"Je ne veux pas seulement battre Massagno, je veux les détruire", claironne Roberto Kovac

Joint par téléphone, Roberto Kovac ne mâche pas ses mots à l'heure d'évoquer son ancien coach. Ce dernier, selon lui, ne le respectait pas quand il évoluait sous ses ordres dans la "banlieue" de Lugano.

Pour rappel, après un échange de noms d'oiseaux avec Robbi Gubitosa lors d'un entraînement, l'arrière avait été licencié par Massagno fin janvier 2023. Fribourg Olympic avait alors profité de l'aubaine pour l'embaucher peu après. Et quelques mois plus tard, le tireur se vengeait déjà en finale du championnat, en brillant face à son ex-employeur. Cette éviction n'en reste pas moins une pilule amère, que l'international n'a toujours pas digérée à l'heure actuelle.

Cette saison, le Tessinois de 33 ans, longtemps blessé, est revenu sur les parquets juste à temps pour disputer les playoffs. Peu après, il a rempilé pour une année au sein du quintuple champion en titre.

"Fribourg a vraiment été correct avec moi et la décision de rester au club était facile à prendre. L'envie de réussir un joli parcours en Coupe d'Europe la saison prochaine est aussi un projet qui me parle", raconte Kovac, papa d'une petite fille et d'un futur petit garçon, qui naîtra dans 2 mois.

Je peux apporter mon expérience, dans un rôle de joker

RTSsport.ch: Vous êtes revenu au jeu fin mars, après 6 mois d'absence dus à une blessure à un genou. Comment vous sentez-vous?

ROBERTO KOVAC: C'était une blessure sérieuse, la première de ma carrière. Ca va beaucoup mieux, même si je ne suis pas encore tout à fait à 100% de mes capacités. Il faudra pour cela attendre le début de la saison prochaine. Je peux quand même aider l'équipe, donc c'est positif. En tant que joueur le plus âgé de l'effectif, je peux apporter mon expérience dans un rôle de joker, afin de faire la différence à certains moments.

RTSsport.ch: La différence, vous l'avez justement faite lors du 1er acte, avec ce tir primé décisif dans les derniers instants!

ROBERTO KOVAC: Ca m'a fait plaisir, je suis content de cette victoire. C'était important pour la confiance et la motivation en vue de la suite de la série. Car même sans Marko Mladjan, suspendu, Massagno nous a mis en difficulté. Les Américains Keith Clanton et Antonio Ballard sont durs à contenir sur le plan physique.

RTSsport.ch: Vous parlez de motivation. Est-ce que celle-ci reste toujours intacte lorsque, comme vous, on affiche 14 trophées au palmarès, sans compter les Supercoupes?

ROBERTO KOVAC: Je ne joue pas seulement pour les titres, même s'ils sont importants et m'offrent de bons moments. Ce qui me guide, c'est le plaisir et ma passion pour le basket. Et la volonté constante de progresser. Je suis plus fort aujourd'hui qu'il y a 5 ou 10 ans et j'espère être encore meilleur dans 2 ans. Si tu adoptes cette mentalité, les titres arrivent ensuite naturellement.

RTSsport.ch: Progresser à 33 ans, c'est donc possible?

ROBERTO KOVAC: Clairement. Alors oui, même si je me sens bien physiquement, certaines limites se font quand même ressentir. Tu ne peux plus t'entraîner aussi intensément qu'avant. Mais sur le plan mental et tactique, il y a toujours une marge de progression. Et ce jusqu'à 40 ans, plus ou moins.

Je rêve de déboucher le champagne à Massagno, devant Robbi Gubitosa

RTSsport.ch: Pour en revenir à la finale, la facture reste donc toujours ouverte avec votre ancien coach Robbi Gubitosa?

ROBERTO KOVAC: Oui, bien sûr. Ce qu'il m'a fait me restera toujours en travers de la gorge. Nous sommes 2 personnes avec un gros ego, donc c'est certainement pareil de son côté. En tout cas, je ne veux pas seulement battre Massagno: je veux les détruire! Je vais donc continuer à donner mon maximum pour gagner ce titre. L'idéal serait de devenir champion dans leur salle, pour que je puisse déboucher le champagne devant Gubitosa et le président de Massagno (réd: Fabio Regazzi).

RTSsport.ch: Suspendu, Gubitosa n'avait pas assisté au 4e et dernier acte de la finale 2023 perdu par Massagno à Fribourg. Il veut donc certainement lui aussi prendre sa revanche...

ROBERTO KOVAC: Cela ne m'avait pas plu d'être sacré alors qu'il n'avait pas fait le déplacement avec son équipe. J'avais été nommé MVP de la finale et je voulais absolument lui remettre mon prix, afin de le "remercier". J'espère donc que cette année, il sera témoin de ma joie et s'énervera. Je précise que ma colère est dirigée contre lui et pas contre ses joueurs. Ces derniers sont d'ailleurs mes potes, on s'écrit souvent.

Propos recueillis par Michaël Taillard