Amodio triomphe et vole la vedette à Joubert

Pour ses premiers Européens, le Français Florent Amodio (20 ans) a réussi un coup de maître en décrochant le titre à Berne, aux dépens de son compatriote Brian Joubert, médaillé d'argent. Arrivé comme une comète cette saison au plus haut niveau, Amodio bouleverse la hiérarchie avec culot.

Le "lutin" tricolore (1m65) brille plus par ses qualités artistiques que techniques. Au rythme de "Don't stop till you get enough" de Michael Jackson, il a diverti la foule par son tonus et ses déhanchements à défaut de présenter une large panoplie de sauts: pas de quadruples ni de combinaison triple-triple dans son programme.

Le va-tout de Joubert

Joubert lui, 7e du programme court, a joué son va-tout dans le libre en attaquant d'emblée par un quadruple, qui l'a remis sur les rails au point qu'il a réussi le meilleur libre. Au final, le Poitevin échoue à moins de 4 points de son jeune rival (226,86 contre 223,01), la médaille de bronze revenant au Tchèque Tomas Verner avec 222,60.

Né au Brésil et élevé en France par des parents adoptifs, Amodio a commencé le patinage à l'âge de quatre ans mais il éclate cette année, après s'être préparé depuis l'été dernier à Moscou sous l'aile du réputé Nikolay Morozov. Douzième l'an passé des JO de Vancouver, il a vite franchi deux paliers et pris une revanche sur les Championnats de France, où Joubert l'avait battu.

Sur les pas de Dmitrenko

Il suit pour l'instant les traces de l'Ukrainien Dmitri Dmitrenko, lui aussi champion d'Europe (en 1993) pour sa première participation aux joutes continentales. Il semble cependant prématuré de parler de changement de génération, car les deux "anciens" Joubert et Verner ont montré être toujours là.

Joubert, triple champion d'Europe, a remporté à Berne sa dixième médaille européenne... en dix participations. Il devrait rester motivé en vue des Mondiaux 2012 à Nice.

Dur pour les Suisses

Pour les Suisses, tout s'est moins bien fini que ça n'avait commencé. Seizième après le programme court, Laurent Alvarez a chuté à la 22e place (159,45), à la suite d'une contre-performance qu'il ne s'explique guère dans le libre: "Je passe un triple axel et un triple lutz en début de programme, mais ensuite je ne sais pas ce qu'il s'est passé. J'ai peut-être manqué d'agressivité, ça ne partait pas. Je suis déçu".

La prestation du Genevois s'est effilochée progressivement pour devenir fade, alors qu'il semblait avoir toutes les cartes en main. Son coach Peter Grütter fulminait: "Après un début de programme pareill, on met le paquet. Ce n'est pas possible!" Pour Stéphane Walker, l'apprentissage du plus haut niveau est difficile. Le Sédunois du CP Neuchâtel avait eu le mérite de se qualifier pour le libre, où sa performance (une chute notamment) le laissera sur sa faim. Il se classe 24e avec 137,64 points. Il doit encore progresser en vitesse d'exécution, notamment.

si/lper