Le relais suisse malchanceux, l'Australie en réussite et le Rwanda apprend
JACOBS SE PARQUE Alors que Johan Jacobs avait indiqué en début de semaine être en excellente forme, sa course n'a duré que... 4'15. Le Zurichois de 27 ans a craqué dans la difficile montée de la Zuribergstrasse, qu'il connaît pourtant à la perfection, lui qui est né à Winterthour. Cette pente à 17% a eu raison de son grand gabarit (1m91 tout de même), l'obligeant à laisser partir, dépité, ses collègues Stefan Bissegger et Fabian Weiss après seulement 3,5 des 27km prévus pour le relais masculin.
Le duo restant a ensuite tout donné pour tenter de limiter tant bien que mal la casse, terminant son pensum à la 9e place. Le trio féminin composé d'Elise Chabbey, Noemi Rüegg et Jasmin Liechti (qui a lâché prise à la mi-course) s'en est de son côté mieux sorti, permettant à la Suisse de dépasser in extremis l'Espagne (8e).
Je me sentais bien, mais faire la course à un et demi, c'est quand même dur
UNE MAUVAISE JOURNÉE "Nous n'avons pas fait grand chose de faux. Johan a eu une mauvaise journée, tout le monde peut en avoir une. Cette fois c'était lui, mais il faut rappeler qu'il n'était pas prévu à la base pour ce relais. C'est malchanceux, mais c'est comme ça. Fabian n'a pas non plus eu sa meilleure journée. Moi je me sentais bien, mais faire la course à un et demi, c'est quand même dur", a expliqué un Stefan Bissegger fataliste au micro de la RTS. "Je n'étais pas au courant qu'il y avait eu un problème chez les hommes", a quant à elle indiqué une Elise Chabbey qui a couru tout le relais sur le grand plateau en raison d'un ennui mécanique. Quand ça ne veut pas...
NI BELGES NI SLOVÈNES Le relais mixte n'est pratiqué que depuis 2019 dans le cadre des Mondiaux et, comme dans de nombreux autres sports, cette épreuve hybride peine à trouver une légitimité auprès de certaines grandes nations. La Belgique de Remco Evenepoel et Lotte Kopecky et la Slovénie d'Urska Zigart et Tadej Pogacar, deux équipes qui auraient été des immenses favorites, ne se sont ainsi pas alignées à Zurich. Cela n'a pas empêché d'autres équipes telles que la France et l'Australie de se présenter avec l'artillerie lourde.
Double championne du monde en titre, la Suisse est généralement un exemple avec une véritable tradition dans cette discipline, mais les forfaits de ses meilleures cartouches (Marlen Reusser malade, Marc Hirschi, Stefan Küng et Mauro Schmid préservés pour la course en ligne) ne lui ont pas permis d'espérer un troisième sacre consécutif.
L'AUSTRALIE D'UN RIEN Avec Michael Matthews, Ben O'Connor, Jay Vine, Grace Brown, Brodie Chapman et Ruby Roseman-Gannon, véritables stars mondiales, l'Australie avait mis toutes les chances de son côté pour s'adjuger cette épreuve pour la première fois. Ce sacre n'a toutefois tenu qu'à un fil, puisque l'Allemagne a terminé avec moins d'une seconde (85 centièmes) de retard sur les Océaniens.
La course au podium est aussi longtemps restée indécise, puisque l'Italie n'a accusé qu'un débours final de 8 secondes sur l'Australie, tandis qu'il n'a manqué que 15 secondes à la France pour devancer les Transalpins et grimper sur la "boîte". Un final passionnant qui a confirmé tout l'intérêt que peut avoir un tel format.
RENDEZ-VOUS DANS UN AN Le Rwanda se trouve à une année de devenir le centre de la planète cycliste internationale. Le pays aux Mille Collines succèdera en effet à Zurich en accueillant les Mondiaux de cyclisme sur route 2025 en septembre prochain. La présence d'une équipe rwandaise au départ de ce relais mixte prouve que la préparation bat son plein pour les athlètes qui voudront briller à domicile. "C'était très important pour nous de pouvoir nous aligner ici. Cela nous permet d'apprendre comment bien rouler ensemble sans lâcher quelqu'un ou perdre trop de puissance", explique Xaverine Nirere (22 ans), qui s'aligne habituellement en gravel.
Sa coéquipière Diane Ingabire (23 ans), qui évolue dans la réserve de l'équipe Canyon-Sram, indique quant à elle le prochain objectif pour être compétitive dans un an: "Nous devons terminer des courses et montrer que nous sommes capables de nous battre pour un top-10, un top-20 ou autre. L'an dernier, nous n'avions pas été au bout des épreuves, même chez les juniors", regrette-t-elle. Objectif rempli lors du relais mixte, que le Rwanda a terminé 18e et antépénultième à 14'27 de l'Australie.
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De Zurich, Bastien Trottet