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La Suisse orpheline d'Aschwanden et Göldi

David Papaux et Juliane Robra, deux athlètes qui en veulent.
David Papaux et Juliane Robra, deux athlètes qui en veulent.
David Papaux et Juliane Robra, promus leaders de l'équipe helvétique de judo, auront le redoutable honneur de faire "oublier" Sergei Aschwanden et Lena Göldi lors des Championnats du monde qui débutent mercredi à Rotterdam.

Depuis les départs à la retraite de Sergei Aschwanden et Lena
Göldi, David Papaux et Juliane Robra ont hérité du difficile titre
officieux de meilleurs judokas de Suisse. Alors que les
championnats du monde de Rotterdam débutent mercredi, le
Fribourgeois et la Genevoise refusent toutefois de se
considérer



comme les locomotives de la délégation helvétique et espèrent
simplement se hisser vers les sommets.



Papaux et Robra, 28 et 26 ans, sont les Suisses les mieux placés
au classement mondial (21e chez les 73 kg pour le premier, 9e chez
les 70 kg pour la deuxième). La Genevoise, d'ailleurs, semble être
dans la forme de sa vie, ayant enlevé son premier tournoi Coupe du
monde en juillet à Belo Horizonte, juste après une cinquième place
dans le Grand Chelem de Rio pour la troisième année consécutive.
«Je me sens bien, malgré une blessure au coude qui a un
peu



perturbé ma préparation, explique-t-elle. J'ai envie de combattre,
je suis heureuse d'y aller.»

«Tout le monde s'observe»

Sa victoire au Brésil et son apparition
dans le top 10 mondial ne change pas la donne pour la native de
Witten, en Allemagne, arrivée sur les bords du Léman à 11 ans.
«Il faut tout d'abord relativiser ma victoire à Belo Horizonte.
Le plateau était relevé, mais les meilleures de ma catégorie
n'étaient pas là
», tempère Robra, avant d'être interrompue par
son entraîneuse Monika Kurath. «Le plus important, après
plusieurs places d'honneur et des podiums, c'est que Juliane a pu
combattre pour une victoire, avec tout ce que cela suppose comme
gain d'expérience.
»



Titulaire d'un nouveau statut, la Genevoise fera partie des
personnes à battre à Rotterdam. Une situation qui l'amuse. «Je
ne sais pas si je suis attendue au tournant. Tout le monde
s'observe. Nous travaillons souvent toutes ensemble, au cours de
stages. Je connais bien mes adversaires, leurs atouts et leurs
défauts. J'espère simplement mieux les connaître qu'elles ne me
connaissent...
», lâche-t-elle encore dans un grand éclat de
rire.



La bonne humeur qu'affiche Robra laisse entendre qu'elle ne
ressent aucune pression particulière. «Ma pression, c'est ma
pression quotidienne. J'ai toujours envie de me dépasser.
» Et
le fait d'être non seulement la meilleure Suissesse depuis l'arrêt
de Göldi, mais aussi la seule sélectionnée pour les Mondiaux, ne la
touche pas plus que cela. «Ce ne sont pas des questions qui se
posent. Lena était exceptionnelle, mais je ne veux pas me comparer
à elle.
»

Psychologue du sport

Autre judoka rôdé au poids de la
comparaison, David Papaux porte lui le lourd héritage d'Aschwanden.
«Je ne ressens aucun attente particulière des médias, du public
ou de mes équipiers. Il n'y a pas de locomotive, que des amis qui
travaillent et s'entraînent ensemble.
» Comme Robra, le
Fribourgeois a été ennuyé par une blessure (déchirure ligamentaire
au pied gauche). C'était en début d'année. «Cela m'a beaucoup
handicapé jusqu'au mois de juillet. Mais ça va beaucoup mieux
maintenant.
»



Autre bémol relevé par le septuple champion de Suisse - invaincu
sur sol helvétique depuis 2002 -, un manque de compétition, sa
dernière sortie en tournoi remontant à la fin du printemps, à
Tunis, avec un bon cinquième rang à la clé. Souvent placé mais
rarement médaillé sur la scène internationale (2 podiums et 13 top
10 Coupe du monde), le Fribourgeois à la solide condition physique
veut mettre fin à ses prestations «en dents de scie», selon son
propre aveu.



Il a d'ailleurs eu recours à un psychologue du sport. «J'ai
déjà battu presque tous les ténors de ma catégorie, mais jamais le
même jour. Je pouvais battre un des meilleurs au monde et perdre
dans la foulée contre un moins bien classé que moi.
»



Avec les Jeux olympiques de Londres 2012 dans le viseur, Papaux et
Robra mettent les bouchées doubles pour atteindre leurs objectifs.
Tant et si bien que leurs entraîenurs respectifs - le Fribourgeois
collabore avec Jean-Claud Spielmann - doivent parfois les freiner.
«Juliane est toujours à 100%, explique Monika Kurath, tellement
que c'est difficile de mettre sur pieds une séance
régénératrice...
» Même son de cloche pour le coach de Papaux.
«Par peur de ne pas en faire assez, il arrive que l'on en fasse
trop.
»



si/ag

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