L'ascension de Perez
Egalement en pleine ascension, Laetitia Perez disputera, à 19
ans, sa première compétition majeure en élite, sans être passée par
la case des Championnats d'Europe. "Je brûle les étapes",
sourit la nageuse du Lausanne Natation. La soeur cadette d'Adrien
Perez s'est révélée en battant la favorite Martina van Berkel aux
Championnats de Suisse sur 50m papillon, avec à la clé un record
national (27"18) qui la situe à la 38e place dans la hiérarchie
mondiale à deux nageurs par pays. Son but à Rome: "progresser
encore et apprendre au contact des meilleures".
Médaillée de bronze des derniers Européens en petit bassin à
Rijeka, la Bernoise Patrizia Humplik aura également quelques bons
atouts sur 200 m brasse. La Bernoise détient la 23e performance
mondiale à deux nageuses par nations.
Les Championnats du monde s'ouvrent dimanche à Rome avec deux
superstars: Michael Phelps en éternel triomphateur et Federica
Pellegrini en pin-up des piscines.
Phelps sera très attendu, même si l'on peut se demander ce que
l'Américain recherche encore après avoir gagné 14 médailles d'or
olympiques et 17 titres de champion du monde. Cette fois, le
phénomène de Baltimore ne visera pas la quantité alors qu'il avait
accumulé sept titres aux mondiaux de Melbourne en 2007 et huit à
Pékin. Il ne s'alignera «que» sur trois courses individuelles: le
200m nage libre ainsi que les 100 et 200m papillon plus, sans
doute, des relais.
"Lorsque je prendrai ma retraite, je veux pouvoir me dire que
j'ai réussi tout ce que je voulais", a-t-il commenté. "Il
me reste des chronos à battre et j'ai d'autres objectifs personnels
avant de renoncer au sport". Lors des championnats américains,
qualificatifs pour les Mondiaux de Rome, Michael Phelps a renoncé
au 100m nage libre à cause d'un torticolis, mais aussi parce que
cette épreuve s'entrechoquait au programme des Mondiaux avec le
200m papillon. L'Américain a ainsi laissé le champ libre aux
sprinters français, Alain Bernard et Frédéric Bousquet.
Duels entre Français
Bernard est champion olympique en titre et premier nageur à être
passé sous la barre des 47 secondes même si son record de 46"94 n'a
pas été homologué pour cause de combinaison non conforme, mais
Bousquet, recordman du monde du 50 m, l'a battu en finale des
Championnats de France.
Le duel entre les deux hommes sera sans doute d'autant plus
décisif que l'Australien Eamon Sullivan, détenteur du record du
monde, a déclaré forfait après avoir contracté un virus. Sullivan
aurait également été un des favoris du 50m nage libre que convoite
Bousquet, recordman du monde, mais aussi un autre Français, Amaury
Levaux, vice-champion olympique.
Pellegrini très attendue
Dans les épreuves féminines, les
nageuses auront fort à faire face à Federica Pellegrini, détentrice
des records du monde du 200 et du 400m, et championne olympique sur
200. En un peu plus d'un an, l'Italienne a tout volé à Laure
Manaudou, records, titres, petit ami et statut de pin-up de la
natation mondiale. Cette boulimie parfois exhibitionniste n'est pas
sans risque comme l'a prouvé la chute de la Française.
L'Italienne a d'ailleurs reconnu qu'il lui arrivait de devoir
nager dans des eaux plus troubles que celle des piscines
olympiques. "Si je gagne, ils prétendront tous être heureux. Si
je perds, ils me donneront une tape de consolation dans le dos en
public et s'éclipseront pour fêter ma défaite", a-t-elle
relevé sans préciser l'identité de ces «ils».
LES PETITS COMBINES DE LA COMBI
De quoi parle-t-on autour des bassins ces derniers temps? De la
combinaison, bien sûr, et alors que les Mondiaux de Rome débutent
dimanche, chacun essaie de trouver la petite combine pour aborder
le mieux possible le grand rendez-vous. Et c'est plutôt détendu que
les nageurs en parlent, une ambiance qui tranche nettement avec
celle de l'année dernière, année des JO, où la psychose avait
envahi les bassins. Avec un seul modèle nouvelle génération sur le
marché - composé de polyuréthane -, l'unique préoccupation des
nageurs était de savoir s'ils pourraient avoir cette combinaison
lors de l'échéance planétaire.
Cette fois, plus d'angoisses. Chacun aura le droit à sa
combinaison, dont le must est la Jaked 01, 100 % polyuréthane,
suivie de très près par la X-Glide d'Arena ou l'Hydrofoil d'Adidas.
En attendant une probable interdiction du polyuréthane pour 2010,
toutes et tous se demandent laquelle choisir à Rome? Là, est la
seule question que se posent les nageurs à l'approche des Mondiaux.
Et près des bassins d'entraînement ou lors des stages terminaux de
préparation, les nageurs testent tous les modèles et échangent
leurs impressions.
Il faut d'abord mettre en avant son gabarit dans le choix du
produit. Si le modèle n'est pas adapté, il peut craquer et ça peut
coûter très cher. Pour cela, il faut surtout éviter de prendre des
modèles plus petits que sa taille, une pratique assez courante.
Plus serré, on est mieux gainé, on glisse mieux, on avance plus
vite.
Discret
Tous les petits trucs sont bons pour être le plus performant
possible. Il y a quelques mois encore, des nageurs portaient
jusqu'à trois combinaisons en même temps avant que ce ne soit
interdit par la Fédération internationale en mars. Autour des
bassins, on dit même que certains vaporiseraient de la bombe
imperméabilisante sur leur combinaison. Au-delà du modèle, les
nageurs auront surtout un choix à faire sur la marque à utiliser,
qui pourrait bien ne pas être celle avec laquelle ils sont sous
contrat.
Conscients du grand cirque qui se prépare à Rome, la plupart des
équipementiers dont Speedo, seul fabricant à n'avoir aucun produit
en tout polyuréthane ont choisi de fermer les yeux. A condition que
ce soit fait le plus discrètement possible. Pas facile quand on est
sur un plot de départ devant des millions de téléspectateurs... La
meilleure combine est celle de masquer la marque en la couvrant
d'un sticker noir. Et pour ceux qui utiliseront la Jaked 01,
version rouge vif, par exemple, un bon truc est de dégrafer le haut
du vêtement avant de quitter le bassin pour le faire rouler en
dessous de la taille. Ca se veut plus discret...
Reste enfin une bonne astuce pour honorer son sponsor malgré tout:
le bonnet. Obligés de porter le bonnet aux couleurs de leur pays
lors de la compétition, les nageurs placent un second bonnet de
leur équipementier en dessous. Une fois leur course terminée, ils
retirent le premier et affichent leur sponsor!
si/seb
Flori Lang en chef de file de la Suisse
Septième performer planétaire de l'année sur 50 m dos, le Zurichois Flori Lang sera le leader de la sélection suisse aux Mondiaux de Rome en grand bassin, dès samedi. Tandis que Dominik Meichtry part dans l'inconnu, le Genevois Damien Courtois voudra valider ses progrès.
Avec 17 nageurs, la délégation helvétique est une des plus fournies de l'histoire, une des plus jeunes aussi: 21 ans de moyenne d'âge. L'objectif officiel est de décrocher au moins trois places en finale. Cela suppose, bien sûr, une volée de records nationaux, qui ne devraient pas manquer grâce, notamment, aux nouvelles combinaisons tout-polyuréthane qui seront en libre accès pour les 1500 nageurs du Foro Italico.
Meichtry dans le flou
Médaillé d'argent des Européens d'Eindhoven l'an dernier sur 50m dos, Flori Lang a fait un nouveau bond durant l'hiver en se propulsant parmi l'élite mondiale avec ses 24"84 des derniers Championnats de Suisse à Zurich. A cette occasion, il a aussi battu sur 100m libre Dominik Meichtry, le roi du crawl. Lang (26 ans) apparaît serein, à peine touché par les remous suscités par les combinaisons. "J'ai choisi la mienne, je nagerai l'esprit libre", annonce-t-il.
Outre sa discipline de prédilection, l'étudiant zurichois disputera encore le 50m libre, où il détient le 25e chrono mondial (22"06), et sera l'un des piliers, avec Meichtry, du 4x100 m, qui peut rêver d'une place en finale. Contrairement à Lang, Meichtry est dans le flou: "je ne sais pas du tout comment je vais nager. J'aurai moins de pression que d'habitude, car je ne fais plus partie des favoris", a reconnu le sixième des JO de Pékin sur 200m libre, qui a peu revêtu les nouvelles tenues jusqu'à présent.
Courtois en pleine confiance
Damien Courtois nage en pleine confiance. Le Genevois a beaucoup progressé en brasse et en papillon, au point de pouvoir battre le record national de Remo Lütolf sur 50 m brasse (27"91), une référence. Il devrait aussi améliorer sa marque du 50m papillon (23"83). "J'attends ces deux courses de pied ferme, je vise deux records et deux places en demi-finales", annonce l'apprenti de commerce du Lancy Natation, 21e aux Mondiaux de Melbourne en 2007 sur 50m papillon.
Très à l'aise avec le polyuréthane tout en souhaitant un retour au maillot de bain, Courtois puise sa force dans un programme de musculation intensif, qui représente entre 30 et 40 % de son entraînement. "C'est l'école française", celle des Alain Bernard et Frédérick Bousquet, précise-t-il.
Un héritage à assumer
Médaillée d'argent lors de trois des quatre dernières éditions (sur 1500m), la retraitée Flavia Rigamonti manquera à la délégation suisse aux Mondiaux de Rome. Douze des dix-sept sélectionnés sont des néophytes à ce niveau, cinq sortant tout juste des rangs juniors.
En l'An I après Rigamonti et Karel Novy, il reviendra à Flori Lang et Dominik Meichtry de tirer les marrons du feu. Historiquement, les médailles sont rares: les nageurs helvétiques en ont gagné six en tout, dont trois pour Rigamonti, en douze éditions. Aucune n'est en or. La Suisse figure au 31e rang du tableau des médailles. Parmi les sélectionnés individuels, le Genevois Aurélien Künzi, inscrit sur 50 m libre en plus du relais 4x100 m, est la cadet de la sélection. Il aura 19 ans le 20 août.
Avec 17 nageurs, la délégation est deux fois plus étoffée que celle de Melbourne il y a deux ans (8 nageurs). Laetitia Perez, Patrizia Humplik, Benjamin Le Maguet et Simon Rabold sont également nés en 1990, tout comme Künzi.
Les 17 Suisses en lice
Messieurs (10)
Damien Courtois: 50m et 100m papillon, 50m brasse, relais
Duncan Furrer: relais
David Karasek: 200 et 400m libre, relais
Aurélien Künzi: 50m libre, relais
Flori Lang: 50m libre, 50 et 100m dos, relais
Benjamin Le Maguet: 50 et 100m brasse
Dominik Meichtry: 100 et 200m libre, relais
Simon Rabold: relais
Daniel Rast: 50m papillon
Gregory Widmer: relais, év. 100m libre
Dames (7)
Ivana Gabrilo: 50m dos
Patrizia Humplik: 100 et 200m brasse
Iris Matthey: 800 et 1500m
Swann Oberson: 800 et 1500m
Laetitia Perez: 50 et 100m papillon
Marina Ribi: 200 et 400m 4 nages
Martina van Berkel: 100 et 200m dos, 100 et 200m papillon
Pas de relais inscrit