Le temps presse pour les athlètes suisses. A 18 jours de la date
de sélection pour les Jeux olympiques de Pékin, seuls deux d'entre
eux ont obtenu sans discussion leur qualification, et les signaux
ne sont guère encourageants pour les autres. Les blessures font des
ravages. Sauf retournement possible mais peu probable, la Suisse se
présentera avec une mini-délégation pour le sport roi des JO.
Nouveau record de Suisse demandé au relais 4 x 100 m
Pour étoffer le contingent, Swiss-Athletics comptait beaucoup
sur le relais 4 x 100 m masculin. Mais celui-ci ne se retrouve plus
que 17e au classement par nations, soit hors du top 16 invité à
Pékin. Pour y rentrer, un nouveau record de Suisse, après les 39"02
du 31 mai à Genève, sera nécessaire. Le meeting de Madrid, mercredi
prochain, en fournira l'occasion mais la barre est haute.
Relais ou pas, de nombreux ténors sont en retard sur leur tableau
de marche. Seuls Viktor Röthlin (marathon) et Linda Züblin
(heptathlon) ont décroché la limite A à ce jour. Julien Fivaz, avec
la limite B à la longueur (voir ci-contre), peut espérer être
repêché, mais cette même limite B n'a pas été jugée suffisante pour
Marie Polli sur 20 km marche.
"Les athlètes prennent des risques à l'entraînement"
Le chef du sport d'élite à Swiss-Athletics, Peter Haas,
reconnaît que la situation n'est pas très confortable: "Comme les
limites sont élevées (ndlr: elles dépendent de l'IAAF et du CIO),
les athlètes prennent des risques à l'entraînement, en en faisant
souvent un petit peu plus ou trop. La blessure guette, d'autant
qu'il y a la pression de l'événement."
Les blessures, justement, ont fortement gêné ou mis sur le flan la
moitié des candidats: saison terminée avant d'avoir commencé pour
Sylvie Dufour à l'heptathlon, pépins pour sa collègue de discipline
Simone Oberer, bandages et douleurs à gogo pour Alexander Martinez
au triple saut, problèmes à une cuisse pour Pierre Lavanchy (400 m)
ou encore santé fragile de la perchiste Nadine Rohr.
Quand le corps tient, c'est la tête qui hésite
Et quand le corps tient, c'est parfois la tête qui hésite, comme
chez Stefan Müller "qui n'arrive pas à donner l'impulsion à son
javelot, à l'image d'un sauteur à ski qui aurait un blocage
psychologique", évoque Peter Haas. Le patron des athlètes suisses
ne doute pas un instant de l'engagement des intéressés. Le problème
est ailleurs: "C'est un équilibre à trouver. Parvenir à rester
décontracté tout en poursuivant des objectifs élevés, c'est très
difficile. Cela ne mène à rien de se crisper pour tenter d'arracher
une limite."
Lugano ce vendredi, Madrid mercredi prochain, Lucerne le 16
juillet, Berne le 19: il ne reste pas beaucoup d'occasions pour
décrocher le sésame. Mercredi soir à Salamanque, Marc Schneeberger
et Marco Cribari sur 200 m (respectivement 21"02 et 21"14) et
Andreas Kundert sur 110 m haies (13"90) sont restés très loin du
compte.
De qui viendra le déclic, si déclic il y a?
si/dbu
Julien Fivaz devrait être du voyage
Tous les athlètes ne sont pas égaux. Dans maintes autres disciplines, Julien Fivaz serait depuis longtemps qualifié pour les JO avec son niveau de performance à la longueur. Or le Neuchâtelois est contraint de continuer à courir derrière la limite alors qu'il figure au 22e rang mondial.
A titre de comparaison, Linda Züblin n'occupe que la 37e place mondiale à l'heptathlon mais est déjà qualifiée.
"La différence tient aux exigences de l'IAAF et du CIO", explique le chef du sport d'élite à Swiss-Athletics, Peter Haas. "En longueur, les sauts de qualification à Pékin rassembleront deux groupes de 12 ou 13 athlètes, soit un total d'environ 25. La place est limitée. A l'heptathlon en revanche, il y a de la marge. Idem pour le 100 m hommes qui accueillera 80 à 90 sprinters."
Résultat, la limite A pour l'heptathlon (6000 points) équivaut à la 40e place mondiale environ, quand celle de la longueur masculine (8m20) correspond au 14e rang! "Nous sommes conscients de ces différences et nous allons, sous réserve de blessure, proposer à Swiss Olympic de sélectionner Julien Fivaz", révèle Peter Haas. "Il accomplit une saison magnifique, avec une moyenne par concours de 8m02 et deux résultats à hauteur de la limite B (8m05) ou plus."
S'il n'a pas la certitude d'être retenu malgré ses 8m10 qui sont dignes d'une grande finale, Fivaz peut assurément compter sur le soutien de sa fédération. Celle-ci lui a conseillé de se régénérer quelque peu plutôt que de gaspiller ses forces à tenter d'arracher la limite A. Le Neuchâtelois en aura bien besoin à Pékin, s'il est du voyage.