La candidature des Alpes françaises à l'organisation des JO d'hiver en 2030 a franchi un pas important mercredi, aux dépens de la Suisse et de la Suède, en entrant seule en "dialogue ciblé" avec le CIO, qui désignera l'hôte l'an prochain.
Cette décision négative du CIO pour la Suisse intervient cinq jours après celle unanime du Parlement du sport suisse de faire avancer les projets olympiques pour 2030. L'instance basée à Lausanne n'a pas été convaincue par l'idée de Jeux décentralisés, avec des sites de compétition existants et répartis sur tout le territoire.
Un créneau en... 2038?
Par cette décision de la commission exécutive du CIO réunie à Paris, la France passe de "partie intéressée" à "hôte pressenti" de la compétition, alors même que Paris accueillera déjà les JO d'été dans huit mois.
Pour les JO 2034, c'est Salt Lake City qui a viré en pole. La cité-hôte de l'édition 2002 a le soutien du CIO.
Maigre consolation pour la délégation helvétique: elle entre de son côté en "dialogue privilégié" pour 2038, a annoncé à la presse Karl Stoss, président de la commission de futur hôte des Jeux d'hiver au sein du CIO. Mais l'instance n'a pas précisé ce que cela signifiait exactement.
afp/ace
"C'est une claque pour la Suisse!"
Invité de Forum ce soir, Adolf Ogi a fait part de sa grosse déception après le refus de la candidature helvétique par le CIO. "C'est incompréhensible, a d'entrée lâché l'ancien président de la Confédération. C'est d'autant plus dur à comprendre que c'était un projet du CIO que de ne plus attribuer des JO à des grands pays comme la Chine, dans lesquels il faut tout construire. Oui, c'est une claque pour la Suisse. Je suis très déçu, car nous avions à mon sens tout pour organiser ces Jeux."
Le Bernois n'a pas manqué de rappeler que la Suisse a "beaucoup fait pour les JO, pour le mouvement olympique, pour le CIO... Et une fois de plus, on nous dit non! C'est très dur à comprendre..." Et Adolf Ogi de poursuivre: "Peut-être que la candidature française, avec le soutien du président Emmanuel Macron, a fait la différence, mais la France a déjà les JO d'été l'an prochain... Franchement, je ne comprends pas. La Suisse n'est peut-être plus assez forte politiquement. C'est un fait: notre pays perd de l'influence, de l'importance, sur le plan politique. Il faut se demander si on peut continuer ainsi ou s’il ne faudrait pas chercher une entente avec l’Union européenne..." Mais toutefois "sans y entrer", précise-t-il.
Apparemment très affecté, Adolf Ogi ajoute que "le CIO va devoir nous expliquer pourquoi la Suisse a été mise K.-O." L'ancien président de la Confédération a en outre du mal à imaginer l'avenir. "La déception est si grande et on nous demande de tout relancer pour 2038? Il ne faut jamais dire non, mais c'est compliqué de se dire qu'il faut maintenant s'occuper d'un projet pour cette année-là. Il faut d'abord digérer. Alors oui, cela me paraît irréaliste."
Autres réactions helvétiques
Jürg Stahl, président de Swiss Olympic: "Nous avions en vue les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2030 ou 2034. Mais dans le sport, il faut savoir être flexible. Nous avons maintenant la chance de développer notre projet ensemble et sommes convaincus que nos conditions-cadres, notre grande expérience et notre fiabilité font de nous – aussi pour 2038 – un excellent partenaire pour le CIO, afin de poursuivre avec efficacité et succès le processus en cours vers des Jeux de la prochaine génération."
Urs Lehmann, président de Swiss-Ski et représentant des fédérations de sports d’hiver au sein de l’association "Switzerland 203x": "Des Jeux Olympiques d’hiver en 2038 en Suisse peuvent nous donner des ailes dans nos efforts constants pour maintenir les sports d’hiver en forme pour l’avenir en tant que bien culturel national, en tant que partie de l’ADN suisse. Je suis convaincu que le sport suisse dans son ensemble en profiterait. Nous avons maintenant entre nos mains la possibilité de concrétiser notre vision et de faire de possibles Jeux Olympiques d’hiver 2038 non seulement un événement sportif inoubliable, mais aussi un programme d’impulsion à long terme pour la Suisse et le sport suisse."