Seuls 7 coureurs dans la longue histoire du cyclisme ont réussi le doublé. L’Italien Marco Pantani (1998), l’Espagnol Miguel Indurain (1992 et 1993), l'Irlandais Stephen Roche (1987) le Français Bernard Hinault (1982 et 1985), le Belge Eddy Merckx (1982 et 1985), le Français Jacques Anquetil (1963-1964) et le premier à avoir réussi cet exploit, l’Italien Fausto Coppi (1949 et 1952). Au vu de son début de saison, Pogacar a tout pour être le 8e homme.
Remporter deux Grands Tours en une année est quasiment le défi ultime
Il a marqué le Giro 2024 de son empreinte en écrasant la concurrence. Au classement général, il a devancé de 9’56 le Colombien Daniel Martinez, un écart jamais vu depuis 1965. Le Slovène, qui a remporté 6 étapes sur les routes italiennes, n'a jamais semblé aussi fort.
L'armada UAE-Emirates
Et il ne s'est pas contenté d'écraser le Giro. Il a également remporté les Strade Bianche, le Tour de Catalogne – en gagnant 3 étapes – et Liège-Bastogne-Liège. Au cours de cette saison immaculée en termes de blessures et de chutes, Pogacar a définitivement tout pour décrocher sa 3e Grande Boucle après 2020 et 2021.
Pour réaliser la passe de trois, il sera de plus entouré par des coéquipiers qui ont performé cette année. On peut citer le Britannique Adam Yates, vainqueur du récent Tour de Suisse en gagnant 3 étapes, le Portugais Joao Almeida, 2e du Tour helvétique en remportant 2 étapes, et le jeune et prometteur Espagnol Juan Ayuso (21 ans), vainqueur du Tour du Pays basque.
L’inconnue Jonas Vingegaard
Quid de Jonas Vingegaard, vainqueur des deux derniers Tours de France devant Pogacar? Le Danois a vécu une première partie de saison tronquée en raison de graves blessures survenues au Tour du Pays basque le 4 avril et n’a repris l’entraînement que début juin. Avec cette donne, difficile de le classer parmi les favoris.
Vingegaard aura-t-il les capacités physiques pour régater avec les meilleurs? Ses bonnes sensations ressenties à l’entraînement ne garantissent pas pour autant de bons résultats en course et deux mois sans monter sur le vélo pourrait bien le desservir au fur et à mesure que le Tour avance.
Il ne faut, de plus, pas oublier que le Danois ne sera pas entouré de "son" armada habituelle. Certes, l’équipe Visma-Lease a Bike reste forte avec la présence des Belges Wout van Aert et Tiesj Benoot, du Néerlandais Wilco Keldermann et de l'Américain Matteo Jorgenson. Mais il devra composer sans trois de ses principaux lieutenants: les Néerlandais Dylan Van Baarle et Steven Kruijswijk ainsi que l'Américain Sepp Kuss.
Les deux premiers nommés étaient annoncés non-partants de longue date après leurs blessures survenues lors de cette terrible étape du Tour du Pays basque. Kuss, touché par le Covid, est pour sa part l'absent de dernière minute. Le forfait du dernier vainqueur du Tour d'Espagne, principal lieutenant de Vingegaard en montagne, est un vrai coup dur pour la Visma.
Roglic et Evenepoel en outsiders
Parmi les outsiders, on peut citer le Slovène Primoz Roglic (Red Bull-Bora) et le Belge Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step). Tous deux pris dans la chute du 4 avril au Tour du Pays basque, ils ont néanmoins repris la compétition le 2 juin, en étant alignés au Critérium du Dauphiné. Roglic, sans être souverain, a remporté la compétition et a montré une certaine solidité en montagne.
Evenepoel a, quant à lui, confirmé ses capacités exceptionnelles en contre-la-montre en devançant de 39 secondes Roglic. Mais il a montré ses limites dans les étapes de montagne en perdant à chaque fois du temps sur le Slovène. Le Belge a néanmoins de quoi tirer son épingle du jeu s'il tient le choc en montagne. Avec deux contre-la-montre (la 8e étape, longue de 25,3km, et la 21e étape, longue de 33,7km) d’un total de 59km, il peut créer des écarts intéressants.
Valerian Pezzulla
Carlos Rodriguez aura sa carte à jouer
Outre les quatre coureurs cités précédemment, il faut également évoquer Carlos Rodriguez (Ineos Grenadiers). L'Espagnol, vainqueur du Tour de Romandie cette année et cinquième du dernier Tour de France, semble avoir encore franchi un palier en progressant tant en montagne qu'en contre-la-montre. Evoluant au sein d'une équipe où on retrouve le Colombien Egan Bernal (vainqueur en 2019 de la Grande Boucle) et le Britannique Tom Pidcock, Rodriguez peut avoir de réelles ambitions au classement général.
Trois Suisses au départ
Il n'y aura que trois Suisses au départ de la Grande Boucle : Stefan Bissegger (EF Education-EasyPost), Stefan Küng (Groupama-FDJ) et Silvan Dillier (Alpecin-Deceuninck). Sans jouer le classement général, ils auront un rôle précieux pour leur(s) leader(s) respectif(s) lors des étapes de plaine. Bissegger accompagnera l’Espagnol Richard Carapaz, Küng le Français David Gaudu et Dillier le Belge Jasper Philipsen, prétendant au maillot vert de meilleur sprinter. Pour les deux premiers nommés, il y a de plus matière à bien figurer lors de la 8e étape - un contre-la-montre légèrement vallonné - qui peut leur convenir.
Une édition 2024 inédite
Le Tour de France 2024 sera une édition inédite dans l’histoire de la Grande Boucle sur deux points. Tout d’abord, il s’agira du premier départ en terres italiennes en 111 éditions. Ensuite, ce sera la toute première fois que l’arrivée finale se tiendra hors de la capitale Paris - l'arrivée aura lieu à Nice -, ceci en raison de la tenue des Jeux olympiques en Île de France seulement 5 jours après la fin du TdF.