"Il faut un grand coup de balai, a estimé l'ancien patron d'ASO, Patrice Clerc, dans un entretien au Monde daté de mercredi. Armstrong est mort, paix à son âme. Mais aujourd'hui, il faut démonter le système qui a permis ça. Si on ne le démonte pas, si on n'identifie pas ce qui n'a pas marché, le vélo ne s'en sortira pas. Or, le système sur lequel ont prospéré ces pratiques est toujours le même. Les hommes sont les mêmes: des juristes aux financiers de l'UCI, les managers des équipes...".
Pas de démission en vue
Le président de l'Agence mondiale antidopage (AMA), John Fahey, a dégainé les mêmes piques à l'adresse de l'UCI, qui retrouverait, selon lui, de la crédibilité si les dirigeants en place durant "cette débâcle" s'en allaient. "Si le dopage était aussi présent, la question qu'on peut légitimement se poser est: 'Qui voulait l'arrêter? Qui luttait contre? Pourquoi ne fut-il pas stoppé?' ",
a souligné l'ancien ministre australien sur la chaîne Fox sports.
Démissionner, il n'en est pas question, pour le président de l'UCI, Pat McQuaid, qui ne voit pas non plus pourquoi son prédécesseur, Hein Verbruggen, le patron au temps du règne d'Armstrong, devrait quitter la présidence d'honneur de l'organisation. Face à la tempête, qui a déjà entraîné le retrait d'un sponsor d'équipe, Rabobank, et laisse le Tour de France présenter sa centième édition mercredi avec d'énormes trous dans son palmarès, Pat McQuaid veut tenir bon la barre, convaincu que "le cyclisme a un avenir".
"Une crise pour le sport"
"C'est un moment très critique pour le cyclisme, la plus grande icône de notre sport a été mise à terre", reconnaissait lundi l'ancien coureur amateur irlandais, après l'annonce de l'annulation des sept victoires dans la Grande Boucle du Texan. "Cette affaire ne nous lâche pas depuis un bon moment et j'espérerais qu'aujourd'hui ce soit son paroxysme. Que nous pourrons mettre cela derrière nous et avancer". La Fédération compte régler les conséquences du scandale lors d'une réunion spéciale de son comité exécutif vendredi.
Parmi les points au menu: la question de la réattribution des victoires et podiums du roi déchu et les cas des coureurs qui ont accepté de témoigner dans l'enquête de l'Agence antidopage américaine (Usada) en échange d'une sanction réduite. "C'est une crise pour le sport... Mais nous devons regarder le sport, les structures des équipes, les structures des courses, afin d'essayer de créer un environnement pour que cela ne se reproduise plus, a expliqué Pat McQuaid. J'ai des idées que je vais avancer".
agences/lper
L'AIGPC réagit également
L'association internationale des équipes a appelé mardi à la mise en place d'une commission indépendante sur les mesures de lutte contre le dopage. L'AIGCP, qui a tenu sa réunion à Paris à la veille de la présentation du Tour de France, a demandé à l'UCI de suivre cette voie. Son président Jonathan Vaughters (Garmin) a expliqué que les équipes étaient prêtes à assurer une partie de son coût et que le projet devait s'appuyer à la fois sur l'AMA et l'UCI. A la fin de la réunion de l'AIGCP, le Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC), qui se situe à la pointe de l'antidopage, a recruté de nouvelles équipes dans son association créée sur la base du volontariat. Quatre équipes, Lotto, IAM, Netapp, Sojasun, nous ont rejoints", a déclaré à l'AFP Roger Legeay, portant à 11 le nombre d'adhérents.
Des virages débaptisés
Par ailleurs, on a appris mardi que le maire de l'Alpe d'Huez allait demander à son conseil municipal de débaptiser deux des 21 virages de la mythique montée du Tour de France, actuellement nommés "Lance Armstrong" en hommage aux deux victoires remportées par le champion américain dans cette étape en 2001 et 2004. Armstrong a par contre reçu mardi le soutien du musée d'art d'Aspen, dans le Colorado, dont il est l'un des administrateurs.