Kopecky avec la tête, les Suissesses avec le coeur et Vollering les mains vides
DES LARMES POUR DÉBUTER Avant le coup d'envoi de la course, une minute de silence a été honorée sur la ligne de départ en souvenir de Muriel Furrer, décédée la veille. Alignées au premier rang, Noemi Rüegg, Jasmin Liechti, Linda Zanetti, Elise Chabbey, Caroline Baur et Elena Hartmann se sont montrées très affectées et, pour certaines d'entre elles, les larmes ont longuement coulé.
Les six Helvètes se sont néanmoins toutes élancées sur ce parcours rendu complexe par la pluie battante et le froid (12 degrés) et quatre d'entre elles sont allées au bout de l'épreuve, qu'elles ont disputée à fond. Un acte particulièrement courageux qu'il convient de saluer, car l'émotion était vive tant au départ à Uster que sur la ligne d'arrivée en plein coeur de Zurich.
SUISSESSES A L'ATTAQUE Alors que l'on aurait pu craindre que les coureuses helvétiques restent logiquement en retrait, elles se sont au contraire montrées offensives dès le début des hostilités. Caroline Baur est en effet immédiatement partie en échappée au sein d'un trio qui a roulé en tête durant une cinquantaine de kilomètres, avant que la désormais fameuse montée de la Zuricherbergstrasse n'ait raison des jambes de la Zurichoise de 30 ans à 105km du but.
Vingt kilomètres plus tard, alors que les dernières fuyardes avaient entre temps été reprises, ce fut au tour d'Elena Hartmann d'intégrer un groupe d'une dizaine de coureuses. La Grisonne de 33 ans et ses camarades ont tenu 15 km avant d'être à leur tour avalées par le peloton, au sein duquel elle est restée jusqu'au bout (40e). Caroline Baur a quant à elle "mis la flèche" à trois tours de l'arrivée.
RÜEGG IMPRESSIONNE Dans la ligne de sa performance de choix aux JO de Paris, Noemi Rüegg a à nouveau tenu le choc lors de ces Mondiaux. La Zurichoise de 23 ans est restée au contact des meilleures durant la majorité de la course, ne parvenant finalement pas à suivre l'attaque des futures lauréates. La Suissesse s'est toutetois battue pour rester au contact dans un groupe de poursuivantes, ce qui lui a permis de terminer à une belle 11e place. Un résultat à nouveau très prometteur pour une coureuse qui monte véritablement en puissance depuis quelques mois.
"C’était une journée de course très difficile pour l'équipe de Suisse. J’ai voulu courir avec mon cœur et cela m’a réussi. Les conditions était rudes, il faisait très froid", a expliqué la Zurichoise au micro de la RTS, alors qu'une concurrente semblait en hypothermie derrière elle. Malgré les circonstances tragiques, elle tire aussi un bilan positif de ces Mondiaux. "C'était une très belle expérience. L’ambiance dans la montée de la Züricherbergstrasse était très belle et c’est quelque chose dont je vais me souvenir", a détaillé la jeune Helvète. La Genevoise Elise Chabbey, qui s'est démenée pour aider sa coéquipière, a quant à elle terminé 23e.
IMMENSE KOPECKY Championne du monde en titre, Lotte Kopecky est parvenue à conserver son titre, ce qui n'avait plus été réalisé depuis Marianne Vos en 2012 et 2013, au prix d'un immense effort. Si elle a été la première à lancer les hostilités à 118 km de l'arrivée, la Belge de 28 ans a aussi été lâchée dans les 50 derniers kilomètres. "A trois tours de l’arrivée, j’étais congelée. J’ai tenté de garder la tête aussi claire que possible et de revenir à mon rythme. Dans le final, cela s'est joué dans la tête", a admis la lauréate du jour.
La Flamande a aussi tenu à rendre hommage à la défunte Muriel Furrer. "Je veux adresser mes condoléances à la famille de Muriel. Voir l’équipe de Suisse pleurer avant le début de la course, c’est le genre de choses que tu ne veux pas voir. C’était aussi un moment très difficile", a-t-elle déclaré.
LA DRÔLE DE TACTIQUE DES PAYS-BAS Dans une course courue sans oreillettes, les choix tactiques des Pays-Bas ont souvent interpellé, notamment lorsque la Néerlandaise Riejanne Markus et la Belge Justine Ghekiere sont parties en échappée à 40 km de l'arrivée, forçant ainsi les autres nations à réagir. Ce fut pourtant une coureuse... "Oranje" qui a pris les commandes du groupe de poursuivantes pour ramener Demi Vollering, clairement établie comme seule et unique leader de son équipe.
Les efforts effectués parfois dans le vide n'ont finalement pas payé, puisque la résidente helvétique a échoué à la 5e place. "J’en voulais peut-être un peu trop ici. Cela aurait été spécial pour moi de remporter la victoire en Suisse, mais c’est aussi la raison de ma défaite. Je n’ai pas osé prendre assez de risques par moments", a reconnu la Néerlandaise au micro de la RTS.
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De Zurich, Bastien Trottet