Edouard Blanc: "On a rarement 4 ou 5 mois pendant lesquels on peut se permettre d’autres choses"
Plusieurs Romands (Barnabé Delarze, Augustin Maillefer) et Romandes (Frédérique Rol, Sofia Meakin, Eline Rol) font partie des meilleurs rameurs du pays. Depuis le 12 mai, les portes du Centre national de Swiss Rowing à Sarnen (OW) sont à nouveau ouvertes.
Malgré un été 2020 sans compétition, un programme et un calendrier forcément chamboulés, les entraînements ont repris sous la direction d’Edouard Blanc, l'entraîneur-chef de la fédération. Rencontre.
"Mon défi est d’utiliser au mieux cette période sans compétition"
RTSsport: Comment les athlètes ont-ils réagi face à la pandémie et le report des Jeux olympiques?
Edouard Blanc: Chacun réagit différemment. Il y a eu une première phase pendant laquelle chacun s’est posé des questions: est-ce que je continue? Est-ce que je prends une autre voie? Est-ce que j'y crois encore? Est-ce que je n'y crois plus? Toutes celles et ceux qui sont revenus au Centre national à Sarnen y croient à fond. Pour moi, le défi est maintenant d’utiliser au mieux cette période sans compétition. Dans la carrière d’un sportif, on a rarement 4 ou 5 mois pendant lesquels on peut se permettre d’autres choses. Au niveau physique et physiologique, on va utiliser d’autres plateformes que l’aviron (vélo, course à pied…), toujours sous forme de petits concours internes pour que les athlètes puissent continuer à se mesurer et se fixer des petits défis. Au niveau technique, on va mettre à profit cette période pour affiner des réglages, tester des nouvelles choses, ce que l’on n’aurait pas pu se permettre de faire en année olympique.
RTSsport: A titre personnel, comment avez-vous fait pour trouver des éléments positifs malgré le programme chamboulé?
Edouard Blanc: Je me suis dit que finalement il n’y avait rien de grave: tout ce qu’on avait prévu pour 2020 aura lieu, mais une année plus tard. Simplement. C’était important de s’accorder d’abord du temps pour la réflexion, puis de relancer le processus pour une année.
RTSsport: Cette période actuelle, sans compétition, peut-elle entraîner des doutes chez les athlètes, qui n’ont plus de repère?
Edouard Blanc: Nous avons l’avantage à Swiss Rowing que les meilleurs rameurs et rameuses du pays sont regroupés à Sarnen. Ils ont toujours un point de comparaison. Ce serait beaucoup plus difficile pour un rameur qui serait isolé.
"Swiss Rowing n’offre jamais l’assurance de se qualifier pour les Jeux"
RTSsport: Chez Swiss Rowing les sélections pour l’année 2020, et donc les Jeux de Tokyo, étaient déjà faites. Comment cela va-t-il se passer maintenant pour 2021: tout repart de zéro?
Edouard Blanc: D'abord il y a toujours l’espoir de disputer un championnat d’Europe cette année. Initialement prévu en juin, il a été repoussé et pourrait avoir lieu en octobre à Poznan. Les sélections annoncées restent valables pour l'année 2020. Ensuite, et comme chaque année, nous entamerons le processus habituel des tests hivernaux en vue de la saison 2021. Des nouvelles sélections seront effectuées en mars 2021. Il y a des critères, les cartes seront redistribuées.
RTSsport: Cela signifie que les bateaux sélectionnés cette année n’ont aucune garantie de disputer les JO 2021 ?
Edouard Blanc: Oui. Ils ont sans doute une longueur d'avance, mais Swiss Rowing n'offre jamais l'assurance de se qualifier pour une grande compétition. D'abord parce qu'il existe toujours des risques de blessures, qu'on ne souhaite évidemment pas, mais aussi parce qu'on ne veut pas fermer la porte aux jeunes, qui progressent et qui doivent pouvoir nourrir l'espoir de décrocher une place.
RTSsport: En quoi cette pandémie changera-t-elle le monde de l’aviron selon vous?
Edouard Blanc: Peu de choses changeront, je pense. Le seul impact, c'est le report des compétitions. Une fois que la vie aura retrouvé un peu de normalité, il y aura peut-être des nouvelles mesures, les gens feront probablement plus attention, mais sportivement tout restera identique.
de Sarnen, Steve Roth