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Michel Thétaz: "Un podium est notre objectif"

Michel Thétaz tient dans sa main une tortue, symbole de son entreprise. [Floriane Galaud]
Michel Thétaz tient dans sa main une tortue, symbole de son entreprise. - [Floriane Galaud]
C’est à Genève, dans les locaux de son entreprise spécialisée dans la gestion de fortune institutionnelle, que Michel Thétaz a chaleureusement reçu RTSsport.ch. Fondateur d’IAM cycling, le Valaisan d’Orsières est un homme comblé: pour ses premiers mois sur le World Tour, son équipe a brillé. Rencontre avec un féru de petite reine qui évoque sans langue de bois les ambitions de son équipe sur le Tour de Romandie et le passage dans l’élite.

Il est des hommes dont on perçoit l’optimisme et la passion à la première rencontre. Michel Thétaz en fait partie. A 64 ans, l’entrepreneur est à la tête d’une équipe cycliste qui détonne dans le milieu par son indépendance et son côté non consensuel. «On est toujours un peu à l’avant-garde. On essaie de faire des choses qui nous distinguent, comme personnaliser nos maillots, mais cela ne plaît pas toujours», glisse-t-il dans un large sourire.

Des primes au mérite

Mais qu’importe, le plus important pour Michel Thétaz c’est que son équipe court dans la cour des grands, depuis le début de l’année, après avoir obtenu sa licence World Tour en décembre 2014. Principal avantage? Ne plus devoir attendre une éventuelle invitation pour participer aux grands tours. «On a préféré passer en division supérieure pour éviter cette contrainte. Maintenant, on préfère s’inviter nous-mêmes (rires). Je ne pouvais pas dire à mes gars qu’ils ne courraient pas le Tour de France ou le Giro en 2015 alors qu’ils y ont goûté en 2014»,  justifie-t-il.

Conséquence de sa promotion, la formation helvétique a dû revoir son budget à la hausse. «Le nombre de coureurs est passé de 24 à 29. Cela suppose un gonflement de toute l’infrastructure et notamment du staff qui compte 70 personnes, soit 20 de plus que l’année dernière. Certes, le budget a augmenté mais l’effort a été moindre car en étant en Continental Pro (2e division), nous avions déjà une équipe qui avait le niveau du World Tour. Notre budget oscille entre 10 et 15 millions. Je ne peux pas donner de chiffre précis car nous avons mis en place un système méritocratique. Une prime est attribuée aux coureurs selon leurs résultats. Notre budget varie donc en fonction des succès.»

Autre contrainte, la formation a l’obligation de participer à toutes les courses estampillées World Tour, y compris hors d'Europe. «Le cyclisme devient un phénomène mondial, on ne peut donc pas se borner à faire que le Tour de Romandie aussi intéressant qu'il soit.»

Un podium au minimum

Les espoirs reposent sur Mathias Frank. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]
Les espoirs reposent sur Mathias Frank. [KEYSTONE - Jean-Christophe Bott]

A la veille du Tour de Romandie, IAM affichait clairement ses ambitions. «Notre objectif, c’est le classement général. Nous avons plus de chances de bien figurer au général que de remporter une étape. Notre état d’esprit c’est la pugnacité, la discipline et la patience. Des qualités que l’on peut mieux appliquer sur 6 jours de course que sur une étape. L’année passée au Tour de Suisse, Mathias Frank n’a gagné aucune étape mais il a fini 2e au général.»

Et pour prétendre à la victoire, l’étape entre Fribourg et Champex-Lac s'annonce décisive. «C’est l’étape reine. Elle va certainement décider du vainqueur du Tour Romandie. Celui qui arrive seul au sommet a de bonnes chances de le remporter ou en tout cas de prendre une avance définitive. Pour moi, c’est l’étape à ne pas manquer car elle arrive dans ma région. Du point de vue émotionnel et sentimental, j’aimerais bien qu’un coureur d’IAM gagne là-haut. Surtout que c’est la plus difficile compte tenu du nombre de cols et de la montée finale longue de 14km».

Par Floriane Galaud - twitter: @FlorianeGalaud

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Bilan des premiers mois

Pour IAM, ces premiers mois en 1ère division ont été riches en succès avec 4 victoires, 10 podiums et 43 places parmi les 10 premiers. De bon augure avant le Tour de Romandie. «On est justement dans une phase où l’on prépare les grandes épreuves et où l’on en profite pour améliorer notre discipline de course. Contrairement aux autres équipes, nous n’avons pas un leader mais des leaders. Cela veut dire qu’en fonction du profil de la course et des objectifs de chacun, chaque coureur peut être leader ou coéquipier. Depuis le début de l’année, on rode ces automatismes».

Tous égaux devant les logements

Durant les différents Tours, les logements sont toujours payés par les organisateurs. «Il y a de très beaux hôtels et d’autres situés en bordure d’autoroute. Mais l’organisateur veille à ce que chaque équipe ait du beau et du moins beau afin d’éviter tout favoritisme. En France, lors de la Grande Boucle, on dort parfois dans des châteaux. Pour le Tour de Romandie, c’est pas mal du tout. Notamment, lors de l’étape qui fait Fribourg-Champex-Lac, notre équipe sera logée à Lavey-Les-Bains, on ne peut pas se plaindre».

Faire éclore des talents

Engager des stars de la petite reine? Il n’en est pas question pour Michel Thétaz. «Ça irait à l’encontre de notre philosophie et de l’esprit IAM. On préfère avoir des talents qui puissent éclore.» Car ce qui intéresse l’Orsiérain, c’est la découverte de cyclistes prometteurs qu’il compare à des joyaux. «Quand on découvre un diamant, il n’est pas beau, il faut le polir et ensuite le faire briller. Comme un coureur. Cela permet de valoriser tous les efforts que l’on a entrepris. On est dans une logique de construction. C’est pour cela qu’on n’est pas allé engager des coureurs prestigieux comme un Contador, par exemple. On préfère faire éclore les talents. Pour l’entrepreneur que je suis, c’est beaucoup plus intéressant de penser qu’un jour, si un coureur comme Sébastien Reichenbach gagne le Tour de France, ce sera grâce à moi, à IAM cycling».