Patrick Müller: "C’est important pour toute l’équipe d’avoir un champion du monde"
Malgré son jeune âge (28 ans), Patrick Müller cumule déjà une grande expérience dans le cyclisme. Retraité des pelotons professionnels depuis 2019 en raison de douleurs récurrentes à une jambe, l'ancien coureur de BMC et Vital Concept compte notamment une victoire professionnelle lors de la Volta Limburg Classic 2019.
Directeur sportif de Swiss Cycling depuis le printemps 2022 après des études de droit, le Schaffhousois a répondu aux questions de RTS Sport à Zurich avant le début des Mondiaux. L'occasion d'évoquer non seulement la compétition actuelle, mais aussi les projets de développement du cyclisme d'élite que la Fédération va mettre en oeuvre comme héritage de ces Championnats du monde.
RTSSPORT.CH: Lorsque les Mondiaux ont été attribués à Zurich, Swiss Cycling a-t-elle décidé de mettre en place un programme spécifique pour préparer les athlètes?
PATRICK MÜLLER: Cette année, nous avons eu deux grands événements avec les JO en août et les Mondiaux en septembre. Entre ces deux compétitions, on ne peut pas corriger les choses, mais, au préalable, nous avons créé des projets exprès pour les Championnats du monde. Nous les avons testés aux JO, mais avec certains coureurs, dont Stefan Küng, qui étaient un peu malades, nous n’avons pas pu montrer ce que nous avions fait. Nous espérons que cela va payer durant ces Mondiaux.
RTSSPORT.CH: Lorsque l’on travaille avec des cyclistes professionnels, qui ont un employeur et des objectifs avec leur équipe, est-ce vraiment possible d’arriver avec ces objectifs supplémentaires avec l’équipe nationale?
PATRICK MÜLLER: Pour les coureuses et coureurs qui sont actuellement à leur niveau de performance maximal, ces Mondiaux sont les courses les plus importantes depuis des années. Ils savent depuis 2018 que cela va venir et ils ont vraiment beaucoup investi pour être prêts. Nous avons travaillé avec certains en collaboration plus étroite qu’avec d’autres. Stefan Küng, par exemple, illustre notre travail en équipe avec des experts qui sont forts dans un domaine spécifique. Nous essayons de progresser ensemble, parce que c’est important pour toute l’équipe d’avoir un champion du monde.
On dit que pour trois médailles potentielles, on en gagne une. Si ce peut être plus, c’est encore mieux
RTSSPORT.CH: Est-ce que vous avez fixé un nombre de médailles à décrocher dans ces Mondiaux?
PATRICK MÜLLER: Nous n’avons pas fixé un chiffre précis. Nous avons certaines courses où nos coureurs ont le potentiel pour décrocher une médaille, notamment avec Jan Christen, qui redescend en M23 alors qu’il évolue déjà avec les pros. Pour les courses élites de samedi et dimanche aussi, nous avons des coureurs capables d’aller chercher une médaille. On dit en général que pour trois médailles potentielles, on en gagne une. Si ce peut être plus, c’est encore mieux.
RTSSPORT.CH: Concernant Jan Christen, est-ce que c’était facile de le faire courir en M23 alors qu’il est déjà professionnel?
PATRICK MÜLLER: C’était une discussion que nous avons eue ensemble. C’est lui le coureur, donc la décision lui revient. Nous lui avons expliqué que des Championnats du monde à domicile, ce n’était qu’une fois dans une vie. En M23, ll a vraiment le potentiel pour aller chercher une médaille tant en contre-la-montre que lors de la course en ligne. Ce serait dommage de manquer cette opportunité. Il faut aussi se rappeler qu’à son âge (20 ans), il n’est que dans sa seconde année dans cette catégorie.
Nous avons aussi prévu d’investir chez les femmes. Nous aurons une équipe professionnelle dès l’année prochaine.
RTSSPORT.CH: L’un des rôles de la Fédération est aussi de construire l’avenir, notamment en vue des prochains Jeux olympiques. Qu’allez-vous faire exactement?
PATRICK MÜLLER: Nous avons notamment identifié que nous avons beaucoup de potentiel en BMX. Nous aimerions aussi utiliser ce potentiel pour développer la piste dans les disciplines de sprint (Keirin, sprint, sprint par équipe). Ce sont des domaines que nous n’avons jamais touchés parce que nous avons toujours eu des coureurs d’endurance. Cela fait partie de nos objectifs.
Nous avons aussi prévu d’investir chez les femmes. C’est un signe fort de la part de la Fédération. Nous aurons une équipe professionnelle dès l’année prochaine. Cela demande beaucoup de courage. Nous essayons de poursuivre le développement de la relève dans une structure professionnelle avec les mêmes coureuses. C’est l’un des très grands projets que nous avons pour le futur.
Nous espérons pouvoir faire progresser l’inclusion avec ces Mondiaux
RTSSPORT.CH: Le fait d’avoir également les para-cyclistes présents sur ces Mondiaux, est-ce aussi une bonne publicité pour Swiss Cycling?
PATRICK MÜLLER: C’est sûr. Avoir les para-cyclistes avec nous, c’est vraiment génial. En arrivant à l’hôtel, j’ai vu une délégation de 100 personnes. Avant, nous étions peut-être la moitié. Cela fait du bien pour tout le monde, parce que cela crée un véritable échange et chacun peut profiter de l’autre. Nous avons aussi fait des stages de préparation où nous avons inclus les para-cyclistes. Nous espérons vraiment pouvoir faire progresser l’inclusion avec cet événement.
De Zurich, Patrick Délétroz et Bastien Trottet