Faut-il encore présenter Elise Chabbey? Actuelle 20e meilleure cycliste du monde selon le classement UCI, l'athlète du Vélo Club Lancy a disputé les JO à deux reprises. L'été dernier à Paris et en 2012 à Londres... en canoë. Polyvalente, la Genevoise a également réussi ses études de médecine et même brièvement exercé en 2020 durant la première vague de Covid. Championne de Suisse lors de la course en ligne disputée à la fin de cette même année, elle s'est alors engagée avec l'équipe Canyon-Sram, membre du World Tour, dès la saison 2021 et jusqu'à présent.
Au sein de l'équipe allemande, Elise Chabbey a obtenu un rôle hybride, tantôt équipière pour ses leaders Katarzyna Niewiadoma, Paula Rooijakkers et Neve Bradbury, tantôt libre de jouer sa carte personnelle, avec quelques très bons résultats à la clé (4e de Paris-Roubaix 2022, 4e de Liège-Bastogne-Liège 2024 ou encore 2e du Tour de Suisse 2021). Sa saison 2024 a toutefois pris une tournure plus difficile, avec des abandons au Giro et au Tour de France, ainsi qu'une certaine dose de poisse aux JO, lorsque la coureuse devant elle a chuté et l'a irrémédiablement retardée.
C'était clairement une saison compliquée pour moi, surtout à la fin
"C'était clairement une saison compliquée pour moi, surtout à la fin. J'ai enchaîné les malchances et les chutes alors que la forme était là. Il y a eu beaucoup de déceptions et c'était très compliqué de se remettre dedans. Après, j'ai toujours du plaisir à l'entraînement et à prendre des départs. Pour moi, c'est le plus important. Tant que j'ai cela, je garde espoir que cela change et que cela aille mieux", rassure-t-elle, tout en admettant que la situation n'était pas facile à vivre.
Besoin de nouveauté
Elise Chabbey quittera sa formation Canyon-Sram à la fin de la saison pour rejoindre la FdJ-Suez, l'une des organisations les plus puissantes du peloton, qui a effectué un recrutement impressionnant avec l'arrivée confirmée de la Française Juliette Labous et celle, probable, de la Néerlandaise Demi Vollering en plus de la Genevoise. "Cela fait deux ans que j'étais en contact avec la FdJ et j'ai beaucoup hésité à changer. Cela se passe super bien avec Canyon-Sram, ce n'est pas à ce niveau-là qu'était le problème. Pour moi, pour ma carrière, je pense que j'avais besoin d'un nouveau départ et d'essayer quelque chose de nouveau. Je me réjouis vraiment", explique l'ancienne championne de Suisse.
Je ne gagnerai pas forcément plus d'argent à la FdJ que chez Canyon, ce n'est pas à ce niveau-là que je voulais du changement
Malgré les investissements importants de sa future équipe, Elise Chabbey n'a pas choisi de changer d'équipe pour l'appât du gain. "Je n'aurai pas forcément plus d'argent à la FdJ que chez Canyon, donc ce n'est pas à ce niveau-là que je voulais du changement. Cela faisait quatre ans que j'étais chez Canyon et c'est toujours bien de voir autre chose pour passer un cap", détaille-t-elle. Sa nouvelle formation compte notamment consacrer une attention particulière à la préparation. "Cela va être très professionnel et c'est ce qui m'intéresse. J'ai envie de voir où cela peut m'emmener d'avoir quelque chose de très précis et professionnel", justifie la Genevoise.
Une affaire de moyens
A l'image de ce qu'il se passe avec l'équipe FdJ-Suez, le cyclisme féminin connait un essor financier sans précédent depuis quelques années, dans le sillage de celui des hommes, qui atteint des sommets vertigineux. "Si on veut que le cyclisme féminin évolue aussi haut que le cyclisme masculin, je pense qu'il faut mettre les moyens", jauge Elise Chabbey.
Elle voit donc positivement la décision de Swiss Cycling de créer une équipe féminine professionnelle. "C'est vraiment une bonne nouvelle, parce qu'en Suisse, on n'a pas encore énormément de relève sur la route. Il y en a pas mal en VTT, mais sur la route, c'était souvent Marlen Reusser et moi, et il n'y avait pas grand monde derrière. Maintenant, il y a Noemi Rüegg, qui est vraiment super forte, Linda Hartmann et d'autres. Le fait de créer cette équipe pourrait pousser des jeunes à venir plus sur la route. Il y a vraiment des moyens qui sont mis pour cela", apprécie-t-elle.
Si la Bernoise ne pourra pas s'aligner samedi sur la course en ligne des Mondiaux (en direct dès 13h00 sur RTSsport.ch), la Genevoise et la Zurichoise feront la paire pour tenter d'aller décrocher une médaille. Elles seront soutenues par la Grisonne Elena Hartmann et par une autre Zurichoise, Caroline Baur. Un carré d'as pour un historique maillot arc-en-ciel?
De Zurich, Patrick Délétroz et Bastien Trottet