Markus Fuchs tire sa révérence, après 40 ans de carrière
couronnés de succès. Le plus titré des cavaliers helvétiques
montera en compétition une dernière fois à l'occasion du CSIO de
Suisse qui débute jeudi, devant son public, pour un 145e départ en
Prix des Nations.
A quelques jours de la retraite sportive, le St Gallois de bientôt
54 ans revient sur ses exploits et sur ses échecs. Car échecs il y
a eu. Surtout dans les rendez-vous internationaux, Mondiaux,
Européens et JO, durant lesquels le cavalier d'Abtwil n'a jamais
vraiment brillé. "Il y a beaucoup d'épreuves qui m'ont
échappé, relève-t-il, mais, dans le lot, je dirais que
celles qui me manquent sont des sacres individuels en championnat
du monde, d'Europe ou au Jeux. Ce sont ceux qui comptent le
plus."
Le spectre des Jeux d'Athènes
Malgré un fantastique palmarès, l'image de Fuchs est aussi celle
d'un homme peu à l'aise au plus fort de la pression. "Mes deux
derniers échecs aux JO m'ont beaucoup fait réfléchir,
concède-t-il. Ils ont confirmé que je n'avais pas toujours le
sang-froid nécessaire. Mais on est comme on est." Le
St-Gallois se réfère à Sydney 2000, où il sombre en individuel
(29e) avant de se rattraper par équipes (médaille d'argent), mais
surtout à Athènes 2004, "le pire souvenir de ma
carrière".
Membre le plus expérimenté de la sélection suisse, il avait laissé
s'envoler l'argent par équipes, alors promis aux Helvètes, en
raison d'un dernier parcours totalement raté. "A Athènes, je me
suis complètement loupé alors que Tinka's Boy était en forme. Je
suis passé à côté en tant que cavalier, j'étais entièrement
responsable des erreurs commises."
Une expérience traumatisante qui a poussé Fuchs à dire stop aux
grands rendez-vous internationaux, un an plus tard, à l'issue des
Européens de San Patrignano, qui ont marqué l'avènement de la
nouvelle génération des Liebherr et Guerdat, avec qui il a enlevé
l'argent par équipes.
"Il est normal que je cherche à gagner de l'argent"
"Je ne voulais plus prendre
une place à un jeune", explique-t-il pour justifier son
renoncement. Alors, plutôt que de poursuivre sa chasse au prestige,
le St-Gallois a commencé de sélectionner ses épreuves, souvent en
fonction de la dotation et des points pour le classement mondial,
lui qui a longtemps fait partie du top-10. Une façon de faire qui
lui a valu quelques sarcasmes. "Ca ne m'a jamais touché. Je suis un
cavalier professionnel, il est normal que je cherche à gagner de
l'argent."
Mais, malgré tout, Fuchs reste pour tous comme le plus beau
palmarès de l'hippisme suisse. Il a notamment été le premier à
remporter la finale de la Coupe du monde, le Graal du saut
"indoor". C'était en 2001 à Göteborg, sur son fidèle Tinka's Boy.
"C'est le plus grand moment de ma carrière. J'ai souvent eu des
chances de m'imposer avec Tinka's Boy dans d'autres éditions, alors
avoir enfin gagné était une chose spéciale qui m'a
marqué."
Le parcours de Fuchs est indissociable de celui de son étalon de
classe mondiale, "le cheval de ma vie", comme le
St-Gallois le décrit lui-même. Avec lui, le cavalier d'Abtwil a
remporté la bagatelle d'une médaille olympique, trois européennes
et quatre en finale de Coupe du monde. "J'ai eu la chance de
pouvoir monter plusieurs bons chevaux, se souvient-il.
Parmi tous, trois resteront toujours dans mon coeur: Tinka's
Boy bien sûr, Lady Seven avec qui j'ai fait les Mondiaux 74 et
Shandor, avec qui j'ai notamment participé aux JO de 1988 et
1992."
Il arrête en même temps que ses chevaux
L'homme aux 21 victoires en Prix des Nations - dont mi-mai à La
Baule - pour 144 départs s'apprête donc à baisser le rideau.
"Je me sens bien, rassure-t-il, même si je sais que
dans quelques jours ce sera la fin. Oui, il y a un peu
d'émotions." Mais pas plus que cela non plus, son retrait
étant le fruit d'une longue réflexion. "J'ai dit il y a deux
ans que je voulais terminer ma carrière en même temps que mes deux
meilleurs chevaux, La Toya et Nirmette. Mais cette dernière est
tombée malade il y a un an, et je n'ai depuis plus qu'une seule
monture de pointe. J'ai également des ennuis de santé et ma
motivation, après 40 ans, n'est plus suffisante."
Désormais, l'ancien no1 mondial va reprendre ses activités dans le
commerce de chevaux et donner des stages aux jeunes cavaliers.
"Je n'ai jamais cessé de le faire, mais quand on est absent de
la maison 250 jours par an, c'est difficile."
si/dbu
Le portrait de Markus Fuchs
Date de naissance: 23 juin 1955
Domicilié à: Abtwil (SG)
PALMARES
Jeux olympiques (5 participations)
argent par équipes à Sydney 2000 (Tinka's Boy)
Championnats du monde
bronze par équipes à La Haye 1994 (Goldlights)
Championnats d'Europe
argent individuel à Hickstead 1999 (Tinka's Boy)
argent par équipes à Hickstead 1999 (Tinka's Boy)
bronze par équipes à Donaueschingen 2003 (Tinka's Boy)
bronze par équipes à La Baule 1991 (Shandor)
bronze par équipes à Rotterdam 1989 (Shandor)
bronze par équipes à St-Gall 1987 (Shandor)
Finales de la Coupe du monde (6 participations)
or à Göteborg 2001 (Tinka's Boy)
argent à Las Vegas 2000 (Tinka's Boys)
bronze à Del Mar 1992 (Shandor)
bronze à Milan 2004 (Tinka's Boy)
Prix des Nations
144 départs/21 victoires
Championnats de Suisse
or 2006 (Nirmette)
or 2000 (Cosima)
or 1994 (Adelfos)
or 1989 (Shandor)
or 1984 (Volvo a Lifetime)
or 1973 (Lady Seven)
La Suisse dans la peau du leader
L'équipe de Suisse abordera pour la première fois de l'histoire "son" CSIO dans la peau du leader du classement général de la Coupe des Nations de la Fédération internationale (FEI). A St-Gall (du jeudi au dimanche), la délégation helvétique fera en ce sens partie des favorites pour remporter un concours qui lui échappe depuis 2000.
Lauréate du première Prix des Nations de l'année à La Baule puis troisième lors de la deuxième étape à Rome, la Suisse se présente à St-Gall "dans une meilleure position que les autres", selon les propos du chef d'équipe Rolf Grass.
Les trois moments majeurs du CSIO seront justement le Prix des Nations du vendredi, le Grand Prix du dimanche et la Grande Chasse du samedi, qui sera la dernière épreuve de Markus Fuchs avant la retraite.
Programme, palmarès et sélection suisse
Jeudi 4 juin
12h00: Saut d'ouverture (barême A)
14h00: saut en deux phases
16h00: S/A au barrage
Vendredi 5 juin
08h45: chasse
10h30: S/A au barrage
13h30: FEI Coupe des nations, Prix des Nations en 2 manches
Samedi 6 juin
12h45: S/A au barrage
15h45: grande chasse (dernier concours de Markus Fuchs)
Dimanche 7 juin
09h45: saut aux points
12h30: Grand Prix de Suisse (1er groupe)
15h00: Grand Prix de Suisse (2e groupe) et finale
Sélection suisse
Equipe: Markus Fuchs, Christina Liebherr, Steve Guerdat, Pius Schwizer, Daniel Etter.
Individuel: Paul Estermann, Beat Mändli, Theo Muff, Werner Muff, Jane Richard, Niklaus Rutschi, Niklaus Schurtenberger, Hansueli Sprunger, Simone Wettstein, Philipp Züger.
Le Prix des Nations du CSIO de Suisse depuis 2003
2003 St-Gall Irlande (Suisse 2e)
2004 Lucerne Pays-Bas (Suisse 7e)
2005 St-Gall France (Suisse 2e)
2006 Lucerne Allemagne (Suisse 2e)
2007 St-Gall Pays-Bas (Suisse 5e)
2008 St-Gall Pays-Bas (Suisse 2e)
Les vainqueurs depuis 2003
2003 Robert Splaine (Irl), Cool Diamond
2004 Meredith Michaels-Beerbaum (All), Shutterfly
2005 Michael Whitaker (GB), Portofino
2006 Nick Skelton (GB), Arko
2007 Markus Fuchs (S), Nirmette
2008 Christina Liebherr (S), No Mercy.
Général de la Coupe des Nations FEI (2/8): 1. Suisse 15,5. 2. Etats-Unis 12. 3. France 11. 4. Allemagne 9,5. 5. Pays-Bas 8. 6. Suède 7. 8. Grande-Bretagne 5,5. 8. Belgique 3. 9. Irlande 2,5. 10. Italie 2.