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Eric Lamaze revient sur sa tumultueuse carrière

Lamaze arrive à Genève au sommet de son art.
Lamaze arrive à Genève au sommet de son art.
Le champion olympique Eric Lamaze est une des attractions du CSI-W de Genève. Passé de l'enfer au paradis, le Canadien revient sur une carrière des plus mouvementées.

Certains chemins, aussi tortueux et scabreux soient-ils, peuvent
mener au panthéon. Au sortir d'une trentaine d'années tourmentées,
Eric Lamaze a su atteindre les sommets. Après des problèmes de
drogue, des suspensions pour dopage et même un bannissement à vie,
le champion olympique montréalais est présent au CSI-W de Genève en
clamant son bonheur de vivre et sa fierté.



«Je suis un homme heureux, affirme-t-il. Mais je
l'étais déjà avant les JO car j'éprouvais une grande fierté d'avoir
réussi à revenir au plus haut niveau après tous mes
problèmes.»
Et des problèmes, Lamaze en a connus plus d'un.
Elevé par une grand-mère alcoolique tentant de combler le vide
creusé par des parents absents et impliqués dans un trafic de
drogue, le Québécois sombre à son tour et s'éprend de la
cocaïne.

«Je suis là !»

Une première suspension qui le prive des Jeux d'Atlanta en 1996,
puis une deuxième pour usage d'éphédrine en 2000 qui lui coûte sa
place à Sydney, un bannissement à vie - contre lequel il fait appel
avec succès - et le fait replonger dans la poudre blanche. «Ces
moments durs m'ont permis de prendre ma vie en mains et,
aujourd'hui, je suis là !»




Si le Canadien est revenu sur le devant de la scène, il le doit
avant tout à son entourage. «Amis et clients m'ont soutenu. La
vie ne se passe pas toujours comme tu veux. Mais si tu t'accroches
dans les moments difficiles, que tu travailles, tu peux y
arriver»
, explique-t-il sur le ton de l'émotion. L'émotion
d'un écorché vif qui a, depuis peu, pansé ses plaies.

Découverte en Belgique

La renaissance de Lamaze a notamment été rendue possible en
2005, lorsque le Montréalais déniche en Belgique un étalon
néerlandais de 9 ans, nommé Hickstead. Une monture exceptionnelle
qui conduira son cavalier au titre olympique à Hong Kong l'été
dernier. «Avant, je vivais un rêve. Maintenant, ce n'est plus
un rêve, c'est la réalité !»
.



Le Québécois estime toutefois que sa médaille d'or n'a pas
fondamentalement changé sa vie, même s'il est désormais
«reconnu» et qu'il a reçu dans les semaines qui ont suivi
son titre «beaucoup de félicitations, du Premier Ministre, des
politiques»
en tant que premier Canadien double-médaillé de
l'histoire des Jeux.

Assumer ses erreurs

Patron de le plus grande écurie de sport d'Amérique du Nord, la
Torrey Pines Farm, près de Toronto, avec 66 chevaux, une vingtaine
d'employés (six cavaliers) dont Marie Ecart, la fille de Michel,
Lamaze profite désormais pleinement de sa vie, jonglant entre
Europe et Nouveau Monde et glanant des succès de premier ordre.
Sans détourner les questions qui se rapportent à son passé agité,
le Canadien préfère néanmoins regarder de l'avant.



«Ces affaires remontent bientôt à dix ans. On en parlait moins
jusqu'aux Jeux, puis le passé est revenu sur la table. Mais c'est
devenu aujourd'hui une histoire positive.»
Et Lamaze d'assumer
ses erreurs. «Je prends mes responsabilités. Je n'ai pas été
victime d'une injustice. La seule injustice subie
(ndlr: son
exclusion à vie), je me suis battu contre elle pour remettre
les choses en ordre.»
.



Eric Lamaze affiche le sourire des gens bien dans leur peau. Les
autres cavaliers vantent tous ces 165 centimètres de bonne humeur
et de joie de vivre, qui fleurent bon l'accent des enfants du St
Laurent. De l'enfer au paradis, les obstacles ne manquent pas. Et
le Montréalais, armé du caractère fort qu'il s'est forgé au gré de
ses turpitudes, a véritablement prouvé, sur les pistes comme dans
son existence, qu'il ne craignait pas le franchissement de barres
placées très haut.



si/tou

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"Une victoire aux JO, c'est à vie"

Eric Lamaze, les JO sont-ils encore très présents dans votre tête ?

«Pékin, ça fait un moment déjà. Mais il y a peu, à Bruxelles, il y avait des affiches partout annonçant la venue du champion olympique. Et les souvenirs ressurgissent immanquablement, notamment quand je vois les magazines ici, à Genève, qui parlent de moi. Mais chaque semaine, ce sont d'autres concours, d'autres challenges. Même si c'est vrai qu'une victoire aux JO, c'est à vie.»

Justement, qu'est-ce que ce titre a changé dans votre vie ?

«Pas grand chose, si ce n'est que je suis maintenant plus reconnu et que j'ai reçu beaucoup de félicitations dans mon pays, du premier ministre et de politiques.»

On imagine cependant que cet or est un accomplissement...

«Oui, c'est vrai. J'ai beaucoup travaillé, fait énormément de sacrifices. En Europe, je ne suis pas chez moi, je vis à l'hôtel. Pour rentrer, c'est huit heures d'avion...»