«A côté des Japonais, je suis le marathonien le plus convoité
là-bas», a déclaré Röthlin devant la presse à Dübendorf (ZH). Un
statut que lui confère sa médaille de bronze conquise de haute
lutte l'été dernier à Osaka, sur la discipline fétiche des
Japonais, et aux dépens du héros national Tsuyoshi Ogata, lâché sur
les derniers hectomètres alors qu'il croyait le podium
acquis.
Ajouté à cela le fait que l'Obwaldien a un équipementier japonais
- Asics, le numéro 1 mondial des chaussures de course -, il est
aisé de comprendre que Röthlin fait partie, avec Stéphane Lambiel
et Roger Federer, des très rares sportifs suisses renommés dans
l'archipel.
Improvisation
A quinze jours de l'échéance, Röthlin se sent prêt. Il a avalé
«206 km en moyenne ces trois derniers mois», à une intensité plus
élevée que d'habitude. Mais cela n'est pas allé sans mal: les
troubles qui ont éclaté fin décembre au Kenya sur ses lieux
d'entraînement vers Eldoret l'ont obligé à revoir complètement ses
projets.
«J'ai connu la préparation la plus folle de ma carrière», a confié
l'athlète d'Alpnach, rentré précipitamment des hauts plateaux
africains débuts janvier pour retrouver les frimas helvétiques.
«J'ai dû appliquer non seulement le plan B, mais un plan F.» Pour
un champion comme lui habitué à tout planifier et prévoir dans les
moindres détails, pareille improvisation ne va pas de soi.
Jalon important
«Ce sera passionnant de voir comment je m'en sors», a précisé
celui qui, pour la première fois, disputera à Tokyo une compétition
importante sans s'être préparé en altitude. Privé de ses sparrings
partners kényans, il s'est entraîné en Suisse et en Andalousie avec
des amis coureurs suisses comme Arnold Mächler et Daniel Brodard
qui l'ont beaucoup suivi à vélo. Avec beaucoup de motivation: car
Tokyo constitue un jalon important sur la route des Jeux
olympiques.
A Pékin du reste, tout sera possible, anticipe déjà Röthlin. «Il y
aura cette saison une redistribution des cartes. Je m'attends à ce
que les Kényans soient forts, mais les émeutes sont bien sûr
mauvaises pour le développement sportif du pays. Ceux qui voudront
briller ces prochains mois devront s'entraîner ailleurs qu'au pays,
par exemple en Afrique du Sud. Au Kenya, cela reste impossible de
se préparer normalement», déplore celui qui doit en partie ses
succès à sa collaboration fructueuse avec son fidèle partenaire
d'entraînement kényan Abraham Tandoi.
si/seb
Une somme à six chiffres
«Ma valeur marchande n'a jamais été aussi élevée, et Tokyo s'annonce comme mon marathon le plus lucratif», annonce sans ambages le recordman de Suisse (2h08'20). «Je récolte maintenant les dividendes de ma médaille de bronze».
Primes d'engagement et d'arrivée additionnées, il est permis d'imaginer que Röthlin (qui ne cite pas de chiffres) percevra si tout va bien une somme à six chiffres, probablement plus proche des 200'000 que des 100'000 dollars. Il y a 20 ans, avant la course à pied-business, le marathonien zurichois Bruno Lafranchi avait déjà touché 30'000 dollars pour sa victoire à Beppu-Oita au Japon.