Samedi, dès 03h30, les meilleures équipes (de trois concurrents) s'élanceront à l'assaut de l'édition 2012 de la Patrouille des Glaciers. A l'image de Wimbledon pour le tennis, la Patrouille est "LA" grande course pour les spécialistes de ski-alpinisme.
Et à l'heure de régler les derniers détails, de peaufiner les dernières stratégies, des noms, tels que Col de la Chaux, Rosablanche, Col de Riedmatten, Col de Bertol ou Tête Blanche résonnent déjà dans les esprits des participants. Points de passage obligés, redoutés et espérés par les concurrents, ils laisseront des images plein la tête, conférant à cette course hors norme son statut de légende.
Une Course de légende. Le mot est lancé. Mais, comme souvent, les plus grands mythes se sont écrits dans le sang et les larmes. La Patrouille ne fait pas exception.
Le sang est celui d'une cordée de trois soldats, disparue dans une crevasse lors de la 3e édition en 1949, et retrouvée 8 jours plus tard, ironie de l'histoire, par un des vainqueurs de la course. Les larmes ont été celles du peuple suisse, traumatisé par ce tragique accident. Suite à cet événement, le Département militaire fédéral de l'époque a alors interdit cette épreuve.
Un tracé historique
Le mythe de cette épreuve, qui emprunte le fabuleux tracé de la "Haute-Route" dans les Alpes valaisannes a toutefois perduré au cours des années. Et dans l'esprit de certains militaires, amoureux de la montagne, l'idée de la remettre sur pied a gentiment mûri.
"MM.Tschumy, Bournissen, Martin ont alors tout fait pour convaincre les responsables de l'armée de réorganiser cette course", explique M.Beeler, chef de la communication de l'épreuve. Ainsi, en 1984, tel le Phénix, la Patrouilles des Glaciers renaquit de ses cendres. Quelque 190 équipes de trois se sont lancées dans l'aventure.
Si la tragédie a marqué l'épreuve, c'est surtout son parcours qui a donné ses lettres de noblesse à la course, un tracé exigeant, utilisé dans l'histoire par des patrouilles romaines. "C'est un parcours de haute montagne, de longue distance, de grands efforts pour les patrouilleurs. C'est ce qui fait sa particularité", indique M.Beeler.
Ce n'est donc pas sans une certaine appréhension que les concurrents s'élanceront à l'assaut des sommets. "Chacun aborde l'épreuve avec respect. C'est une course de 55 km qui demande un engagement égal à celui pour un parcours de 110 km. Et cela, il faut le faire", ajoute le chef de la communication.
Une course devenue populaire
Organisée à l'origine pour permettre des exercices militaires et réservée aux soldats, la course a rapidement intéressé les civils, qui sont désormais très nombreux au départ. "On a en effet constaté que l'intérêt était là. La priorité est restée pour les militaires, mais c'est une excellente possibilité pour l'armée suisse de montrer son savoir-faire, au-delà du cercle militaire", explique M.Beeler.
A l'origine, le trajet entre Zermatt et Verbier devait durer 4 jours de marche et devait être effectué en une seule traite. La Patrouille semblait alors destinée à une race de surhommes.
Actuellement, les meilleurs atteignent l'arrivée en moins de 6h et avec l'ouverture aux civils, chacun a désormais l'impression de connaître un voisin qui a participé à l'aventure.
Le mythe est-il gentiment devenu un Colosse au pied d'argile? "Je ne dirais pas que c'est devenu plus facile. Mais il y a eu des changements technologiques. On a aujourd'hui beaucoup de moyens techniques pour garantir la sécurité", indique M.Beeler. "Par contre, la performance de franchir tous les obstacles, psychiquement et physiquement, pour rejoindre l'arrivée, reste intacte", ajoute-t-il.
Les hautes températures sèment le trouble
La Patrouille des Glaciers est ainsi devenue avec les années une des grandes manifestations de Suisse romande. Elle est maintenant perçue souvent davantage comme une course populaire que militaire, avec un nombre importants de partenaires publicitaires et une retransmission télévisée en direct. La présence de l'armée s'apparente-t elle donc à une opération marketing?
"Seule l'armée est capable d'organiser un tel événement. Il y a d'autres compétition. Mais il n'y a pas d'autre parcours de cette longueur, dans une telle montagne. Pour le formuler autrement, si ce n'est plus l'armée qui l'organise, ce n'est plus la Patrouille des Glaciers", réagit M.Beeler.
L'armée a ainsi travaillé durant des jours pour mettre sur pied l'épreuve. Les conditions de neige sont excellentes, tous les détails ont été réglés. "Sur le plan de la préparation, on est prêt", confirme M.Beeler.
Mais, la météo, qui a déjà provoqué l'interruption de la course de jeudi, inquiète les organisateurs. "Oui, la météo nous cause des soucis. Les températures élevées qui s'annoncent pour la fin de la semaine inquiètent puisqu'elles sont liées au danger d'avalanche. On observe la situation sur le terrain, avec les spécialistes. Et soit on pourra garantir la sécurité sur le terrain, soit on ne laissera pas partir", conclut le chef de la communication.
Aline Gagnebin
Un total de 4560 inscrits
Cette année, 1520 patrouilles étaient inscrites, ce qui représente 4560 participants, dont près de la moitié sont des militaires.
Au total, 88% sont Suisses et près de 42% sont Valaisans.
Les autres athlètes représentent 27 pays, dont la France, l'Italie et même l'Australie, le Japon, les USA et le Canada, Hong Kong et le Kenya.
Seulement 13% des participants sont des femmes et 16 d'entre elles sont des militaires.
Le budget total de la manifestation s'élève à 7,5 millions de francs et 1600 militaires suisses effectuent des jours de service pour la patrouille.