Champion du monde 2000 -alors avec la France- et double médaillé
de bronze européen (03 et 08), Olivier Marceau a encore un rêve:
que le papier à diplôme ramené de Sydney (7e) et Athènes (8e) se
transforme en métal. En médaille.
Avec Marceau, Sven Riederer -3e en 2004- et Reto Hug, tous les
rêves sont permis. Depuis l'apparition du triathlon aux JO 2000, la
Suisse a en effet à chaque fois ramené une breloque au moins (2 à
Sydney et 1 à Athènes). De quoi donner bien des espoirs à Marceau.
Le citoyen de Vallauris/FRA ne se prend pourtant pas la tête,
conscient "qu'aux Jeux, tout peut arriver". Entretien.
- On imagine qu'une année olympique, cela se prépare
différemment qu'une saison "normale" de Coupe du
monde...
OLIVIER MARCEAU: En fait, ma saison s'est
découpée en deux parties: j'ai d'abord dû décrocher ma
qualification (ndlr: Swiss Olympic demandait au moins un top-12 en
Coupe du monde). J'y suis d'ailleurs parvenu assez vite, début
avril en Nouvelle-Zélande (11e). Et dès le 1er juillet, c'est la
phase d'entraînement qui a commencé.
Un stage en altitude "à la carte"
- Justement, elle consiste en quoi?
OLIVIER MARCEAU: J'effectue tout d'abord un stage
en altitude, à St-Moritz, jusqu'au 8 juillet. On ira aussi à Davos
et à Loèche-les-Bains. L'altitude est censée améliorer l'état
général. Des cols à plus de 2000 mètres et m'entraîner au milieu de
la nature, c'est ce que je recherche. Mais tout le monde ne réagit
pas la même chose à l'altitude, et c'est pour cela que le stage est
"à la carte". Sven Riederer ne viendra d'ailleurs qu'une semaine
puis ira s'acclimater au chaud. Ensuite, je disputerai encore une
Coupe du monde en Autriche, le 20 juillet.
- Et là entre, vous trouvez encore le temps de disputer des
manches de XTerra (triathlon, mais avec VTT)...
OLIVIER MARCEAU: Oui, pour mon plaisir. J'adore
le VTT et la nature. Ca permet de faire un joli week-end en
famille!
"On sera plus tranquille en Corée"
- Puis, fin juillet, départ vers la Corée du Sud, où vous
resterez jusqu'à la mi-août, soit 4 jours avant les courses,
prévues les 18 et 19 août... OLIVIER MARCEAU:
Les conditions d'entraînement ne sont pas top à Pékin. Et il y aura
tellement d'agitation aux Jeux qu'on sera plus tranquilles en
Corée, où on s'acclimatera à la chaleur.
- Vous n'allez d'ailleurs pas non plus dormir au village
olympique...
OLIVIER MARCEAU: Non, car le site du triathlon
est très loin du village olympique. Nous, nous avons un hôtel à
500m du départ, avec une piscine. On ira sentir l'ambiance des JO
au village après nos courses. Et jusqu'à la fin!
"Jamais ressenti de gêne à cause de la pollution"
- Un mot sur le
parcours de Pékin? Vous le connaissez? On évoque souvent une gêne
liée à la grande pollution...
OLIVIER MARCEAU:
Oui oui, je le connais pour y
avoir disputé 3 manches de CDM. J'aurais préféré un parcours à vélo
plus dur et pas tout plat comme là-bas, mais c'est comme ça. Il
fera chaud et humide en tout cas. La pollution? On est à 50km de
Pékin, donc ça va. Je n'ai jamais ressenti la moindre gêne.
- Et quel y sera votre objectif?
OLIVIER MARCEAU:
Ce seront mes 3es JO et j'ai
déjà eu 2 diplômes (ndlr: 7e à Sydney, 8e à Athènes). J'aimerais
bien une médaille cette fois. Mais je veux avant tout quitter Pékin
sans regret. Je vais tout donner, et on verra bien ce qui va se
passer. C'est le sport, c'est la vie.
"Un sacrifice qui peut en valoir la peine"
- Mais on prépare un tel événement si longtemps à l'avance
qu'un échec est encore plus frustrant. D'autant que les JO, ce
n'est que tous les 4 ans...
OLIVIER MARCEAU: C'est vrai que toute la saison
est axée là-dessus. Il faut trouver le bon équilibre entre pas trop
de courses et pas trop de repos. On pousse un peu plus les
entraînements, et donc les sacrifices. Je passe près de 2 mois loin
de chez moi, de ma femme et de mon petit garçon. C'est difficile
parfois. Mais c'est un sacrifice qui peut en valoir la peine.
"Je n'ai pas un compte bien garni qui m'attend"
- A 35 ans, vous pensez que les JO de Pékin seront vos
derniers? OLIVIER MARCEAU: C'est probable,
mais rien n'est décidé. Je ne me suis fixé aucune limite. C'est un
métier que j'adore et je n'ai pas envie de faire autre chose
maintenant. De plus, je ne peux pas me permettre d'arrêter, mon
avenir n'étant pas assuré, comme il pourrait l'être dans d'autres
sports. Moi, je n'ai pas de compte bien garni qui m'attend à la
"retraite"...
Propos recueillis par Daniel Burkhalter
Olivier Marceau express
La première chose que vous faites le matin: je fais des étirements.
Votre plat préféré: la pizza.
Votre boisson préférée: je ne dis pas non à un bon verre de vin rouge...
Votre principale qualité: gentil.
Votre principal défaut: j'ai une très mauvaise mémoire...
Pour vous, le triathlon, c'est: d'un côté ce n'est qu'une épreuve sportive. Mais de l'autre, c'est aussi le symbole de beaucoup de sacrifices.
Si vous n'aviez pas été triathlète: j'ai eu, en son temps un contrat de policier, mais plus pour la forme. Je me serais bien vu prof de sport.
La Chine, pour vous, c'est: un immense pays qui est en train de s'ouvrir au monde. Politiquement, je ne dis rien car je ne connais pas assez le sujet. Ce n'est pas le rôle des sportifs de parler politique. Les politiques qui parlent de sport, ça me fait rire...
Les Jeux, pour vous, c'est: soit on y va en touriste, soit on se concentre sur sa course. Je sais que je vais rater des choses, mais c'est comme ça. On ne peut pas faire le clown et l'athlète
Votre salaire: je ne m'en plains pas, même si je ne peux rien mettre de côté. Mais je suis libre, sans patron ni horaire. C'est le plus beau salaire!
"Je n'ai rien à cacher et je balaie devant ma porte"
- Le dopage épargne-t-il le triathlon, vu que l'argent n'est pas légion?
OLIVIER MARCEAU: Notre sport est dans ce sens relativement préservé. Mais il reste très dur physiquement...
- Vous, vous affichez votre transparence en rendant public, sur votre site internet, les résultats des contrôles subis ces dernières années. Pourquoi?
OLIVIER MARCEAU: Même s'il n'y a pas beaucoup d'argent en triathlon, il y a des suspicions partout. Je ne suis pas naïf non plus... Mais moi je n'ai rien à cacher et je balaie devant ma porte.
- Au début de votre carrière, vous portiez les couleurs françaises. Y a-til une différence entre les politiques antidopages suisse et française?
OLIVIER MARCEAU: Celle de la Suisse est bien plus efficace. En France, il y a bien des contrôles inopinés, mais seulement lors de stages ou d'épreuves.
- Malgré un chrono de 31' sur 10km, d'aucuns disent que la course à pied est votre point faible. D'accord?
OLIVIER MARCEAU: Il est vrai que j'ai un physique assez lourd pour la discipline. Pas beaucoup de marathoniens ne font 180cm et 73 kg... Je compense par mon point fort, qui est le vélo.
- Mais en triathlon, la différence se fait plutôt en course à pied... Quel sera le scénario idéal pour vous?
OLIVIER MARCEAU: Celui qui est moins bon à vélo peut toujours s'accrocher à un peloton. Si tu es moins bon en course, il faut espérer avoir fait le trou à vélo... Mais ça va beaucoup s'observer. Une échappée sera difficile...