"J'ai montré ce que j'avais dans le ventre"

De retour en Suisse pour deux jours avant un été chargé, le Genevois a pris le temps de faire un détour par les locaux de la RTS.

Drafté il y a un an par les Rockets, Clint Capela assure que cette nouvelle vie ne lui est pas montée à la tête. "C'est toujours moi, mais avec une expérience en NBA en plus", sourit-il.

RTSsport.ch: Vous sortez de votre première saison aux Etats-Unis, passée entre la D-League (réd: la ligue de développement de la NBA) et la NBA. Quel bilan en tirez-vous?

CLINT CAPELA: J'ai connu une superbe saison en D-League avec de bonnes stats (réd: 16 points et 9,7 rebonds par match). Je suis satisfait de ce que j'y ai accompli. J'ai ainsi pu gagner la confiance du coach et des dirigeants à Houston. Et il y a eu les playoff jusqu'à la finale de la Conférence Ouest avec une ambiance fantastique face aux Warriors, c'était énorme.

RTSsport.ch: Vous est-il arrivé de connaître des moments de doute?

CLINT CAPELA: J'ai appris la patience cette saison. En NBA tout peut arriver très vite, il peut y avoir des changements d'un coup. J'ai essayé d'être patient, d'être régulier quand je jouais en D-League, de garder le mental même quand je connaissais un ou deux matches moins bons, tout en me disant que ma chance allait finir par arriver. Je savais que niveau de la D-League était moins bon que le niveau en France. On m'a demandé de faire mes preuves, c'est ce que j'ai fait et j'en suis très content. C'était dur mais je suis fier d'être passé par là.

"Si on parle de toi, c'est bon signe"

RTSsport.ch: Vous avez dû patienter sept matches avant d'inscrire vos premiers points en NBA...

CLINT CAPELA: A Toronto, contre l'équipe qui devait normalement me drafter. Ca m'a fait du bien, ça a été un soulagement de me dire que j'avais quelque chose à faire dans la Ligue. Et je n'ai pas encore tout montré. Il ne faut pas se cacher, il faut faire le buzz, qu'on parle de toi. Si on parle de toi, c'est bon signe.

RTSsport.ch: Nouveau pays, nouvelle équipe. Comment s'est déroulée votre intégration?

CLINT CAPELA: Au début, on ne me connaissait pas trop. Les Américains attendent d'abord de voir avant de venir te parler. J'ai montré à tout le monde ce que j'avais dans le ventre, du coup je suis bien intégré dans l'équipe, je suis vraiment à l'aise. Après, j'ai évidemment progressé en anglais et on m'a aidé à m'installer, trouver un logement. Globalement, cette nouvelle vie correspondait à ce que j'attendais. Je n'ai pas eu trop le temps de visiter Houston vu que j'ai beaucoup joué en D-League. Mais je compte bien me rattraper la saison prochaine.

"Les dirigeants de Houston croient en moi"

RTSsport.ch: Justement, il faut déjà penser à la saison prochaine. Quels seront vos objectifs?

CLINT CAPELA: Gagner en dureté, passer beaucoup de temps en salle de musculation pour arriver en meilleure forme et avoir un rôle dans l'équipe. Je dois confirmer les attentes placées en moi. Le coach est très positif à mon sujet. Je vois qu'il est motivé à l'idée de travailler avec moi, il me dit que mon potentiel est énorme. Les dirigeants sont persuadés que je peux les aider, et encore plus la saison prochaine. Je suis jeune et j'ai encore une marge de progression importante. Cela fait vraiment du bien de savoir ça et ça me donnera de la force quand je retournerai là-bas. Si on garde la même équipe, on aura des objectifs élevés la saison prochaine.

RTSsport.ch: Vous êtes passé de la Pro A française à la NBA. Dans quel domaine avez-vous le plus souffert?

CLINT CAPELA: Le physique. On travaille beaucoup plus que ce que j'avais pu connaître jusqu'à maintenant. La saison régulière fait 82 matches, le travail physique doit donc être beaucoup plus intense. J'ai pris 5 kilos de muscle. Au début, j'avais vraiment du mal à faire la transition entre la France et les Etats-Unis.

"James Harden est un phénomène"

RTSsport.ch: Le Clint Capela d'aujourd'hui a-t-il changé par rapport à celui d'il y a un an?

CLINT CAPELA: Dans l'attitude, je pense que je suis resté le même. Je reste sérieux quand il s'agit de basket et c'est le plus important. Mais j'ai grandi durant cette saison au contact de mes coéquipiers à Houston. Notamment James Harden ou Dwight Howard qui ont une longue expérience de la NBA. Ils sont accessibles et m'ont donné beaucoup de conseils.

RTSsport.ch: Y a-t-il un joueur en NBA qui sort du lot à vos yeux?

CLINT CAPELA: James Harden (réd: son coéquipier à Houston)! C'est un phénomène. Il est très régulier, il a su porter l'équipe vers le haut, jusqu'en finale de la Conférence Ouest. Il est très impressionnant. Je suis admiratif. Il a 25 ans, mais il est très mature. Dès la fin d'un match, il se concentre sur le prochain. C'est clairement le joueur qui m'a le plus impressionné.

RTSsport.ch: Vous touchez des émoluments très importants à Houston (réd: environ un million de dollars par saison). Est-ce que ça a été difficile à gérer?

CLINT CAPELA: Au début, ce n'était pas facile. Je n'arrivais pas à dormir. J'ai beaucoup appris des autres joueurs dans le vestiaire. J'ai eu la chance de tomber dans cette équipe. Il faut faire attention aux fréquentations quand on gagne beaucoup d'argent. On sait qu'on peut s'appuyer sur la famille et les amis d'enfance. Après, je n'ai plus trop le temps de voir beaucoup mes amis de Suisse. Le fait d'être aux Etats-Unis me protège aussi.

RTSsport.ch: Quel est votre programme pour cet été?

CLINT CAPELA: Je vais retourner à Houston préparer la Summer League et ensuite travailler avec un coach, celui de Dirk Nowitzki (réd: joueur des Dallas Mavericks), en vue de la saison à venir.

Propos recueillis par Axel David - @axel_david7