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Le passeport biologique est prêt à être introduit

Les analyses biologiques vont encore s'intensifier.
Les analyses biologiques vont encore s'intensifier.
Décidé après les scandales du Tour de France 2007 pour redorer l'image du cyclisme, le passeport sanguin constitue un défi majeur dans la lutte contre le dopage.

Le projet de passeport biologique est très bien avancé
soulignent les instances dirigeantes du cyclisme mondial. Pas moins
de 2172 contrôles ont été effectués à ce jour sur plus de 800
coureurs. Un examen préliminaire a révélé pour l'instant 23 cas
suspects.



«Le projet peut avancer dans son intégralité», a assuré le
président de l'UCI Pat McQuaid en réponse à quelques craintes
suscitées dernièrement. Pas moins de 854 coureurs de 35 équipes
(les 18 du Pro-Tour, 15 de Continental-Pro plus deux autres) ont
été testés ces derniers mois, nombre d'entre eux à leur domicile,
afin d'établir leurs profils hématologique et stéroïdien. «La
collaboration des équipes est excellente», a souligné Anne Gripper,
manager antidopage à l'UCI.

Quelques cas problématiques

«Un premier examen a révélé que 23 coureurs devront être
examinés de manière plus précise», a-t-elle indiqué. Par ailleurs,
des dossiers ont été ouverts sur cinq coureurs soupçonnés de
n'avoir pas respecté les règles antidopage à la suite de contrôles
classiques. Onze coureurs font également l'objet d'une enquête pour
avoir failli à leur obligation de donner à l'UCI leur emploi du
temps.



Mais l'essentiel n'est pas là: avec ce vaste projet de passeport,
qui entrera dans sa phase opérationnelle dès l'été, l'UCI a jeté
les bases d'une nouvelle approche de la lutte antidopage basée sur
la détection indirecte et non plus directe des produits. Autrement
dit une méthode fondée sur l'étude de l'évolution des paramètres
biologiques de chaque coureur.

Les coureurs du Giro dans le programme

Les nouvelles méthodes de dopage micro-doses d'EPO, transfusions
autologues et homologues posent de nouveaux défis aux dépisteurs,
qui disposeront d'une meilleure parade contre la tricherie avec ce
système qui permet un suivi individualisé et en principe très
fin.



«Tous les coureurs qui seront au départ du Giro (le 10 mai à
Palerme) font partie du programme du passeport biologique et ont
été contrôlés», a précisé l'UCI. Pour d'éventuelles sanctions
(»no-starts», avertissements, suspensions), il faudra attendre: il
reviendra au comité directeur de l'UCI qui se réunira à mi-juin à
Copenhague d'apporter les changements de règlements nécessaires et
de lancer la phase opérationnelle du projet.



si/rou

MODE D'EMPLOI



Les experts chargés d'étudier les profils sanguins et stéroïdiens
des coureurs s'appuieront sur un logiciel d'interprétation qui
pourra tenir compte d'informations aussi subtiles qu'essentielles
comme l'altitude à laquelle vit ou s'entraîne le coureur, son âge,
son sexe, la façon dont l'échantillon a été recueilli (pendant ou
hors la compétition), son origine ethnique, la température de
transport et de stockage, a expliqué à Aigle Olaf Schumacher, un
des membres du panel d'experts mandaté par l'UCI.



Ces informations sont essentielles car susceptibles de modifier de
manière importante les paramètres des intéressés. Ainsi, un athlète
séjournant en altitude aura facilement un taux d'hématocrite de 50%
(forte concentration de globules rouges), sans pour autant s'être
dopé. Un autre en revanche pourra sérieusement être suspecté de
manipulation même si son hématocrite ne dépasse pas 45 % par
exemple, pour peu que son taux habituel tourne autour de 40 % et
que rien ne puisse expliquer cette hausse subite.



Des valeurs inhabituellement basses, au niveau de l'hémoglobine
par exemple, peuvent également être suspectes, laissant supposer un
don du sang à des fins de transfusions. Le passeport pourra tenir
compte de tous ces aspects en individualisant les données au
maximum pour autant que les coureurs continuent de jouer le jeu et
puissent bien être localisés.

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8 millions de francs par an

Le coût du projet est de 5,2 millions d'euros (8 millions de francs) par année. L'UCI a reçu une garantie de financement de la part des équipes. Des discussions sont encore en cours avec les organisateurs, qui devraient supporter environ 20 % du budget.

Six contrôles par coureur sont en principe nécessaires pour dresser les profils. Seuls les équipes et les coureurs auront accès aux résultats des tests, en aucun cas les organisateurs, et cela d'une façon générale, a précisé M. McQuaid en réponse à une question sur le Tour de France, avec lequel l'UCI est en conflit ouvert.

Neuf experts

Le comité d'experts de neuf membres qui a été constitué aura pour tâche d'évaluer, sur la base du logiciel ad hoc mis au point par le Laboratoire suisse d'analyse du dopage (LAD) à Lausanne, les paramètres des coureurs et de fournir des recommandations à l'UCI et à l'AMA. Ces experts de cinq nationalités (mais pas de Suisse) se réuniront la première fois les 25 et 26 mai. Ils seront répartis en groupes de trois et leurs recommandations, basées sur l'interprétation des profils, devront être prises à l'unanimité des trois membres concernés.