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Ariella Kaeslin veut briller en finale du saut aux Mondiaux

La Lucernoise a arrêté ses études pour se consacrer à la gym.
La Lucernoise a arrêté ses études pour se consacrer à la gym.
A contre-courant, Ariella Kaeslin continue de progresser. La Lucernoise a su reconnaître ses limites, faire des sacrifices pour donner corps à son ambition. Samedi, en finale du saut des Mondiaux de Rotterdam, elle compte bien monter sur le podium.

Atypique morphologiquement parmi les poupées préadolescentes asiatiques ou russes, la très mature Lucernoise Ariella Kaeslin, 23 ans et 1m65, surprend aussi par sa trajectoire: elle continue à progresser, à un âge où la plupart des gymnastes arrêtent, et visera à nouveau le podium samedi en finale du saut aux Mondiaux de Rotterdam.

La double sportive suisse de l'année a perdu cinq kilos depuis son sacre européen en avril 2009. Normalement, avec les années, les gymnastes sont confrontées à une prise de poids, souvent rédhibitoire à ce niveau. Avec Kaeslin, c'est l'inverse: elle a durci son entraînement et s'est astreinte à un régime strict, s'allégeant considérablement. "Je voulais arriver dans la meilleure forme possible, mais seulement par des méthodes saines", dit-elle. Adopter un mode de vie monacal et frôler l'anorexie serait contre-productif, aussi bien psychologiquement que physiquement.

"Plus sereine"

Après les Jeux de Pékin 2008, Kaeslin s'était convaincue que pour rester compétitive en vue des Jeux 2012 à Londres, il lui fallait élargir son répertoire de sauts et en hausser le degré de difficulté. Maîtriser la "Chusovitina", sa marque de fabrique, c'est bien, mais insuffisant pour atteindre le palier au-dessus. Or, dimanche en qualifications, elle a pu démontrer le résultat de tous ses efforts en présentant pour la première fois en compétition son nouveau saut, le "Yurchenko", réussi avec deux vrilles, contre une et demie jusqu'à présent. Ce qui change beaucoup de choses.

La Lucernois n'a pas épargné ses efforts à l'entraînement. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
La Lucernois n'a pas épargné ses efforts à l'entraînement. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]

"Le fait que je maîtrise deux figures à même de me permettre de briller à Londres me rend plus sereine." Sortie cinquième des qualifications mais très près des meilleures, la Suissesse peut rééditer en finale samedi après-midi sa médaille d'argent de l'an passé, même si la concurrence s'est resserrée, autour de la favorite russe Aliya Mustafina (16 ans). Kaeslin aura entre-temps pu s'échauffer en participant également à la finale du concours général, vendredi soir, où elle peut prétendre à une place d'honneur à défaut d'un podium.

Des sacrifices pour progresser

Cette athlète au caractère bien trempé et à l'ambition prononcée a su reconnaître ses limites il y a quelques mois en voyant ses difficultés à concilier son entraînement intensif avec ses études gymnasiales. Elle a donc interrompu ces dernières l'hiver dernier afin de se consacrer à fond à son sport. "Si je n'avais pas pris cette décision, je n'aurais peut-être même pas pu m'aligner à Rotterdam."

La réussite de Kaeslin est aussi celle de l'entraîneur hongrois Zoltan Jordanov, responsable de l'équipe de Suisse féminine depuis trois ans, qui a su insuffler la confiance nécessaire à sa protégée. La blonde gymnaste de Meggen est aujourd'hui plus que jamais l'ambassadrice de son sport.

si/lper

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