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Giulia Steingruber, un saut à Berne sur la route de Rio

C'est au saut que Giulia Steingruber nourrit les plus grandes ambitions. [Guillaume Horcajuelo]
C'est au saut que Giulia Steingruber nourrit les plus grandes ambitions. - [Guillaume Horcajuelo]
La glace a cédé sa place à 4200 mètres carrés de tapis dans l’arène du CP Berne et la grâce des gymnastes a remplacé les cross-check des hockeyeurs. Après un bilan helvétique masculin positif (deux médailles de bronze), les compétitions féminines débutent mercredi. La Suisse vise pas moins de deux médailles dans « ses » Européens de gymnastique artistique. Un objectif qui, deux mois avant les JO à Rio, tient plus de l'obligation pour Giulia Steingruber.

Deux médailles. C’est ce que la Suisse attend de son icône nationale Giulia Steingruber pour les premiers championnats d’Europe féminins en Suisse (les hommes avaient déjà eu cet honneur en 1990 et en 2008 à Lausanne). Déjà deux fois « bronzée » (en 2014 et 2015) sur la scène européenne au sol, la Saint-Galloise devrait logiquement ajouter une ligne à son palmarès dans une discipline qui lui tient particulièrement à coeur.

« On y voit tout de la gymnastique: la danse, l’élégance, la puissance, la force. C’est aussi l’engin le plus artistique, une vraie présentation où l’on peut montrer que l’on a du plaisir, dévoiler sa personnalité. C’est également très physique car nous disposons de 90 " pour montrer ce que l’on peut faire ». Pour mettre toutes les chances de son côté, la « sportive suisse de l’année 2013 » présentera une nouvelle chorégraphie à Berne.

Championne d’Europe du concours général il y a un an à Montpellier, Giulia Steingruber ne pourra pas défendre ce titre dans la capitale. Depuis 2004, les Européens ont lieu chaque année en alternant des championnats individuels et par équipes pour le concours général. Au concours par équipes qui se déroulera donc cette année, la Suissesse et ses quatre coéquipières tenteront de se hisser parmi le top-8. La poutre est un autre engin sur lequel la Saint-Galloise, ainsi que sa jeune coéquipière tessinoise Ilaria Käslin (18 ans), pourraient s’illustrer en décrochant une place en finale.

Une nouvelle dimension à sa carrière

En novembre passé, Giulia Steingruber a montré qu’elle pouvait tutoyer les meilleures mondiales avec une 5e place au concours général des Mondiaux de Glasgow. Un résultat impressionnant sur le plan personnel (elle était 15e en 2015) et de l’histoire nationale récente (Ariella Käslin n’avait jamais fait « mieux » qu’une 8e place en 2009 et 2011). Sans sa blessure, elle aurait probablement décroché la médaille mondiale qui lui manque pour définitivement devancer Ariella Käslin. La Lucernoise avait obtenu l’argent au saut de cheval à Londres en 2009.

C’est grâce au saut justement, que la carrière de Giulia Steingruber pourrait prendre une nouvelle dimension. Sur son engin de prédilection. Celui qui lui a offert ses deux autres titres européens (2013 et 2014). Dans cette discipline spectaculaire, le niveau général a augmenté, notamment chez les Américaines et les Chinoises. La gymnaste de Gossau veut et doit encore franchir un palier.

Un palier qui lui permettrait d’oublier sa déception « argentée » de l’an passé à Montpellier, battue par la Russe Maria Paseka. Un palier qui pourrait surtout lui faire tutoyer l’Olympe dans deux mois à Rio. Vingt ans après l’or olympique de Donghua Li au cheval d’arçons à Atlanta. Le temps est compté. A 22 ans, Giulia Steingruber vivra peut-être à Rio ses derniers JO.

« L’objectif prioritaire est une médaille à Berne »

Depuis un camp d’entraînement en février passé au Danemark, la Saint-Galloise prépare une nouvelle pirouette qui doit lui rapporter 0.5 point de plus en valeur de base : le salto avant tendu avec double vrille. Une variante plus difficile de la Chusovitina avec une vrille et demie, que Giulia Steingruber exécute actuellement à la perfection. La difficulté principale réside dans la réception qui est « aveugle », en d'autres termes, dos à l’engin. Ce saut, l’un des plus difficiles au monde, personne ne l’a jamais présenté. La gymnaste de 22 ans va-t-elle risquer de rater une cinquième médaille d’affilée sur « son » engin et lors de « ses » Européens ?

La gymnaste suisse maintient le doute.  « Ce n’est pas encore sûr que je présente ce saut à Berne, où l’objectif prioritaire est une médaille. Il doit être maîtrisé à 100% et vu que les Jeux Olympiques approchent, ce serait vraiment dommage de rater une médaille ou de se blesser ». Son entraîneur Zoltan Jordanov est plus catégorique. « Elle doit essayer ce nouveau saut lorsqu’il sera vraiment prêt et lors d’une compétition moins importante que des Européens. On ne va pas prendre de risques à Berne ».

Zoltan Jordanov, qui se retirera après une décennie à la tête de la sélection suisse féminine, est conscient que le nouveau saut de sa protégée est quasiment une obligation pour rêver d’une médaille olympique. D’autres gymnastes s’entraînent peut-être également, dont l’Ouzbek Oksana Chusovitina (40 ans) qui tenterait d’ajouter la demie vrille manquante au saut qui porte son nom. La première gymnaste qui posera cet enchaînement en compétition officielle le « baptisera ».

« J’espère que Giulia pourra sortir une grosse performance à Rio et être au maximum le jour J. Et si elle parvient en plus à poser le Steingruber… » se met à rêver Zoltan Jordanov. « C’est tout ce qu’on peut me souhaiter pour mon départ» ajoute le Hongrois la voix pleine d’émotion. Qui d'autre le tentera ? Steingruber sera-t-elle la première ? Réponse à Rio. Mais d'abord, place à Berne.

Berne, Sylvain Bolt - Twitter @SylvainBolt

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Gym - Européens, programme dames

Mercredi 1er juin. 10h00 - 20h30: juniors, qualifications
Jeudi 2 juin. 10h00 - 19h20: dames, qualifications
Vendredi 3 juin. 19h00 - 20h50: juniors, finale du concours général.
Samedi 4 juin. 17h00 - 18h50: dames, finale du concours par équipes.
Dimanche 5 juin. 11h00 - 17h40: dames et juniors, finales aux engins.

Gym - Européens, sélection suisse

Caterina Barloggio (19/Riazzino), Thea Brogli (Riazzino/16), Ilaria Käslin (18/Sagno), Stefanie Siegenthaler (Bertschikon/18), Giulia Steingruber (22/Gossau). Entraîneur: Zoltan Jordanov.