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"Dans toutes les courses, les Suisses ont été protagonistes", apprécie Daniel Atienza

A l'image d'un Marc Hirschi à l'offensive en fendant la foule, les Mondiaux de Zurich ont été une réussite sportive et populaire. [KEYSTONE - ENNIO LEANZA]
A l'image d'un Marc Hirschi à l'offensive en fendant la foule, les Mondiaux de Zurich ont été une réussite sportive et populaire. - [KEYSTONE - ENNIO LEANZA]
Les Mondiaux de Zurich se sont achevés dimanche sur un triomphe du Slovène Tadej Pogacar. Si sportivement, ils ont donné lieu à des courses palpitantes, le tragique décès de la jeune Muriel Furrer a rendu les résultats secondaires pour une délégation helvétique très affectée. Bilan de la compétition avec Daniel Atienza, consultant pour RTSsport.

Placée au centre de l'attention du cyclisme mondial durant dix jours, Zurich s'est transformée en un gigantesque circuit pour bicyclettes... et tricycles, puisque ces joutes planétaires réunissaient à la fois les valides et le paracyclisme. Ce choix, s'il n'est pas à proprement parler révolutionnaire, a contribué à créer un spectacle quotidien, comme un prolongement des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Médailles, exploits et désillusions en tous genres ont rythmé la semaine, avec une activité permanente autour de la fourmilière de la Sechselaütenplatz.

Un spectacle haletant

"Si l'on s'en tient uniquement au sport, le bilan est fantastique. Nous avons assisté à des courses à suspense du premier au dernier jour. Dimanche, malgré une attaque d'un autre temps à 100 km de l'arrivée, le suspense a duré jusqu'à la fin. Chez les femmes samedi et les M23 vendredi, c'était la même chose. On a vibré et pas vu le temps passer", souligne Daniel Atienza.

Ce parcours nous a offert un spectacle où l'on a pu voir tout ce que l'on aime dans le vélo

Daniel Atienza

A l'image de la Züribergstrasse, inconnue du grand public et dont les pentes à 17% ont marqué les esprits, le parcours était réputé difficile et casse-pattes. La ferveur populaire était également au rendez-vous, notamment dimanche, où les coureurs ont fendu la foule comme s'ils grimpaient l'Alpe d'Huez en plein mois de juillet.

"L'adage dit que les organisateurs proposent et les coureurs disposent. Ce parcours nous a offert un spectacle où l'on a pu voir tout ce que l'on aime dans le vélo. Il fallait de la résistance, de l'endurance, de la tactique et de la technique. Tout cela mis bout à bout, ce n'était pas simplement un groupe de coureurs qui pédalaient, mais le vélo dans toute sa splendeur", se réjouit notre consultant.

Une attitude irréprochable

Côté helvétique, le bilan est mitigé avec deux médailles (l'argent de Jasmin Liechti et le bronze de Jan Christen lors des contre-la-montre M23). Les paracyclistes ont quant à eux obtenu neuf breloques (4 d'or, 3 d'argent et 2 de bronze) pour une splendide moisson. Mais il faut toutefois se détacher du seul résultat pour apprécier la performance d'ensemble des coureurs suisses. "Sur le papier, le bilan est moyen, mais si l'on regarde la manière dont les courses se sont déroulées, il est excellent", relativise le Vaudois, qui a fêté ses 50 ans durant ces Mondiaux.

Le bilan comptable n'est pas énorme, mais l'attitude a été largement à la hauteur

Daniel Atienza

Au moment de présenter la compétition, l'ancien professionnel relevait que la délégation à croix blanche avait des chances de médailles dans toutes les courses et ce fut bel et bien le cas. "Les médailles ne sont pas là, mais dans toutes les courses, les Suisses ont été protagonistes et il ne faut pas le minimiser. On a vu une attaque de Jan Christen à 50 km de l'arrivée, une Elise Chabbey qui s'est sacrifiée pour Noemi Rüegg et un Marc Hirschi qui a tenté sans relâche. Les médailles, tout le monde les veut et elles ne se jouent souvent pas à grand chose. Le bilan comptable n'est pas énorme, si l'on excepte les paracyclistes, qui ont été exceptionnels, mais l'attitude a été largement à la hauteur", juge le citoyen de Moudon.

Quand le sport devient secondaire

Combatifs et désireux de briller à domicile, les Helvètes sont passés par tous les états d'âme durant la semaine, y compris les pires. Le décès de Muriel Furrer, jeune zurichoise de 18 ans, à quelques encablures de son domicile suite à une chute durant la course junior, a entouré ces Mondiaux d'une tristesse incommensurable. "La fête a été gâchée. On assiste à un événement sportif et le sport devient tellement secondaire dans ces circonstances. Nous avons vécu un drame qui va marquer la famille du vélo durant très longtemps. Ces Mondiaux de Zurich resteront marqués par ce drame", regrette Daniel Atienza.

Sportivement parlant, nous avons vécu de très beaux Mondiaux, mais le coeur n'y était plus

Daniel Atienza

"Sportivement parlant, nous avons vécu de très beaux Mondiaux, mais le coeur n'y était plus", conclut-il. Des mots qui résument parfaitement l'atmosphère ressentie autour de la Sechselaütenplatz depuis jeudi soir et l'annonce de l'accident de Muriel Furrer.

A la fois magnifiques et tragiques, ces joutes planétaires resteront à n'en pas douter dans les annales du cyclisme. Il reste à espérer que les prochaines, qui se disputeront au Rwanda en 2025, connaîtront un sort plus favorable.

De Zurich, Bastien Trottet

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