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Ferdy Kübler, le «Fou pédalant», fête ses 90 ans

Le Zurichois possède une rue à son nom à Adliswil.
Le Zurichois possède une rue à son nom à Adliswil.
Le «Fou pédalant» formait avec le «Pédaleur de charme», un duo encore jamais égalé dans le sport suisse. Les «deux K», Ferdy Kübler et Hugo Koblet ont dominé le Tour de France du début des années 50, le premier s'imposant en 1950, le second en 1951.

Hugo Koblet nous a quittés depuis 45 ans, Ferdy Kübler est, lui,
encore bien là. Né le 24 juillet 1919, il a donc fêté ses 90 ans,
ce qui fait de lui le doyen des vainqueurs du Tour encore en
vie.



«Le Fou pédalant», c'est tout de même un bel hommage, car
l'expression est née par rapport à la grande vedette de la chanson
française d'alors, «le Fou chantant» Charles Trenet, chansonnier à
l'énergie débordante!

Mont Ventoux: le démenti de Ferdy

tsrsport.ch:Ferdy, vous avez fêté vos 90
ans le jour de l'étape du Mont Ventoux. La presse internationale a
fait allusion à une anecdote que Romain Glassey et Richard Chassot
ont abondamment commentée sur notre antenne: au Tour de France
1955, vous montiez les pentes du Mont Ventoux à un train d'enfer,
en compagnie de Raphaël Geminiani. Le Français vous aurait alors
lancé l'avertissement suivant: «Prudence, Ferdy, le Ventoux n'est
pas un col comme les autres.» Et vous, vous avez répondu: «Ferdy,
non plus, n'est pas un coureur comme les autres.»



Ferdy: «La presse avait attribué ses propos à mon
adversaire français. Or,Geminiani m'a affirmé que, jamais, il ne
s'était exprimé de la sorte. En aucan cas, cela ne s'est pas passé
ainsi. Ce n'est de loin pas le seul bobard qui circulait à mon
sujet."
Ferdy ne se départira jamais de sa belle
verve.

Seule la popularité de Federer est comparable à celle de
Kübler

Ferdy Kübler est
le doyen des vainqueurs du Tour de France encore en vie. Il faut se
replonger dans les années 40 et 50. Sa popularité valait, alors,
celle de Roger Federer aujourd'hui.



Contrairement au champion de tennis, Ferdy n'a pourtant pas de
timbre-poste à son effigie. Dans notre pays, on ne dresse ce genre
de monument qu'aux personnages décédés. Exception à la règle, Roger
Federer, qui a bel et bien son timbre-poste. «Ça ne me gêne pas
le moins du mond
e,» prétend Ferdy, assurément sincère et
toujours fair-play.

«Mon effigie sur un billet de banque!»

«Pourvu qu'on flanque ma tronche, un jour, sur un billet de 20
francs,» rit-il. C'est donc avec bonhomie qu'il évacue un autre
sujet, un trait de caractère qu'on lui prête, sa prétendue
pingrerie. «Je suis issu d'un milieu très modeste. J'étais
économe, peu dépensier, mais je ne pense pas avoir été avare pour
autant
», conteste Ferdy.



Son leitmotiv était depuis tout jeune: «le vélo me permettra
de fuir la misère. Ou je resterai anonyme ou je serai champion! Je
n'ai jamais fait de concession à la facilité. Je voulais devenir
quelqu'un
». Pour ce parcours, le vélo lui apparaissait comme
le moyen de... transport idéal. «Garçon-livreur dans une
boulangerie d'abord, puis dans une horlogerie, je conjuguais métier
et entraînement
».

Mots d'ordre d'une carrière pro de 17 ans

Roger Federer a un
timbre-poste à son effigie! C'est bien! J'espère que j'aurai un
jour ma trombine sur un billet de 20 francs...

Ferdy Kübler

Légendes
- Ferdy Kübler fait partie de la légende du cyclisme, au
même titre que certains de ses adversaires des années 40 et 50,
comme Fausto Coppi, Gino Bartali, Louison Bobet. Et comme certains
champions venus après lui, comme Eddy Merckx ou Bernard
Hinault.



Sobriquet I -

Celui de «Fou pédalant» lui a été
attribué par Jacques Goddet, directeur du Tour de France et du
journal 'L'Equipe'. «Lors du Tour 1947, la France m'a
découvert. J'étais de tous les bons coups, les foireux aussi. Je
sais que les Français me prenaient pour un fou, mais je l'ai
toujours pris pour un complimen
t» (voir aussi ci-dessus,
l'allusion à Charles Trenet).



Sobriquet II -

«Aigle d'Adliswil», un surnom que
Ferdy n'était pas loin de renier. Lorsqu'on a rédigé sa biographie
(*), il a d'ailleurs fait rayer ce titre au profit de «Ferdy
Kübler le fou pédalan
t». Aujourd'hui, tout s'est arrangé.
Cette bourgade zurichosie a enfin tenu la promesse de vouer au
souvenir de ses exploits un «Chemin Ferdy-Kübler».



Il n'est cependant pas le seul habitant célèbre du bled: skieur
hors pair, le descendeur Peter Müller est également d'Adliswil.
Peut-être aujourd'hui un peu oublié, l'ex-international de football
et ex-joueur de Lausanne, Urs Bamert, vient lui aussi
d'Adliswil

Les deux K

Sobriquet III
- «Les deux K»: voilà un sobriquet qui ne lui était pas
destiné uniquement à lui, mais aussi à son grand adversaire suisse
dans le peloton, Hugo Koblet, l'autre vainqueur helvétique du Tour
de France (en 1951, l'année après Ferdy).



«Moi, je ne trancherai pas dans le débat de savoir lequel de
nous était le plus grand. Si j'ai réussi des résultats magnifiques,
je le dois à Hugo. Comme lui me doit en partie son palmarès.»
L'opposition de style entre le besogneux Kübler et l'élégant
Koblet, connu au Tour de France par le surnom de «Pédaleur de
charme
», ajoutait à la popularité de l'un et de l'autre.



Sobriquet IV -

«Ferdy National»: Outre-Sarine, on
connaît Kübler sous ce surnom-là, censé bien traduire l'amour et
l'admiration que tout un peuple lui vouait. Même là, Ferdy tient à
démystifier son image, de manière honnête et sans ambages comme
toujours: «le 'National' me venait, en fait, d'une campagne
publicitaire encore jamais vue dans cette ampleur. La campagne
d'affichage à mon effigie fut, en fait, lancée 23 ans après mon
arrêt de la compétition (!). Elle vantait les mérites de la
compagnie d'assurances du même nom avec le slogan 'Pour ceux qui
ont du nez'. On se moquait de ma proéminence à la Cyrano de
Bergera
c». Cette affiche, devenue culte, était parfois
arrachée par des fans. «L'affichage public n'a cessé que 8 ans
plus tar
d».

De blessures et de Romandie

Sa popularité -

«Je la
dois à ma volonté inctroyable, à ma discipline de fer et ma dureté
envers moi-même. Je le dis sans fausse modesti
e». Tout au long
de sa carrière exemplaire de sportif de haut niveau, Kübler ne se
couchait quasi jamais après 21 heures! «Le sommeil, un autre
secret de mes performance
s».



Sa fierté -

Ferdy avait sa fierté. Mais ce n'est
pas forcément le prestige qui le rendait fier comme Artaban.
«L'un des de mes plus beaux succès se situe en Romandie, en
1945. On fêtait la fin de la Seconde guerre mondiale. J'ai été
sacré champion de Suisse de cyclocross à Morges et c'est le Général
Guisan en personne qui m'a remis médaille et maillot de champion de
Suiss
e»!



En revanche, sa désignation au rang de "Sportif suisse du XXe
siècle", il faut la lui arracher, sa modestie - légèrement feinte
tout de même - en souffrirait trop.



Ses blessures -

«Bien récupérer de blessures,
c'est important auss
i», énonce l'ancien champion. «J'ai
connu l'hôpital de Moutier en 1946, année noire dans ma carrière,
colonne vertébrale touchée. Deux semaines après, je sprintais
pourtant pour la gagne lors de Zurich - Lausanne. J'ai encore chuté
et me suis fait une double fracture du crâne avec perte de
connaissance, ainsi qu'une fracture de la clavicule. J'avais dû
emprunter 3000 francs, une somme colossale il y a 60 ans, pour
payer la facture de l'hôpital cantonal de Lausanne. En plus, le
médecin m'a dit: vaudrait mieux arrêter le vélo et puis faîtes
attention, vous risquez de payer ces accidents la cinquantaine
venu
e». Ferdy n'a jamais oublié cet épisode et était ravi
lorsqu'il franchit le cap de la cinquantaine en pleine santé.
«Et maintenant à mes 100 ans



tsrsport.ch/Ed.Stutz



(*) Il y a peu a paru une biographie complète, magnifiquement
illustrée avec 171 photos noir et blanc: Ferdy Kübler, le Fou
pédalant (AS-Verlag Zurich)

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Ferdy Kübler: un CV bien rempli

LES ETAPES DE FERDY

21 ans: il passe pro en 1940 pour obtenir des congés militaires au service actif

23 ans: il remporte son premier Tour de Suisse en 1942

28 ans: premier Tour de France. Sa générosité désordonnée dans l'effort, lui vaut le surnom de «Fou pédalant» dans 'L'Equipe'

31 ans: il remporte le Tour de France en 1950

32 ans: il est sacré champion du monde sur route en 1951

38 ans: il met un terme à sa carrière en 1957

LE PALMARES DE FERDY

CHAMPIONNAT DU MONDE

· 1 titre (1951 à Varèse/ITA)

TOUR DE FRANCE

· Maillot jaune final: 1950 (2e en 1954)

· Etapes: 8

· Maillots jaunes: 12 (vient d'être battu par Fabian Cancellara!)

· Participations: 5

TOUR DE SUISSE

· Vainqueur: 3 fois

TOUR DE ROMANDIE

· Vainqueur: 2 fois

CLASSIQUES

· 2 Liège-Bastogne-Liège

· 2 Flèches wallonnes

CHAMPION SUISSE

· 11 fois (route, cyclocross et piste)

Ferdy joue un bon Tour (1950)

En 1950, Hugo Koblet remporte le Giro. Fatigué, Koblet renonce au Tour. A 25 ans, il n'était pas pressé. Mais Ferdy, son aîné de six ans, ne peut pas être en reste. Il est fatigué aussi après avoir terminé 4e du Tour de Romandie et du Giro et 5e du Tour de Suisse.

Contrairement à Bartali, Magni/ITA, Bobet, Robic, Geminiani/FRA ou Ockers/BEL. Ferdy n'émarge évidemment pas au nombre des favoris.

Le Jurassien Georges Aeschlimann était son coéquipier, le Genevois Alex Burtin le directeur sportif de l'équipe de Suisse.

Ferdy remporte le clm de 78 km à St-Brieuc, en Bretagne. Pointilleux, en avance... technologique, il sera pénalité de 15 secondes, parce que arborant un maillot en soie. Il se replace 3e après cette 6e étape.

L'équipe d'Italie bouclait ensuite la course pour favoriser le succès final de Gino Bartali. Le public n'appréciait pas, d'autant que la Squadra B aidait ses aînés.

Dans une étape avec Aubisque, Tourmalet, Aspin (qui dit mieux ?), Ferdy limite les dégâts grâce à ses exceptionnelles qualités de... descendeur. La voiture qui ramenait Ferdy à son hôtel, fit une terrible embardée. Ferdy repartira le lendemain pour la 12e étape.

Mais pas l'équipe d'Italie qui pour protester contre les insultes proférées à l'encontre de ses coureurs, décide de rentrer à la maison! Dans ses mémoires, Fiorenzo Magni, alors maillot jaune, raconte que Bartali avait poussé à cette sortie, car le Florentin sentait qu'il ne remporterait pas le Tour de France à 36 ans.

Une demi-heure avant le départ de St-Gaudens, le forfait italien était officialisé. Ferdy refusera pourtant de revêtir le maillot jaune, comme Eddy Merckx le fera après lui, en 1971, après l'élimination d'Ocaña sur chute.

Ferdy remportera encore le clm de... 96 km entre Gap et Nice. Au classement final, il laissa Stan Ockers à 9'30'' et Louson Bobet, 3e, à 22'19''!