Après avoir notamment engagé Alessandro Ballan, le champion du monde 2008, BMC Racing a frappé dimanche un nouveau grand coup sur le marché des transferts en s'offrant les services du détenteur du maillot arc-en-ciel Cadel Evans. John Lelangue, directeur sportif de la formation helvético-américaine d'Andy Rihs, évoque les nouvelles ambitions de sa formation.
Le Belge a fêté ses 39 ans le 28 octobre dernier. Après avoir travaillé durant dix ans au sein d'ASO (l'organisateur du Tour de France notamment), il s'est engagé avec l'équipe Phonak en 2005 afin de «nettoyer» l'équipe suisse en proie à de nombreux cas de dopage. Depuis la fin cette aventure, il est devenu consultant sur la RTBF, puis est revenu dans le giron d'Andy Rihs au sein de BMCRacing.
Pour être compétitif
Nos objectifs: développement des jeunes suisses et retour sur le devant de la scène sur les courses d'un jour.
John Lelangue
Vous êtes actuellement à Aigle en formation avec d'autres directeurs sportifs. Vos collègues ne sont pas trop jaloux de votre recrutement?
John Lelangue:
(rires) Non, pas du tout ! Ils étaient surtout contents pour moi et m'ont félicité. Cela fait partie du jeu, de la compétition.
La signature de Cadel Evans, est-ce un pas de plus en direction du Tour de France?
John Lelangue:
Dans la vision que l'on a, oui. Pour nous, il y a deux axes de travail. Le premier est de développer de jeunes cyclistes suisses et américains et nous allons continuer à le faire. Le second, c'est de revenir sur le devant de la scène sur les courses d'un jour comme Paris-Roubaix ou Milan SanRemo c'est pour cela que nous avons recruté Karsten Kroon/NED, Marcus Burghardt/GER ou encore George Hincapie/USA et Ballan, ainsi que sur les grands Tours. Pas simplement pour y être, mais vraiment pour y être compétitifs. L'objectif c'est de jouer les maillots jaune et rose. Notre effectif en a les moyens grâce à sa grande expérience de ses compétitions. La décision de recruter Cadel n'a pas été prise à la suite de sa conquête du titre de champion du monde, les contacts remontent à bien plus longtemps. J'avais envie de travailler avec lui depuis un bon moment.
Cadel Evans a sa place au Tour de France
Mais pour cette saison, ça va être juste pour la Grande Boucle... Vous êtes en Continental Pro et devez bénéficier d'une invitation.
John Lelangue:
On sera candidats. Cadel Evans y a sa place, il l'a montré (réd: il a terminé deuxième de la Grande-Boucle en 2007 et 2008). Pour connaître un peu la maison ASO, je sais qu'elle base sa sélection essentiellement sur l'aspect sportif. C'est un vrai match avec les autres formations. Nous sommes en concurrence avec les équipes Vacansoleil et Besson Chaussures-Sojasun, mais avoir dans sa course un champion du monde en titre qui joue le général a un certain attrait pour un organisateur.
Et le Giro?
John Lelangue:
C'est le même procédé. J'étais à Milan la semaine dernière pour en discuter. De plus, nous comptons deux Italiens dans notre équipe. Allessandro Ballan est un argument d'autant plus qu'il n'a jamais couru le Tour d'Italie et qu'il a très envie de le faire. Nous avons également un très bon jeune, Mauro Santambrogio, qui nous aidera dans la montagne.
Propos recueillis par Robin Carrel de SI
Ce n'est pas la suite logique de Phonak
L'équipe BMC actuelle est-elle la suite logique de la formation Phonak?
John Lelangue: Non. Nous sommes totalement repartis de zéro. Nous avons tout recommencé il y a trois ans et avons un plan qui doit nous conduire au cours des trois prochaines années. Dans le passé, nous avons fait courir des jeunes Suisses et Américains pour voir quels coureurs allaient avoir leur place dans notre formation. Qu'ils soient passés auparavant par Phonak ou non n'entrait absolument pas en ligne de compte.
Finalement, ces histoires de dopage (réd: Floyd Landis, Oscar Camenzind, Tyler Hamilton, Fabrizio Guidi et Santiago Botero ont notamment été pris par la «patrouille») n'ont fait que renforcer la détermination d'Andy Rihs.
John Lelangue: On savait qu'on n'avait rien à se reprocher. Il y a eu beaucoup d'autres affaires et le risque zéro n'existe pas. Nous mettons tout en place pour que cela se passe bien et nous croyons au cyclisme propre. BMC veut aller loin avec les jeunes, notamment les Suisses. Nous avons Mathias Frank (réd: 2e du contre-la-montre et de la course en ligne du championnat de Suisse, ainsi que 12e du Tour de Romandie en 2009), qui a un énorme potentiel. Il a progressé contre-la-montre et peut être un appui pour Evans dans la montagne. Thomas Frei a aussi sa place, tout comme Simon Zahner par exemple.
Cadel Evans fera son retour sur le Tour Down Under en janvier
Cadel Evans a annoncé jeudi son retour sur le Tour Down Under, en janvier dans son pays, où il affrontera l'Américain Lance Armstrong. Evans, qui vient de conquérir à 32 ans le maillot arc-en-ciel fin septembre à Mendrisio (Suisse), n'avait plus participé à l'épreuve australienne de début de saison depuis 2005 et sa nouvelle équipe, BMC Racing Team, a accepté une invitation.
"C'est un privilège de pouvoir présenter mon nouveau maillot et ma nouvelle équipe au public australien et au reste du monde", a déclaré Evans, deux fois deuxième du Tour de France, dans un communiqué.
Les organisateurs du Tour Down Under, du 17 au 24 janvier dans le sud de l'Australie, ont déjà annoncé la présence de Lance Armstrong, septuple vainqueur du Tour de France, qui sera lui aussi à la tête d'une nouvelle équipe, RadioShack.
La folle rumeur de la venue de Cancellara
C'est la rumeur qui a fait le «buzz» sur internet ces dernières semaines: BMC tenterait d'engager Fabian Cancellara! Une version démentie par John Lelangue et qui a même le don de l'amuser. "C'est drôle, j'avais contacté Cadel Evans depuis plusieurs semaines et rien n'est sorti ni dans la presse ni sur le web alors que je pensais qu'il y aurait vite des rumeurs", rigole le directeur sportif de la formation d'Andy Rihs. "Quant à Fabian Cancellara, j'ai lu cela alors qu'il n'a jamais été sur ma liste et que je ne l'ai rencontré ni lui, ni son manager! J'adorerais bien entendu l'avoir dans mon équipe, mais il est sous contrat avec Saxo Bank et il n'y a eu aucune négociation", assure-t-il.