Maria Villarroel fait le bonheur d'Hélios. Native de la petite île de Margarita, la Vénézuélienne et Valaisanne d'adoption est une des meilleures joueuses de la ligue, si ce n'est la meilleure. De l'Amérique du Sud aux Alpes en passant par le Kansas et l'Oklahoma, sa trajectoire est étonnante. Ce parcours, elle l'a tissé avec le fil d'une volonté de fer, mais sans jamais demeurer sourde aux appels de son coeur. Maria Villarroel tâchera samedi de soulever une troisième Coupe de Suisse, une première avec Hélios. En attendant, elle s'est confiée à tsrsport.ch dans un français teinté de son soleil natal.
tsrsport.ch: Le Venezuela est un pays où le baseball est roi. D'où vous vient cette passion pour le basketball?
MARIA VILLARROEL: Le football est aussi un sport important dans notre pays. J'ai commencé à jouer au basketball à 9 ans. J'étais la seule fille dans un groupe de garçons. Le coach m'a dit de rester, alors je l'ai fait avec plaisir
tsrsport.ch: Quel est le niveau du basketball féminin dans votre pays?
MARIA VILLARROEL: Il y a beaucoup de talents. Nous avons une ligue qui dure deux ou trois mois, alors les meilleures joueuses partent aux Etats-Unis. Mais ces quatre dernières années, je trouve que le niveau a baissé un peu.
"Un choc de culture"
tsrsport.ch: Vous êtes aussi partie aux USA?
MARIA VILLARROEL: Oui, je suis partie aux USA à 21 ans. L'entraîneur de l'équipe nationale m'a trouvé une opportunité et je n'ai pas hésité, même si je ne connaissais pas la langue.
tsrsport.ch: Vous avez donc pu étudier en plus de jouer...
MARIA VILLARROEL: Oui, j'ai réussi un Bachelor en communication.
tsrsport.ch: Comment s'est passé votre adaptation à "l'american life"?
MARIA VILLARROEL:
La première année a été un grand choc de cultures. C'était bien moins chaleureux qu'au Venezuela.
tsrsport.ch: En 2004, vous êtes draftée par le Phoenix Mercury, une équipe de la WNBA. Comment l'avez-vous vécu?
MARIA VILLARROEL: J'ai une anecdote à ce sujet. Au moment de la draft, je me trouvais en Suisse avec mon ancien petit copain (rires). J'ai donc appris la nouvelle par téléphone. C'était une jolie opportunité, j'ai pu faire le camp d'entraînement cette année-là et en 2005. Mais je n'ai pas été prise.
tsrsport.ch: Vous êtes alors partie en Suisse (2005). Parce que vous y connaissiez cet ancien petit ami?
MARIA VILLARROEL: Oui, ça a joué un rôle important dans ma décision.
tsrsport.ch: Votre première impression sur le niveau en Suisse?
MARIA VILLARROEL: (sourire) J'ai joué d'abord à Sierre en LNB. La différence était marquante avec les Etats-Unis.
"Le Valais plus accueillant que les USA"
tsrsport.ch: Trop facile pour vous?
MARIA VILLARROEL: Oui, un peu (rires). Mais après nous avons joué en LNA, c'était déjà autre chose.
tsrsport.ch: Comment a été l'accueil à Sierre?
MARIA VILLARROEL: Vraiment très bien. Il y avait beaucoup d'attention, de générosité et le Valais est un endroit paisible, on y est tranquille.
tsrsport.ch: Donc plus chaleureux qu'aux USA...
MARIA VILLARROEL: (rires). Oui, je pense que c'est plus chaleureux que là-bas mais moins que dans mon pays.
tsrsport.ch: Et vous rencontrez en Valais le prince charmant?
MARIA VILLARROEL: Oui, c'était à la fin de l'année 2005. Mon mari (ndlr: Lucien Epiney) est également un sportif. Il fait de la course et du football. En 2009, il a fini troisième du marathon de Lausanne derrière deux Ethiopiens.
tsrsport.ch: Est-ce que le fait d'être en couple avec un sportif facilite la vie?
MARIA VILLARROEL: Oui, on connaît les attentes de l'autre, on prend garde à l'alimentation ensemble...
tsrsport.ch:
Et vous vous entraînez ensemble?
MARIA VILLARROEL: (rires) J'ai essayé une fois d'aller courir avec lui, mais il va trop vite. On est aussi monté en vélo de Sierre jusqu'à Vissoie. Cela a été très difficile pour moi. Il privilégie l'endurance et moi plutôt la vitesse et l'explosivité.
"Le niveau du championnat a baissé"
tsrsport.ch: Hélios n'a toujours pas perdu un match cette saison, quel est le secret?
MARIA VILLARROEL: L'ambiance est excellente. Je peux parler sans problème avec toutes mes coéquipières, il n'y a pas de jalousie. Le coach fixe bien les rôles. Chacune de nous sait ce qu'elle doit faire sur le parquet.
tsrsport.ch: Quel regard portez-vous maintenant sur le niveau de la LNA?
MARIA VILLARROEL: Je pense que le niveau du championnat a baissé. Le fait de ne pouvoir aligner que deux étrangères est très bien pour les joueuses suisses, mais cela fait baisser la qualité de la Ligue en général.
tsrsport.ch: Vous disputerez samedi la finale de la Coupe de Suisse. Vous en avez déjà remporté deux avec Sierre (2007 et 2010), comment abordez-vous celle-ci?
MARIA VILLARROEL: C'est un jour spécial pour les joueuses. C'est le sommet de la saison, selon moi. On oublie tout, même les petites blessures pour jouer et aller chercher le trophée. Mais en finale tout peut arriver. Elfic a une très bonne équipe. Nos adversaires sont en forme, ce sera dur. Mais de notre côté, on a l'expérience avec plusieurs joueuses qui ont déjà disputé des finales ces dernières années.
tsrsport.ch: Est-ce que la jeune Maria Villarroel imaginait vivre cela?
MARIA VILLARROEL: Non, je ne pensais pas voyager autant et vivre ainsi ma passion pour le basketball.
tsrsport.ch: Vous jouez avec l'équipe nationale du Venezuela depuis 16 ans, vous avez évolué à un bon niveau aux Etats-Unis. Est-ce que la compétitivité du championnat suisse n'est pas frustrante?
MARIA VILLARROEL: Non. Mais c'est vrai que je me sens capable de plus et que je n'exclus pas de jouer dans une ligue plus relevée en Espagne, en France.
Propos recueillis par Ludovic Perruchoud
Une finale piège pour Hélios
Le soleil est toujours au beau fixe sur la salle de Bresse à Vétroz. Hélios demeure toujours invaincu cette saison et a remporté la Coupe de la Ligue. Mais samedi, en finale de la Coupe de Suisse, les Valaisannes se mesureront avec une équipe d'Elfic Fribourg qui, en plus de monter en puissance, jouera à domicile.
Pour le coach Erik Lehmann, le trophée est loin d'être acquis. "Avec l'arrivée d'Angelina Williams, Elfic possède une étrangère d'exception. Les derniers résultats montrent que cette équipe s'est mise à niveau et ne parlent pas en notre faveur. Ce sera vraiment serré. D'autant plus que les Fribourgeoises jouent à domicile, elles auront donc plus de repères que nous".
Une chose est sûre, Elfic a les moyens de contester la suprématie d'Hélios.
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Coupe de Suisse féminine:
Hélios - Elfic Fribourg (14h15/tsrsport.ch) à la Halle Saint-Léonard
Un club équilibré et sain
Si les Valaisannes, toujours invaincues, ont survolé les débats jusqu'à présent, ce n'est pas un hasard. Le coach a réussi une belle alchimie au sein d'une équipe qui pouvait sembler artificielle en début de saison.
Mais il n'en est rien. Car derrière cet effectif de qualité se cache un club convivial, une identité régionale. Près de 500 petites et moyennes entreprises du coin, outre les partenaires principaux, participent au sponsoring.
Un budget global de 250'000 francs, une infrastructure de qualité, et la volonté affirmée du président Michel Huser de jouer sur la scène européenne l'année prochaine tandis que son club fêtera son quarantième anniversaire: Hélios veut s'inscrire dans la continuité et conserver ses "stars".