en a décidé autrement. "Pour l’instant, on attend que la frontière rouvre car je suis considéré comme un travailleur saisonnier. En théorie, on devrait commencer les matches début juin donc j’aimerais arriver en Allemagne au plus tard le 1er mai, s’impatiente-t-il. C’est un rêve de gosse qui se réalise".

Je suis fier de dire que le petit gros de Monthey a réussi

Damien Lehmann

Il faut dire que rien ne prédestinait le garçon à un tel parcours. "Je ne viens pas d’une famille de sportifs", explique l’électricien qui a toujours eu un impressionnant gabarit. "Petit, j’étais assez gros", confirme-t-il. "A l’âge de 15 ans, j’ai pesé jusqu’à 118 kilos. Je pense que c’est compliqué en Europe de s’en sortir dans les sports collectifs avec un tel poids. J’ai toujours fait du sport mais mon parcours de vie a fait que j’ai plus mangé que d’habitude", sourit-il avec pudeur.

Mais grâce au football américain, il prend conscience que son poids et sa carrure sont un atout même si, analyse-t-il, "on ne peut plus se permettre d’être juste gras pour évoluer au plus haut niveau". A force de travail et d’abnégation, il monte en grade, évolue un temps à Neuchâtel avant de rejoindre la France et le club de Thonon avec lequel il deviendra champion d’Europe en 2017 et champion de France la saison dernière. "Je suis fier de dire que le petit gros de Monthey a réussi", lance-t-il avec fierté. "Le football américain m’a aidé à structurer ma vie et à construire l’homme que je suis aujourd’hui sur et en dehors du terrain".

Oui, on se cogne, c’est un sport viril mais il faut garder son sang froid

Damien Lehmann

Car le football américain est bien plus qu'un simple sport de ballon ovale. La tactique est au coeur du jeu. "On dit souvent que c’est un jeu d’échec. Les coaches jouent sur un échiquier. Il n’y a rien qui se passe dans le foot américain qui n’est pas prévu par le coach. Aux USA, on parle de football IQ, c’est très important de pouvoir comprendre ce sport."

Loin des clichés véhiculés par le cinéma, le football américain n'a pas de place pour les coups de sang. "Oui, on se cogne, c’est un sport viril mais il faut garder son sang-froid. Un joueur qui perd son sang-froid donc qui n’utilise plus sa tête est un joueur qui ne sert plus à rien."

Pour préparer au mieux les matches, les clubs ont d'ailleurs leur propre cahier de jeu. Celui de Ravensburg compte 250 pages! A connaître sur le bout des doigts. "J’aime que l’on puisse étudier le football américain. Ce n’est pas un sport bête ou juste instinctif. Ce sont des heures et des heures d’études de l’attaque de nos adversaires.

En juin, si tout va bien, Damien Lehmann sera sur le terrain, le maillot allemand sur le dos. Avec un maigre de salaire de 500 euros par mois - son club prend en charge le logement, sa voiture et son assurance maladie, notamment - mais la chance de vivre pleinement son rêve. "Je ne veux pas devenir riche. Juste pouvoir en vivre" conclut le jeune homme.

Monthey, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud

Publié Modifié

Bien plus qu'un sport, une philosophie de vie

A Ravensburg, Damien Lehmann retrouvera un club familial et proche de sa communauté. Car le football américain n'est pas seulement un sport: il est aussi le ciment de toute une ville. "J'aime ce côté proche de la communauté qui casse la starification. L'aide à la communauté fait partie des sports US. Avec mon ancien club de Thonon, on se rendait dans les hôpitaux à Noël pour offrir des cadeaux aux enfants. Et mon club de Ravensburg nous a envoyé un mail pour nous inciter à aller donner notre sang. En NFL, chaque joueur a sa propre association caritative. Ils ne le font pas pour payer moins d'impôt. Ils le font car c'est encré dans l'idée que le football américain doit aider la communauté".