A 15 ans, la pensionnaire du Cercle d'escrime de Founex va vivre à Montreux ses premiers Européens en senior. "Avoir la chance de tirer contre des filles comme Olga Kharlan (ndlr: l'Ukrainienne a notamment raflé en individuel et par équipes six titres européens, quatre sacres mondiaux et une médaille d'or olympique), contre les Russes, c'est comme un rêve."
"Les épéistes ont réussi de meilleurs résultats"
Les yeux pétillants de la cadette de la délégation suisse en disent long sur sa motivation, sa hâte d'en découdre avec des athlètes "que j'ai eu l'occasion de voir dans des vidéos sur internet". Elle souhaite tirer au mieux de ses capacités dans l'espoir d'atteindre le tableau des 32, soit les seizièmes de finale, ce qui lui permettrait de quitter le sous-sol, aménagé en vue des phases de poules et premiers tours, pour le somptueux Auditorium Stravinsky.
Une possibilité en somme de mettre en lumière son arme: le sabre. Une discipline condamnée à l'ombre dans une Suisse où seule l'épée vaut de l'or. "Les épéistes ont réussi de meilleurs résultats", glisse-t-elle sans la moindre arrière-pensée. "Je pense que c'est une bonne idée (de la Fédération) d'offrir plus de possibilités aux épéistes de faire mieux encore", ajoute-t-elle en se réjouissant que le sabre parvienne tout de même à exister dans une "grosse nation à l'épée".
Pas la vie facile
Son entraîneur Lothar Winiger partage ce même esprit optimiste. Lui-même tireur, il n'a pourtant pas la vie facile sans le soutien financier de Swiss Fencing. Professeur de français à 50%, le sabreur de 28 ans assume les dépenses des tournois auxquels il participe.
Il se retrouve également bien isolé, dépourvu de staff et d'entourage, dans ces compétitions ou après quatre ans très difficiles, il commence de réussir de bons résultats internationaux.
"Elle est douée naturellement"
Il ne s'en réjouit pas moins de l'opportunité de voir éclore un talent comme Ariane Lebel. "C'est une chance, vraiment. Elle est douée naturellement." Championne de Suisse cadettes en 2011, 2012, 2013, juniors en 2013, elle a accroché une 13e place aux Européens cadettes en 2014 et décroché deux fois le bronze en Circuit Continental U17.
La gymnasienne trouvera peut-être dans son enthousiasme les ressources pour s'affranchir des contingences (manque d'opposition, de moyens, d'infrastructures adaptées) et réussir à tracer de son sabre quelques lignes prestigieuses dans le palmarès helvétique. Sur la Riviera vaudoise, elle engrangera en tous les cas une précieuse expérience.
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Montreux, Ludovic Perruchoud
Le sabre pour les nuls
La première chose à savoir sur le sabre est qu'il s'agit d'une arme dite conventionnelle. Cela signifie qu'il existe des règles pour déterminer la priorité d'attaque.
Si l'attaquant réussit son assaut, il marque le point. Si le défenseur réussit une parade et une riposte, c'est lui qui "touche". Enfin, si l'attaquant manque son assaut, le défenseur peut reprendre la priorité d'attaque. "Les priorités changent vite", explique Winiger. "C'est une discipline rapide et pas forcément facile à suivre pour une personne qui ne la connaît pas."
Les touches se font avec la pointe, le tranchant ou le contre-tranchant de la lame sur tout le haut du corps.
CE 2015, programme de Lebel et Winiger
Dimanche 7 juin
Sabre D individuel : phase finale avec Ariane Lebel
Lundi 8 juin
Sabre M individuel : phase finale avec Lothar Winiger