Cdt Roger Schwery: "Cette année, c’est l’esprit de cordée qui doit primer"
Pour sa 1re Patrouille dans la tenue du "patron", le colonel d'état-major général Roger Schwery s'est retrouvé au centre de l'attention. L'instabilité du manteau neigeux l'a contraint à décaler d'un jour le coup de l'envoi de l'édition 2022. "La sécurité est primordiale cette année, la course sera lancée lorsque tous les signaux seront au vert", indique le Haut-Valaisan (54 ans).
Succédant au colonel EMG Daniel Jolliet en août 2021, le militaire de carrière ne pensait pas être un jour à la tête de la PdG. "Je n'aurais jamais imaginé occuper ce poste. Cela s'est joué sur un coup de téléphone que j'ai reçu", précise celui qui a aussi été entraîneur de football à Brigue. Si tout se passe bien, il pourra lancer la course mercredi soir à Zermatt. Depuis 2006, les départs sont organisés en deux temps (mercredi-jeudi et vendredi-samedi pour cette année). 1517 patrouilles de 3 personnes sont annoncées partantes. Ce chiffre comprend les athlètes de la grande (Zermatt-Verbier) et de la petite Patrouille (Arolla-Verbier).
Je suis un peu tendu, mais j'ai confiance dans mes équipes
RTSsport: Monsieur le Commandant, dans quel état d’esprit êtes-vous avant le début de cette Patrouille des Glaciers?
ROGER SCHWERY: Je suis un peu tendu, mais j'ai confiance en mes équipes. Je suis satisfait de la préparation qui a été effectuée par l’armée pour cette PdG. Je me réjouis de voir partir les 1res patrouilles depuis Zermatt.
RTSsport: L’armée est chargée d’organiser l’épreuve. Quel est le dispositif mis en place pour mener à bien cette mission?
ROGER SCHWERY: Nous préparons cette Patrouille depuis le 21 mars. Nous avons d’abord rassemblé la logistique à Sion. Ensuite, le matériel a été apporté sur les différents endroits de la course, jusqu’à 3650m pour le poste de Tête Blanche. Environ 1600 soldats seront mobilisés au pic de l’engagement.
RTSsport: 1517 patrouilles sont inscrites en 2022, elles étaient 190 en 1984. Comment arrivez-vous à gérer l’équilibre entre sécurité et attractivité de l'épreuve?
ROGER SCHWERY: Nous avons maintenant fixé une limite à 1600 patrouilles pour chaque édition. Dans le passé, nous étions montés jusqu’à 1800 et cela avait posé des problèmes. Désormais, nous arrivons à mieux diriger la course et à éviter le plus possible que des embouteillages se créent dans certains passages. L'armée fait le maximum de son côté. Mais les conditions météo et la préparation des patrouilles peuvent aussi jouer un rôle.
La montée de la Rosablanche avec les escaliers et la foule qui vous attend au sommet, cela me donne encore la chair de poule
RTSsport: Que représente la Patrouille des Glaciers pour vous?
ROGER SCHWERY: Pour moi, c’est un honneur de piloter la Patrouille. Je suis à la tête de la PdG, mais tout le travail, entre guillemets, est réalisé par mon état-major et nos partenaires. Plusieurs cordées se mettent ensemble pour proposer une course exceptionnelle. Nous pouvons également retrouver cela chez les patrouilleurs. Cette année, c’est l’esprit de cordée qui doit primer. Ce sera mon leitmotiv. En raison du manque de neige, le chrono n’est pas prioritaire.
RTSsport: Vous avez participé plusieurs fois à la Patrouille. Quels sont les souvenirs que vous en gardez?
ROGER SCHWERY: Le briefing à l’église de Zermatt est toujours un moment fort sur le plan émotionnel. Durant la course, vous vous demandez pourquoi vous faites cette course. La réponse, vous la trouvez à l’arrivée. La montée de la Rosablanche avec les escaliers et la foule qui vous attend au sommet, cela me donne encore la chair de poule.
RTSsport: Pour terminer, quels sont les défis, vos éventuels projets pour les prochaines éditions?
ROGER SCHWERY: Je pense que la Patrouille des Glaciers va continuer à rester fidèle à elle-même. Dans l’immédiat, je ne vois pas de grand changement à apporter.
Sébastien Schorderet
La PdG, c'est quoi?
La Patrouille des Glaciers voit le jour en 1943 afin de tester l'endurance des chasseurs alpins de l'armée suisse. Chaque patrouille est composée de 3 personnes. L'objectif est de parcourir d'une traite la route Zermatt-Verbier (57,5km) à travers les Alpes. En 1949, une patrouille disparaît dans une crevasse lors de la 3e édition. Le drame met fin à la PdG pendant 35 ans. En 1984, sous l'impulsion du major René Martin et du commandant Camille Bournissen, l'épreuve est remise sur pied. Désormais, elle se déroulera tous les deux ans et sera ouverte aux civils.
La PdG 2022 en quelques chiffres
1517 patrouilles inscrites
18% des participants sont des femmes
131 patrouilles civiles sont exclusivement féminines
La participante la plus âgée a 67 ans
Le participant le plus âgé a 78 ans