Devenu papa une deuxième fois voici trois mois, Alan Roura a l'habitude des courtes nuits et est certainement déjà prêt pour la grosse année 2024 qui se présente à lui. Le navigateur genevois participera notamment au Vendée Globe (départ le 10 novembre), mais également à d'autres épreuves, dont la Transat CIC, entre Lorient et New York (départ le 28 avril). Pour ce faire, lui et son équipe ont opéré de grands travaux sur son monocoque Imoca, acheté en 2019 et qui n'avait jamais évolué depuis sa première mise à l'eau.
"On a changé beaucoup de choses sur ce bateau, car avec le temps il fallait l'améliorer d'une manière ou d'une autre, relève le Genevois de 31 ans. On lui a notamment greffé une nouvelle pièce qui lui permettra de mieux passer la mer. Nous avons opéré des modifications autour des foils, qui assureront un gain de performance. Il reste encore quelques bricoles, mais nous en avons terminé avec les gros dossiers. Nous sommes contents d'en avoir fini avec ce chantier de plusieurs mois."
"Je n'aurai plus de pression"
Le moment est venu de se jeter à l'eau dans tous les sens du terme et Alan Roura se réjouit d'aborder la Transat CIC, dans moins de deux semaines. "C'est la première course où je n'aurai plus de pression, puisque ma sélection pour le Vendée Globe est assurée, dit-il. Je vais enfin pouvoir "tirer" dans le bateau, c'est cool."
Le Genevois mesure néanmoins très bien la part de risque que comporte cette aventure. "La sortie du Golfe de Gascogne, face à de vieilles dépressions, le passage proche des Açores avec les mammifères marins ou encore l'arrivée vers les côtes américaines sont des moments périlleux", glisse-t-il.
Même s'il admet vouloir visiter New York entre deux étapes - "Je vais m'y retrouver comme un Indien dans la ville, tant je ne suis pas fan des grandes villes", plaisante-t-il - Alan Roura se frotte les mains à l'idée de vivre un 3e Vendée Globe en fin d'année. "J'en parle et je vais y aller avec des étoiles dans les yeux, jure-t-il. J'ai toujours la même passion pour ce qui représente à mes yeux le défi humain le plus intense. Il y a une énorme préparation en amont, il faut une concentration de tous les instants, car c'est une remise en question constante dans une épreuve qui peut durer 1 heure comme 3 mois..."
Interview Pietro Bugnon (adaptation web: ace)
"J'avais envie de repartir"
Comme tout navigateur en solitaire, Alan Roura ne cache pas avoir parfois flirté avec une certaine "folie" sur son bateau. "Cela m'est notamment arrivé à la fin de mon premier Vendée Globe, lorsque ma femme m'a envoyé le protocole totalement minuté de ce qui se passerait une fois que je serai arrivé. Tout était extrêmement précis et c'était dur à voir pour quelqu'un qui était en mer depuis 100 jours, à vivre heure après heure comme si c'était la dernière. Là, je me suis dit que je n'avais pas envie d'arriver, pas envie de voir des gens. Je me suis même dit: 'Je vais repartir pour un tour'"