Onze ans après ses grands débuts, Sarah Meier boucle la boucle, devant son public, à l'occasion de ses dixièmes Championnats d'Europe, cette semaine à Berne.
Patineuse la plus âgée du plateau du haut de ses 26 ans, la Zurichoise, le corps endolori, ne vise plus les sommets mais veut finir sur un résultat digne de ton talent. Est-ce dur d'aborder la dernière compétition de sa carrière? "Je prends ça comme une chance, comme une nouvelle opportunité qui va ensuite s'ouvrir à moi", répond Sarah Meier, qui n'a cependant pas encore balisé la suite.
"Il y a quinze jours, je ne savais pas si je pourrais concourir ici. Cela aurait été terrible d'arrêter ma carrière sans avoir eu la chance de montrer une dernière fois mes programmes."
Trois désillusions, coup sur coup
La vice-championne 2007 et 2008 ne peut oublier ses trois désillusions subies coup sur coup début 2010: les Européens à Tallinn, où elle finit 5e alors qu'elle avait l'étoffe pour une médaille, les JO de Vancouver (15e) et les Mondiaux de Tokyo (26e).
La défaite de Tallinn a entraîné les deux débâcles suivantes. En Estonie, le spécialiste technique avait dégradé un de ses sauts, qui semblait correct avec trois rotations, ruinant ses chances de médaille. "Cet événement l'a complètement déstabilisée", observe Peter Grütter, l'ex-coach de Stéphane Lambiel. "Les patineurs sont des gens sensibles, et les spécialistes qui les évaluent peuvent faire beaucoup de dégâts."
Chez Sarah Meier, le ressort est cassé depuis cet événement. D'autant qu'une énième blessure est venue s'ajouter à ses doutes. Victime d'une distension ligamentaire au pied gauche à l'entraînement fin octobre, l'octuple championne de Suisse n'a pu faire qu'un entraînement réduit ces derniers mois, notamment au niveau des sauts. "Si ces Championnats n'avaient pas lieu à Berne, je ne serais pas venue", confie-t-elle.
Objectif: top-6 du programme court
Pour réussir sa sortie, elle a intensifié sa collaboration cet hiver avec un préparateur mental, Hanspeter Gubelmann, qui s'occupe aussi de Simon Ammann. La Zurichoise espère se classer dans les six premières du programme court vendredi, ce qui lui permettrait de patiner dans le groupe des favorites dans le libre du lendemain et de viser une place dans les cinq premières.
Un bon résultat la mettrait aussi en position plus favorable - même si sa notoriété est déjà faite - en vue des galas qui constitueront toujours une partie de son gagne-pain. Sarah Meier a réussi une belle carrière, mais pas aussi aboutie que celle des plus grandes championnes. "Pour ça, il faut avoir un corps robuste, et ce ne fut pas mon cas. Dans ces circonstances, je pense que j'ai bien exploité mes possibilités", avait-elle déclaré précédemment.
Au dos, aux hanches, aux tendons d'Achille, les blessures n'est cessé de jalonner sa carrière. Mais Sarah Meier est une patineuse persévérante, dont le talent précoce - elle fut 3e aux Mondiaux juniors en 2000, à 15 ans - ne l'a jamais empêchée de remettre l'ouvrage sur le métier, avec le soutien indéfectible de sa famille.
Aujourd'hui, elle s'émancipe et se réjouit de ne bientôt plus avoir un emploi du temps planifié jusque dans ses moindres détails.
si/dbu
Européens à Berne (24-30 janvier)
La sélection suisse
Messieurs: Laurent Alvarez. Qualifications: Stéphane Walker, Moris Pfeifhofer.
Dames: Sarah Meier. Qualifications: Romy Bühler
Couples: aucun.
Danse. Qualifications: Ramona Elsener/Florian Roost