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Un "système de dopage" supervisé par Moscou

Le sport russe est une nouvelle fois accablé par le dopage. [Fabrice Coffrini]
Le sport russe est une nouvelle fois accablé par le dopage. - [Fabrice Coffrini]
L'ex-patron du laboratoire de Moscou Grigory Rodchenkov a affirmé que des athlètes russes ont bénéficié durant les JO d'hiver de Sotchi en 2014 d'un système de dopage supervisé par Moscou. "Cela a fonctionné comme une horloge suisse", a-t-il notamment expliqué au New York Times.

"Nous étions très bien équipés. Nous savions ce que nous avions à faire et nous étions parfaitement préparés pour Sotchi, comme jamais auparavant", a-t-il précisé dans l'article publié par le New York Times jeudi sur son site internet.

Il estime que "des douzaines d'athlètes russes, dont 15 médaillés olympiques" ont profité de ce système. Il évoque notamment 14 membres de l'équipe de ski de fond russe et deux membres "expérimentés" de l'équipe de bobsleigh russe.

M. Rodchenkov affirme avoir mis au point un cocktail associant trois stéroïdes anabolisants - méténolone, trenbolone et oxandrolone - qu'il mélangeait à de l'alcool pour réduire la fenêtre durant laquelle ils pouvaient être détectés. Les services secrets russes sont de leur côté intervenus pour changer les échantillons urinaires prélevés sur des athlètes russes.

agences/alt

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Un trafic en pleine nuit réalisé par les services secrets

Selon M. Rodchenkov, les services secrets remplaçaient avec son aide durant la nuit des échantillons prélevés après les compétitions par des échantillons "propres" prélevés plusieurs mois en amont, pour éviter ainsi que les athlètes russes soient déclarés positifs. Pour étayer ces accusations, il a fourni au New York Times des échanges de courriers électroniques avec le ministère russe des Sports dans lequel sont mentionnés les athlètes profitant de ce programme.

M. Rodchenkov a également fourni une photo montrant une petite trappe dans le laboratoire antidopage de Sotchi utilisé par les services secrets russes pour échanger les échantillons. Il avait été contraint de démissionner fin 2015 après le début du scandale qui éclabousse l'athlétisme russe qui pourrait être privé des JO de Rio. Craignant pour sa vie, il s'est installé en 2016 aux Etats-Unis.

La Russie a terminé à la première place du tableau des médailles à Sotchi avec 33 podiums, dont 13 titres olympiques. Ces accusations font écho à celles de Vitali Stepanov, ancien contrôleur de l'agence russe de lutte contre le dopage à l'origine du scandale qui a ébranlé l'athlétisme russe en novembre dernier. Il a affirmé la semaine dernière à la chaîne de télévision américaine CBS, sur la foi de conversations avec M. Rodchenkov, que quatre champions olympiques russes de Sotchi étaient dopés.

Les révélations du NYT qualifiées d'"absurdes"

Le ministre russe des Sports qualifie d'"absurdes" les révélations du NYT. "Je pense que les gars (mis en cause par le New York Times) sont des athlètes exceptionnels, les accusations sont absurdes", a déclaré Vitali Moutko, selon l'agence de presse russe TASS. "Les accusations portées contre eux sont sans fondement. Nous allons analyser cet article et décider comment nous réagirons", a-t-il ajouté.

"Tout ça, c'est de la sale politique. Dans ces déclarations, il n'y a rien de vrai, ce ne sont que des rumeurs", a déclaré Willi Schneider, entraîneur en chef de l'équipe russe de skeleton. "Tout ça est infondé. Je trouve ça drôle et triste. Défendre (le skieur de fond Alexandre) Legkov? Et pourquoi devrais-je le défendre, s'il ne s'est jamais dopé, ni avant les JO, ni pendant, ni après?", a renchéri la présidente de la Fédération russe du ski de fond, Elena Vialbié.