"J'ai l'impression d'avoir 27 ans, pas 37", clame Markel Humphrey

Alors que l'entraînement des Lions de Genève touche gentiment à sa fin en ce mardi soir de la fin mars, Markel Humphrey tente encore quelques tirs lointains. Puis, dans un grand sourire, d'un "hey" accompagné d'un geste de la main, l'Américain de 37 ans salue le soussigné, tout juste arrivé dans la salle du Pommier au Grand-Saconnex.

D'entrée, le ton est posé. Si le colosse peut impressionner avec ses gros biceps et son 1m98 sous la toise, celui qui a choisi de devenir basketteur professionnel "parce que c'est le sport le plus amusant" n'en demeure pas moins attachant.

Attaché, le natif d'Atlanta l'est justement à l'Helvétie, où il joue les terreurs dans les raquettes de la SBL depuis 2015. Après avoir au préalable, selon ses voeux, décroché un contrat pour la saison prochaine, il espère même rester sous nos latitudes une fois sa carrière terminée. Pour, pourquoi pas, y fonder une famille? "Je suis à nouveau en couple depuis cette semaine", nous livre l'ailier, champion de Suisse en 2017 avec le BBC Monthey.

Fribourg est une équipe qui en impose physiquement

RTSsport.ch: A quoi vous attendez-vous avant de disputer cette finale de Coupe contre Fribourg Olympic?

MARKEL HUMPHREY: Je m'attends à ce que Fribourg fasse du Fribourg... C'est une équipe qui en impose physiquement et qui capte de nombreux rebonds défensifs. Vu qu'ils seront à domicile, c'est comme s'ils partaient avec un avantage de 20-0 au coup d'envoi (rires)! Leurs supporters seront survoltés, ce sera dur. Pour avoir une chance de l'emporter, il faudra que les petits détails soient en notre faveur tout au long de la partie.

RTSsport.ch: La Suisse est-elle devenue votre seconde patrie, après toutes ces années?

MARKEL HUMPHREY: Absolument. J'adore ce pays, ses habitants, sa société et la sécurité qui y règne. J'espère y jouer encore en 2024/25... J'arrive en fin de contrat et ce serait parfait pour moi de continuer à faire partie de cette ligue. Je pense que je peux encore jouer 4-5 saisons et aussi longtemps qu'un club de SBL voudra de moi, je me donnerai à fond pour ses couleurs.

RTSsport.ch: En tout cas, vos 350 points jusqu'ici font de vous le meilleur marqueur des Lions cette saison.

MARKEL HUMPHREY: Peu importe si je porte le maillot de top scorer ou pas. Ce pourrait tout aussi bien être quelqu'un d'autre, mais c'est tombé sur moi. Je joue bien en ce moment. Pour être honnête, j'ai l'impression d'avoir seulement 26-27 ans, pas 37. Je me sens en pleine forme, man (rires).

Lors de la saison du titre avec Monthey, on était comme des frères

RTSsport.ch: Vous êtes devenu champion en 2017 avec Monthey. Votre meilleur souvenir jusqu'ici?

MARKEL HUMPHREY: Oui, car c'était mon 1er titre. Ca restera une saison inoubliable pour tous ceux qui ont fait partie de cette épopée. Tout fonctionnait à merveille dans cette équipe: nous étions comme des frères.

RTSsport.ch: Si tout roulait pour le club valaisan en 2016/17, il y a quand même eu cette défaite en finale de la Coupe contre Genève. Après laquelle vous aviez écopé de 7 matches de suspension pour avoir insulté les arbitres...

MARKEL HUMPHREY: Les gens ne comprennent pas toujours que pour nous, les athlètes, beaucoup de réactions sont instantanées. Et ce en raison des émotions liées à la compétition. Nous avons donc nos mauvais moments, qu'on regrette ensuite immédiatement. Il a été dit que j'avais lancé ma médaille sur les arbitres. C'est faux. Ce n'était pas moi, mais quelqu'un d'autre dont je tairai le nom. Le lendemain matin, j'avais d'ailleurs présenté mes excuses aux personnes concernées. Ce sont des choses qui arrivent, même si je regrette cet incident aujourd'hui encore.

Je savais que Monthey n'allait pas abandonner

RTSsport.ch: Licencié pour "faute grave" en janvier 2021 par Union Neuchâtel, vous avez également été suspendu 2 semaines par les Lions début mars pour "violation des règles internes". Décidément, il semble que votre caractère soit bien trempé!

MARKEL HUMPHREY: Oui, c'est juste. J'ai une forte personnalité, ce qui me force parfois à prendre un peu de recul. Mais ce n'est pas que mon attitude soit mauvaise: tout le monde sait que j'ai bon coeur. Récemment, il ne s'est rien passé de grave, il s'agissait juste d'un désaccord avec le coach. Je lui ai parlé, mon langage corporel était extrême et ça s'est mal terminé. Je suis désolé que ce soit arrivé. Mais nous avons ensuite eu une bonne discussion afin de régler le problème. J'ai accepté et respecté sa décision de me sortir du groupe pour un temps.

RTSsport.ch: Le quart de finale des playoffs qui est en cours contre Monthey n'est évidemment pas anodin pour vous. Les Sangliers sont revenus à 2-1 dans la série au meilleur des 3 lundi, grâce à un succès 77-69 à domicile.

MARKEL HUMPHREY: Oui, bien sûr, cette série est spéciale pour moi. J'aime Monthey et ses supporters. Cette ville, c'est comme ma maison. C'est toujours difficile de jouer au Reposieux et je savais qu'ils n'allaient pas abandonner. Ils ont resserré les rangs en défense et Michael Forrest (réd: 25 points) a fait du bon job en attaque. On ne peut pas se permettre de les laisser mener au score tout le long. A titre personnel, je sens que je peux faire mieux, en montrant l'exemple. Je dois en faire plus pour mieux contenir Forrest.

RTSsport.ch: Pour terminer, avez-vous un regret par rapport à votre carrière?

MARKEL HUMPHREY: Je regrette de ne pas avoir eu, plus jeune, la confiance que j'ai en ce moment. Je serais devenu un bien meilleur joueur. Mais il faut aussi dire que je dois une bonne part de mes sensations actuelles au coach. Je lui en suis reconnaissant.

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Propos recueillis par Michaël Taillard