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Les petites combines des combinaisons

Michael Phelps et les nageurs à l'heure de la technologie!
Michael Phelps et les nageurs à l'heure de la technologie!
Alors que les compétitions de natation vont prochainement débuter à Rome, les combinaisons continuent d'alimenter les chroniques. Côté nageurs, on est plutôt serein. Le problème est plutôt de savoir comment gérer les sponsors.

De quoi parle-t-on autour des bassins ces derniers temps? De la
combinaison, bien sûr, et alors que les Mondiaux de Rome arrivent à
grands pas, chacun essaie de trouver la petite combine pour aborder
le mieux possible le grand



rendez-vous.



Et c'est plutôt détendu que les nageurs en parlent, une ambiance
qui tranche nettement avec celle de l'année dernière, année des
jeux Olympiques, où la psychose avait envahi les bassins. Avec un
seul modèle nouvelle génération sur le marché - composé de
polyuréthane -, l'unique préoccupation des nageurs était de savoir
s'ils pourraient avoir cette +combi+ lors de l'échéance
planétaire.

Quelle combinaison choisir?

Cette fois, plus
d'angoisses. Chacun aura le droit à sa "combi", dont le must est la
Jaked 01, 100% polyuréthane, suivie de très près par la X-Glide
d'Arena ou l'Hydrofoil d'Adidas.



Alors laquelle choisir? Là, est la seule question que se posent
les nageurs à l'approche des Mondiaux. Et près des bassins
d'entraînement ou lors des stages terminaux de préparation, les
nageurs testent tous les modèles et échangent leurs
impressions.



Il faut d'abord mettre en avant son gabarit dans le choix du
produit. Si le modèle n'est pas adapté, il peut craquer et ça peut
coûter très cher. Pour cela, il faut surtout éviter de prendre des
modèles plus petits que sa taille, une pratique assez courante.
Plus serré, on est mieux gainé, on glisse mieux, on avance plus
vite.

"Trucs et astuces"

Tous les petits trucs sont bons pour être le plus performant
possible. Il y a quelques mois encore, des nageurs portaient
jusqu'à trois combinaisons en même temps avant que ce ne soit
interdit par la Fédération internationale en mars. Autour des
bassins, on dit même que certains vaporiseraient de la bombe
imperméabilisante sur leur combinaison.



Au-delà du modèle, les nageurs auront surtout un choix à faire sur
la marque à utiliser, qui pourrait bien ne pas être celle avec
laquelle ils sont sous contrat.

Quid du sponsor!

Conscients du grand cirque qui se prépare à Rome, la plupart des
équipementiers - dont Speedo, seul fabricant à n'avoir aucun
produit en tout polyuréthane - ont choisi de fermer les yeux. A
condition que ce soit fait le plus discrètement possible.Pas facile
quand on est sur un plot de départ devant des millions de
téléspectateurs... La meilleure combine est celle de masquer la
marque en la couvrant d'un sticker noir.



Et pour ceux qui utiliseront la Jaked 01, version rouge vif, par
exemple, un bon truc est de dégrafer le haut du vêtement avant de
quitter le bassin pour le faire rouler en dessous de la taille. Ca
se veut plus discret... Reste enfin une bonne astuce pour honorer
son sponsor malgré tout: le bonnet. Obligés de porter le bonnet aux
couleurs de leur pays lors de la compétition, les nageurs placent
un second bonnet de leur équipementier en dessous. Une fois leur
course terminée, ils retirent le premier et affichent leur
sponsor!



afp/ag

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La natation bientôt dans l'impasse

Les nouvelles combinaisons, partiellement ou tout polyuréthane, ont fait gagner en moyenne 6% aux records du monde établis à l'ère du maillot de bain mais ne font que reporter l'impasse chronométrique qui menace inéluctablement la
natation.

Une impasse sur laquelle les nageurs ont déjà failli buter à la fin des années 90. "En 99, on remarque que les 37 épreuves de la natation étaient en train d'atteindre leur limite", note le Professeur Jean-François Toussaint, directeur de l'Institut français de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (IRMES), auteur de plusieurs études sur la progression des records du monde.

A l'époque, l'intensification de l'entraînement, la conception de bassins plus rapides, les Jeux de Sydney organisés dans un pays de nageurs et l'avènement des premières combinaisons tout tissu avait retardé l'échéance. Pour peu de temps: entre 2000 et la révolution des combinaisons en 2008, aucun record du monde ne fut plus battu sur 50 et 100 m libre. Et la progression semblait devoir rester infime avant l'avalanche de 2008/2009 (cinq records sur 50 et
autant sur 100 m, sans compter le dernier d'Alain Bernard, invalidé).

Ce fut le contraire. De la fin des années 90 à 2007, les chronos de la natation ont gagné 4%. Grâce à la génération de combinaisons mixtes tissu-polyuréthane les temps ont encore progressé de 0,85% en quelques mois en 2008, puis enfin de 0,81% avec la sulfureuse Jaked tout polyuréthane autorisée pour les Mondiaux de Rome. "On a donc près de 6% de gains en moyenne sur l'ère maillot de bain alors que les performances étaient bloquées, calcule le Pr Toussaint. Exactement comme pour le saut en hauteur avant le changement de technique".

Syndrôme de la formule 1
Avec des différences notables: pour profiter de l'effet "combi", il vaut mieux être un homme (1,23% de gain chez ces derniers contre 0,47% chez les femmes) et spécialiste de sprint, "parce que l'on gagne plus sur les phases non nagées (pénétration dans l'eau) et parce que plus l'on nage, plus la combinaison s'abime", poursuit Toussaint dont les calculs prédisent une nouvelle asymptote - à conditions constantes - dans 4 ou 5 ans.

Mais les conditions, les errements de la Fédération internationale de natation (FINA) l'ont montré, sont tout sauf constantes. Au 1-er janvier prochain, l'instance dirigeante a décidé de reculer d'un pas: retour au tout tissu ou au 50/50? Nul ne peut le prédire mais les temps établis en 2009 avec la Jaked risquent de devenir à la natation ce que sont les records du monde est-allemands ou chinois à l'athlétisme. Et la natation est menacée du syndrome
Formule 1, plombée par des règlements ubuesques.

"La natation est passée du statut de discipline physiologique à celui de discipline technologique. Elle s'est redonnée pour peu de temps un ballon d'oxygène mais s'il n'y a plus de nouvelles inventions on arrivera très vite à l'asymptote", estime Toussaint alors que les experts de la FINA ont déjà calculé que l'introduction de "starting-blocks" en lieu et place des plots de départ feraient encore gagner quelques centièmes précieux pour le spectacle, mais grignotés encore sur les phases d'"extranatation".