Avec son retour fracassant au premier plan ce week-end à Moscou,
Evgeny Plushenko laisse déjà entrevoir des retrouvailles
somptueuses avec Stéphane Lambiel aux Européens de Tallinn en
janvier. Ironie de l'histoire, le Russe est revenu à la compétition
sur un tango, comme son rival valaisan.
Plushenko avait rangé ses patins à 23 ans après avoir décroché
l'or olympique en 2006 à Turin, agrémenté de ce qui constituait
alors un «record du monde»: 258,33 points. Trois ans et demi plus
tard, délesté de la dizaine de kilos pris entre-temps et guéri de
ses problèmes aux genoux, l'»ange blond» de St-Pétersbourg est
apparu presque aussi fort pour la première compétition
internationale de sa nouvelle carrière, en s'imposant au Grand Prix
de Moscou avec 240,65 points.
Il a semblé en garder sous le patin, «se contentant» d'un
quadruple saut dans le libre et se laissant une marge de
progression au niveau des petits pas et des transitions. «Je
voulais d'abord réussir un programme propre pour renforcer ma
confiance», a relevé le quintuple champion d'Europe et triple
champion du monde.
«Plus solide»
Que dire de l'ensemble ? Deux triples axels dont un en
combinaison dans le seul libre, une combinaison quadruple-triple
boucle piqué, d'autres triples impeccables, une «standing ovation»
à la fin... l'heure était aux éloges: «Il est peut-être plus
fort qu'avant, plus solide sur ses sauts. Surtout, il n'a aucune
pression car il a déjà un titre olympique», juge dans
l'»Equipe» le champion olympique de 2002 Alexeï Yagudin, qui fut
pourtant le plus farouche rival de son compatriote à
l'époque.
Cette observation valide l'idée selon laquelle un athlète - pour
autant que son âge et sa santé le lui permettent - reste
potentiellement à tout moment capable de retrouver son niveau de
performance «de base». Celui-ci est comme gravé sur un «disque dur»
personnel, ainsi que l'ont encore montré les récents «come-back» de
Kim Clijsters ou Lance Armstrong.
Comme au «bon vieux temps» ?
Les prochains mois, avec comme point
d'orgue les JO de Vancouver dès le 12 février, diront si Plushenko
peut exercer la même domination qu'entre 2003 et 2006. Seuls Brian
Joubert, avec son titre européen en 2004, et Stéphane Lambiel,
champion du monde en 2005 à Moscou alors que le Russe avait dû
abandonner sur blessure, avaient pu alors lui tailler des
croupières.
Aujourd'hui, Joubert est toujours là mais le doute le ronge,
tandis que Plushenko et Lambiel paraissent rassérénés par leur
congé sabbatique. Pour son retour fin septembre à Oberstdorf, le
Valaisan a cartonné avec 232,36 points (à moins de 7 points de son
record personnel). Il avait choisi pour le libre un air de tango
d'Astor Piazzolla, quand Plushenko interprétait à Moscou un «Tango
Amore» d'Edvin Marton. Mais au-delà du tango, ça va «valser» pour
leurs grandes retrouvailles, en principe fin janvier aux
Championnats d'Europe à Tallinn!
si/ag
Moscou, Grand Prix ISU
Messieurs, classement final:
1. Evgueni Plushenko (RUS) 240,20pts
2. Takahiko Kozuka (JPN) 214,63
3. Artem Borodulin (RUS) 201,55
4. Johnny Weir (USA) 198,55
5. Kevin van der Perren (BEL) 189,33
6. Adrian Schultheiss (SWE) 185,02
7. Brandon Mroz (USA) 181,80
8. Shawn Sawyer (CAN) 179,58
9. Florent Amodio (FRA) 171,65
10. Ivan Tretiakov (RUS) 164,30
11. Ari-Pekka Nurmenkari (FIN) 149,91
Couples:
1. Pang Qing/Tong Jian (CHN) 191,33.
2. Yuko Kavaguti/Alexander Smirnov (RUS) 180,14.
3. Keauna McLaughlin/Rockne Brubaker (USA) 160,55.