Lambiel 5e après le court, Morand-Dorsaz 8es

Sans la maîtrise des sauts «qui paient», point de salut dans le
patinage moderne. Stéphane Lambiel l'a encore appris à ses dépens
en ne sortant que 5e du programme court des Championnats d'Europe à
Tallinn, malgré les meilleures notes artistiques. Le Russe Evgeni
Plushenko est une classe au-dessus.



Avec 77,75 points, le Suisse concède près de 14 points au champion
olympique de St-Pétersbourg, qui a réalisé, avec 91,30, le meilleur
score jamais obtenu dans une compétition internationale. Le Russe
de 27 ans, qui reste le seul patineur à avoir jamais dépassé les 90
points, a fait mieux que lors de son titre olympique en 2006. Après
Turin, il avait arrêté près de quatre ans, mais le tsar est bien de
retour.

Ce sera difficile pour une médaille

Le Prince de Saxon, qui n'a jamais été champion d'Europe, devra
s'accrocher pour obtenir une médaille, car derrière Plushenko, les
Français ont pris une belle option sur les deux autres places du
podium. Le tenant du titre Brian Joubert est 2e avec 88,55 points,
le meilleur score de sa carrière, et le patineur d'Annecy Yannick
Ponséro 3e avec 82,40. Les trois premiers ont parfaitement maîtrisé
les deux sauts les plus difficiles, le quadruple boucle piqué et le
triple axel.



Lambiel, lui, a retourné son quadruple avant de toucher la glace
avec la main, ce qui l'a empêché d'enchaîner pour une combinaison.
Ensuite, il s'est contenté d'un double axel, comme prévu. La
dizaine de points égarés là par rapport aux meilleurs ne se laisse
pas rattraper, même avec les meilleures composantes artistiques.
"Je suis un peu triste de ne pas avoir passé ma combinaison,
mais supercontent que le public ait apprécié le programme", a
commenté le Valaisan.

Grütter: "avec un poids"

Peter Grütter avait vu venir les
problèmes: "je l'ai senti avec un poids au début, c'est très
dommage. Il lui a manqué la combinaison". L'entraîneur de
Lambiel, à l'instar d'autres observateurs, portait un regard nuancé
sur la performance pourtant arithmétiquement hallucinante de
Plushenko. "Il est excellent techniquement, mais il
n'interprète pas la musique. Il la met comme musique de fond",
estime-t-il.



Toujours aussi aérien, très affûté, Plushenko a en revanche semblé
un peu moins rapide qu'il y a quatre ans, notamment sur les
séquences de pas. Mais sa sécurité sur les sauts et son charisme le
placent comme le grandissime favori, malgré la menace Joubert, pour
la conquête à Tallinn d'un sixième titre continental puis d'un
deuxième titre olympique consécutif. Il entrerait ainsi dans
l'histoire. Plushenko le sait, lui qui a pointé ses doigts vers les
juges et brandi fièrement le poing sitôt son programme
bouclé.



si/seb

MORAND-DORSAZ GAGNENT TROIS PLACES

Avec Anaïs Morand/Antoine Dorsaz,
l'avenir du patinage suisse semble assuré. Le couple valaisan,
benjamin de la compétition, s'est classé 8e après avoir gagné trois
places à l'issue du programme libre.



Morand, qui aura 17 ans en mars, et Dorsaz, 21 ans dans six
semaines, ont bien amélioré leur 12e place de l'an dernier à
Helsinki et confirmé leur ascension parmi l'élite, un an après
leurs débuts dans cette catégorie. Ils ont décroché haut la main
leur qualification pour les JO de Vancouver et démontré qu'il n'y
aura pas forcément un grand vide en Suisse une fois que Stéphane
Lambiel ou Sarah Meier auront pris leur retraite.



Les triples tenants du titre allemands Aljona Savchenko/Robin
Szolkowy sont tombés de leur piédestal. Malgré le meilleur score de
leur carrière (211,72 points), les doubles champions du monde se
sont fait doubler sur le fil par les très audacieux Russes Yuko
Kavaguti/Alexander Smirnov (213,15 points), qui ont cartonné avec
leur valse du beau Danube bleu. Le bronze revient aux Russes Maria
Mukhortova/Maxim Trankov (202,03).



si/dbu