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Valuev-Holyfield: un art qui a perdu sa noblesse

Nikolay Valuev s'est contenté du service minimum à Zurich.
Nikolay Valuev s'est contenté du service minimum à Zurich.
Malgré sa victoire contestée aux points face à Evander Holyfield, Nikolay Valuev ne parviendra pas à convaincre. L'Américain, lui, n'a pas encore l'intention d'arrêter...

Il n'y a pas eu de miracle pour Evander Holyfield le croyant,
battu aux points par Nikolay Valuev dans sa quête pour un cinquième
titre de champion du monde des poids lourds. La légende américaine
de 46 ans, malgré son courage et un Hallenstadion totalement acquis
à sa cause, n'a pas suffisamment su raboter ses quelque 43,8 kg et
24 cm de déficit face au colosse de St-Pétersbourg. Un combat qui
n'a somme toute pas servi les intérêts de la boxe.



Infecté par la multiplication des fédérations et les magouilles en
tout genre, le noble art ne mérite plus le label. Dans les faits,
Valuev, ses 213 cm et ses 141 kg, se sont contentés du service
minimal pour défendre leur ceinture mondiale version WBA. Certes
contre un homme au palmarès admirable, mais passé depuis plusieurs
années dans la catégorie des boxeurs finis.

Holyfield ne va pas arrêter

Holyfield, médaillé de bronze aux JO 1984, quadruple champion du
monde des lourds, essuyait à Zurich sa cinquième défaite sur ses
neuf derniers combats. Pourtant, quelques minutes après son revers,
"The Real Deal" n'en démordait pas. "J'ai un but: devenir à
nouveau champion du monde!"
Il n'arrêtera pas, encouragé dans
sa croisade obstinée par sa performance de samedi contre
Valuev.



Car, techniquement, le meilleur boxeur sur le ring était bel et
bien le papy d'Atlanta. Sens de l'esquive intact, mobilité et
surtout frappes justes et précises. Une leçon rendue possible par
une impressionnante condition physique saluée par les puristes.
Mais inutile en raison d'une impuissance rédhibitoire à faire
souffrir le "Géant russe". Le noeud du problème était là.

La "Bête de l'Est" n'a jamais vraiment eu mal

Alors que le public zurichois, dans une subjectivité
passionnelle et amoureuse en faveur du challenger, sifflait la
décision finale des juges et Valuev par la même occasion, un
constat s'imposait. Holyfield surprit il est vrai plusieurs fois le
Russe par ses crochets du gauche. Avec son coeur et son ventre,
l'Américain livra une copie dont il pouvait être fier. Sans jamais
toutefois faire mal à la "Bête de l'Est".



Certes en progrès, Valuev n'apporta toutefois pas le démenti
espéré quant au rudiment de sa boxe. Notamment durant les premières
reprises, où le Russe subissait le combat. Son entraîneur Alexander
Zemin s'expliquait: "N'oublions pas qu'Holyfield est un homme
expérimenté, donc dangereux tactiquement. Nikolay a mis du temps à
trouver la bonne distance. Il a dû s'ajuster. C'était exactement ce
que nous avions travaillé à l'entraînement."

Un nouveau crochet dans le foie

A droite, un géant vilipendé qui ne convaincra certainement
jamais le monde de la boxe. A gauche, un has-been dont les
motivations exactes (encore besoin d'argent malgré le million de
francs perçu samedi?) demeurent floues. Au centre, un sport déjà
bien décrédibilisé qui vient de prendre un nouveau crochet dans le
foie.



si/dbu

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Des réactions contrastées

Wilfried Sauerland, manager de Valuev: "Holyfield a dansé sur le ring. Mais un challenger doit faire plus. Il doit aller chercher la ceinture. Dans la deuxième moitié du combat, il n'a pas boxé comme un challenger." Son de cloche bien différent côté US. Holyfield: "J'ai gagné plus de rounds que lui." Un de ses managers: "Nous voulons une revanche, ici à Zurich, où tout le public a vu qu'Evander avait gagné." L'entraîneur Tommy Brooks: "Nous avons gagné! Je ne sais pas comment les juges ont pu voir une victoire de Valuev."

Stoïque, imperturbable, imperméable, Valuev maniait lui plus volontiers le second degré. "Ce que je peux dire, c'est que je ne conseille à personne de prendre des coups d'Evander sans protéger sa tête et son ventre." A l'ultime son de cloche, c'était un sourire qu'arborait pourtant le colosse. Il savait, lui, qu'il avait match gagné. Il ne put cependant pas goûter à sa joie longtemps, face à l'hostilité d'un public qui prit injustement en grippe cet homme charmant, à la douce voix émanant de ce corps néandertalien.