Septième il y a quatre ans à Vancouver, Fanny Smith rêve d'or le 21 février dans le "Parc extrême" de Rosa Khutor. Une ambition réaliste pour la Vaudoise de 21 ans, championne du monde et victorieuse de la Coupe du monde de la discipline en 2013.
Cette saison, elle a grimpé sur deux podiums et triomphé en Italie à San Candido.
Troisième de la Coupe du monde de skicross, Smith a donc les moyens de décrocher le graal à Sotchi. Elle s'est confiée à RTSsport.ch à l'approche des Jeux.
"Pas si mauvaise en ski alpin"
RTSsport.ch: Comment avez-vous découvert le skicross?
FANNY SMITH: Lors d'une épreuve à Villars, je devais avoir 12-13 ans. Je suis devenue tout de suite fan. Mon grand frère faisait plutôt du freestyle avec ses copains et je passais beaucoup de temps avec eux sur les pistes. Mais par rapport au skicross, il n'y avait pas cette compétition directe avec l'adversaire. Cet aspect-là me plaît beaucoup dans le skicross.
J'avais la chance de ne pas être si mauvaise en ski alpin. J'ai pu finir ma scolarité obligatoire à l'Ecole du sport du collège de Brigue. Je continuais à faire de l'alpin pour m'améliorer. Puis, mon père m'a demandé si je voulais aller aux Jeux de Vancouver. Nous savions avec mes parents que cela n'allait pas être facile, mais ils ont tout mis en oeuvre pour que je puisse faire ce que je voulais. Ils ont rencontré Guillaume Nantermod (ndlr: son entraîneur, champion du monde 2001 de boardercross) et avec lui nous avons pu mettre en place une petite structure.
"Très exigeante avec moi-même"
RTSsport.ch: Et l'aventure a commencé avec notamment en 2010 ces Jeux de Vancouver. Vous avez fini septième, un magnifique résultat. Comment vous l'avez vécu?
FANNY SMITH:
C'était extraordinaire. J'étais la plus jeune de la délégation. Guillaume a tout fait pour m'éviter toute la pression de l'événement.
On a manqué la cérémonie d'ouverture, on est arrivé tard dans les Jeux. J'étais venue pour gagner, j'avais réussi mon premier podium de Coupe du monde peu auparavant. Je me souviens, à la fin, un journaliste de la télévision suisse alémanique était venue me féliciter en évoquant le diplôme. Et moi, j'étais vraiment déçue (rires). Il faut savoir que je suis très exigeante avec moi-même.
RTSsport.ch: Et depuis lors, vous avez engrangé les succès et possédez désormais un palmarès auquel il ne manque finalement qu'une médaille. La pression est là?
FANNY SMITH: On la ressent surtout avec les médias. Mais j'ai la chance, contrairement à d'autres athlètes, d'avoir déjà vécu des JO. Je sais où je vais, c'est un peu de pression en moins.
"Tout athlète espère gagner"
RTSsport.ch: On vous voit mal viser autre chose que la victoire...
FANNY SMITH: Oui, c'est vraiment mon objectif. Tout athlète espère gagner dans une telle compétition.
RTSsport.ch: Le skicross est un sport spectaculaire. De la compétition directe, de la vitesse, des sauts. On imagine volontiers les athlètes qui le pratiquent comme des têtes brûlées...
FANNY SMITH:
Pas du tout, ou juste un peu. Il y a de l'adrénaline,c'est vrai. La compétition directe fait qu'on sait immédiatement où l'on se situe, qu'on constate de suite nos erreurs. Cela demande une bonne gestion mentale. Nous ne sommes pas plus têtes brûlées que les skieurs alpins par exemple (rires).
"La préparation n'a pas vraiment changé"
RTSsport.ch: Est-ce que vous avez suivi une préparation spécifique cette saison en vue des Jeux olympiques?
FANNY SMITH: Pas vraiment. J'ai toute une équipe qui m'encadre chaque année. Ils me connaissent bien et font le maximum pour que je puisse être en forme les jours de compétition. La préparation n'a donc pas réellement changé
RTSsport.ch: On parle beaucoup des questions de sécurité à Sotchi. Cela vous inquiète?
FANNY SMITH: Je ne m'inquiète pas réellement. Je suis certaine que les organisateurs prendront toutes les précautions nécessaires. Puis, je ne serai pas là lors de la cérémonie d'ouverture et nous serons à Rosa Khutor qui est un peu isolé. Je pense donc que le risque sera moindre.
Propos recueillis par Ludovic Perruchoud