Cette classe de médicaments passait pour être surtout l'apanage de la gymnastique ou des sports à catégories de poids, où ils sont utilisés dans l'idée d'affûter le corps ou d'atteindre un poids de forme plus rapidement.
Les diurétiques figurent sur la liste des produits interdits en tout temps par le Code mondial antidopage aussi pour leurs effets masquants, car en accélérant la dilution des substances dopantes dans les urines, ils peuvent aider à éviter un contrôle positif. Mais la découverte de furosémide dans les urines de quatre nageurs durant la même compétition en mai au Brésil, et d'hydrochlorothiazide dans celle du champion russe Alexandr Kolobnev en pleine Grande Boucle, laisse certains directeurs de laboratoire antidopage face à un grand point d'interrogation.
"On n'a pas compris!"
"L'utilisation de diurétiques pendant la compétition par quelqu'un qui n'en a pas besoin est extrêmement dangereuse", affirme Martial Saugy, le directeur du laboratoire suisse de Lausanne. "Cela peut jouer sur l'équilibre des selles, et entraîner bien sûr une déshydratation extrêmement rapide avant un effort violent".
Sa collègue, Christiane Ayotte, qui dirige le laboratoire antidopage canadien à Montréal, est tout aussi interloquée: "Quatre d'un coup dans la même compétition, on n'a pas compris! C'est étonnant. On se dit: c'est quoi l'idée? On aimerait bien avoir une explication". Ces deux experts de la lutte antidopage se posent les mêmes questions. "Est-ce utilisé comme agent masquant? Est-ce utilisé quand même pour une régulation du poids, auquel cas, je pense, ce n'est pas très intelligent? Je suis assez perplexe face à cette recrudescence des diurétiques", souligne Martial Saugy.
Deux raisons possibles
Conseiller scientifique de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), Michel Rieu a lui sa propre interprétation. "Pour moi, il y a deux utilisations: pour diluer l'urine de façon à rendre les substances interdites plus faciles à détecter, ou pour contrecarrer les effets néfastes des corticoïdes." Alors que les corticoïdes ont comme effets secondaires d'augmenter la rétention d'eau et la tension artérielle, les diurétiques ont précisément l'effet inverse, d'où l'intérêt selon lui d'associer les prises de ces deux types de médicaments.
"Toutes les informations qu'on a convergent pour dire qu'il y a une recrudescence des corticoïdes. Il fallait s'y attendre: avec la nouvelle politique de l'Agence mondiale antidopage, il est de plus en plus compliqué de mettre en évidence la prise de corticoïdes", estime le médecin français. "On a laissé le champ libre aux corticoïdes en compétition et hors compétition. Or dans les valises pharmaceutiques, on trouve toujours des corticoïdes", affirme Michel Rieu.
Les quatre nageurs brésiliens, qui affirment pour leur défense avoir été victimes d'un complément alimentaire contaminé, comparaîtront mercredi devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Sa décision, prévue au plus tard vendredi soir, pourrait aider à répondre à quelques interrogations.
afp/lper
Cielo joue gros devant le TAS
Pour participer dès dimanche aux Mondiaux, Cesar Cielo doit convaincre mercredi à Shanghai le Tribunal arbitral du sport (TAS) que son contrôle positif à un diurétique en mai n'a rien à voir avec du dopage. Le champion olympique et du monde du 50 m joue gros. Suspension ou pas suspension? Et si oui de quelle durée et démarrant à quelle date?
Contrôlés positifs au furosémide lors d'une compétition nationale, Cielo et ses trois compatriotes, Nicolas dos Santos, Henrique Barbosa et Vinicius, s'en sont tirés jusqu'alors par un simple avertissement de la Confédération brésilienne des sports aquatiques. Une décision trop clémente au goût de la Fédération internationale, qui a décidé de porter les cas devant le TAS en réclamant une période de suspension et l'annulation de leurs résultats depuis la date de leurs contrôles, le 7 ou 8 mai.
Contrairement à l'affaire Contador, qui passera devant la cour suprême du sport début août, plus d'un an après sa victoire dans le Tour de France, les parties ont opté pour une procédure accélérée. Cielo sera ainsi fixé quelques heures avant le début des Mondiaux dimanche, sans le risque qu'un éventuel titre soit rayé par ordre du tribunal quelques mois plus tard.
Pas de JO pour Cielo?
La CBDA avait assuré que les quatre hommes avaient pu fournir des "explications détaillées" tendant à montrer que le complément alimentaire qu'ils prenaient depuis plusieurs mois avait été contaminé lors de sa préparation dans une pharmacie. JO menacés? A voir maintenant si les arbitres du TAS adhéreront à ces "explications détaillées". Sinon, ils peuvent décider de lui infliger une suspension assez longue pour priver Cielo des Championnats du monde où le double médaillé d'or 2009 est attendu comme l'une des stars qui peuvent affoler les chronos.
Toute suspension supérieure à six mois le priverait aussi des Jeux de Londres l'été prochain. La règle 45 de la charte olympique stipule qu'un athlète suspendu plus de six mois pour une infraction aux règles antidopage est interdit de concourir aux JO qui suivent l'expiration de la sanction.
afp/lper