Morabito évolue depuis cette année sous de nouvelles couleurs. Après 5 ans passés chez BMC, il a rejoint l'équipe FDJ où il occupe le rôle de "lieutenant" du leader Thibaut Pinot, 3e du Tour de France en 2014.
Entre deux virées dans "ses" montagnes valaisannes, le Montheysan de 32 ans a pris le temps de répondre à RTSsport.ch.
"Il a le feu sacré"
RTSsport.ch: Quel premier bilan tirez-vous de votre passage de l'équipe BMC à la FDJ?
STEVE MORABITO: Pour l'instant, je suis très satisfait. Je me suis assez rapidement intégré dans cette nouvelle équipe. Au fil des semaines, j'ai pris mes marques. On a commencé à former un groupe homogène qui fonctionne bien. C'était en tout cas une bonne surprise pour moi de m'intégrer aussi vite.
RTSsport.ch: Quelles sont les différences principales entre FDJ et BMC?
STEVE MORABITO: Ce qui m'avait motivé à rejoindre FDJ, c'est qu'il y avait un point commun avec BMC: une équipe articulée autour d'un leader sur les courses par étapes. La différence, c'est que Thibaut Pinot (25 ans) n'a pas l'expérience qu'avait Cadel Evans dans la formation BMC. Mais, de par son jeune âge, il a encore envie d'apprendre des choses. Il a vraiment le feu sacré et ça c'est contagieux!
"Un Tour de Suisse très exigeant"
RTSsport.ch: A quelques jours d'entamer le Tour de Suisse, dans quelle forme êtes-vous?
STEVE MORABITO: Après le Tour de Romandie où j'étais en bonne forme, j'ai coupé une semaine. Depuis, on a bien préparé cette grande partie de la saison. On a effectué des stages de reconnaissance dans les Alpes et dans les Pyrénées pour le Tour de France. On a également été reconnaître les pavés du Tour (ndlr: la 4e étape Seraing-Cambrai le 7 juillet comprendra 7 secteurs pavés empruntés par la classique Paris-Roubaix). Ces derniers jours, j'ai roulé en altitude. Je travaille fort pour être bientôt dans un pic de forme.
RTSsport.ch: Avec quelles ambitions allez-vous disputer le Tour de Suisse, une course qui vous convient en général plutôt bien? Vous aviez fini 6e l'an dernier.
STEVE MORABITO: Une grande partie de l'équipe FDJ présente sur cette boucle nationale sera celle présente au TdF. On va courir pour notre leader Thibaut Pinot, qui a les caractéristiques physiques pour réaliser un bon Tour de Suisse sur un parcours très exigeant cette année. Mon rôle sera de faire en sorte qu'il soit toujours bien positionné dans le peloton et qu'il puisse aller chercher une place au général. Après, si j'ai la possibilité de me glisser dans une échappée, pourquoi pas. Mais ce n'est pas la priorité no1.
Steve a aidé les plus grands, c'est un grand professionnel, il sera très précieux
RTSsport.ch: Puis arrivera le rendez-vous de l'été avec le Tour de France. Ce sera votre 4e participation, après 2010, 2011 et 2013. C'est vraiment une course pas comme une autre?
STEVE MORABITO: J'y vais avec toujours beaucoup de prudence. C'est une course toujours très compliquée à gérer, avec la chaleur, des parcours casse-pattes et aussi beaucoup de spectateurs. C'est vraiment la grande messe du vélo.
"Des étapes casse-pattes"
RTSsport.ch: Il y aura cette année une dizaine d'étapes de plaine avant d'attaquer la montagne. Le risque c'est de perdre déjà beaucoup d'énergie avant les choses sérieuses, non?
STEVE MORABITO: Effectivement et si l'on regarde attentivement ces 10 jours, on aura une arrivée au Mur de Huy, les pavés, le Mûr-de-Breagne, les risques de bordures, donc des étapes vraiment casse-pattes. Pour couronner le tout, le TdF a obtenu une dérogation pour placer le contre-la-montre par équipes lors de la 9e étape (ndlr: il doit normalement se dérouler lors du premier tiers de course). Certaines formations risquent d'arriver sur ce chrono avec des coureurs en moins ou des blessés. Cela pimentera encore davantage la course.
RTSsport.ch: Au sein de la FDJ, le mot d'ordre sera de tout donner pour Thibaut Pinot.
STEVE MORABITO: Oui, c'est clair. C'est un jeune coureur français talentueux, qui a démontré avoir les qualités pour monter sur le podium du Tour de France. L'objectif de l'équipe sera, dans un premier temps, qu'il soit toujours au contact des meilleurs après ces dix premières étapes.
RTSsport.ch: Après avoir gagné le Giro, Alberto Contador vise aussi la victoire sur le Tour de France. Un tel doublé est-il encore possible dans le cyclisme actuel?
STEVE MORABITO: C'est bon pour le cyclisme que des coureurs tentent de le réaliser. Pour ma part, j'ai couru une seule fois le Giro et le TdF la même année, c'était en 2013. J'avais bien pu me préparer pour les deux épreuves, mais la dernière semaine du Tour était celle de trop. J'étais vraiment à bout de force. Après, Contador a aussi un autre moteur. C'est un joli challenge pour le cyclisme et cela donnera un intérêt supplémentaire à la course.
Une reconversion dans le tourisme
RTSsport.ch: Depuis quelque temps, on assiste à des chutes assez graves. On pense notamment à Cancellara ou Küng. Est-ce que le cyclisme est devenu plus dangereux?
STEVE MORABITO: C'est une bonne question à relever, chacun y va de son explication. Quand je suis devenu professionnel il y a 10 ans, il y avait moins de chutes et j'avais moins peur. Actuellement, il y a plus de 200 coureurs au départ d'un grand tour ou sur certaines classiques, ce n'était pas le cas auparavant. Les ronds-points fleurissent et la course va vite. Mais je mettrais la faute principalement sur le nombre de coureurs. Avec des pelotons un peu plus réduit, ce serait plus adapté pour les routes que nous empruntons. Le risque, c'est qu'actuellement on a 1 chance sur 5 de quitter la course sur chute. Il faut en être conscient.
RTSsport.ch: Vous êtes sous contrat avec FDJ jusqu'à fin 2016. Avez-vous déjà songé à la suite ou à votre après-carrière?
STEVE MORABITO: Oui, je vais déjà y aller à fond pour ces deux saisons, et ensuite si la motivation est toujours là, j'espère décrocher un autre contrat. En même temps, je travaille déjà sur ma reconversion. Je suis gentiment en train de créer une société, mais j'annoncerai en temps voulu de quoi il s'agit exactement. Comme j'ai pas mal voyagé et pu apprendre des langues durant ma carrière, le souhait serait de travailler dans le secteur du tourisme.
Stéphane Altyzer
Steve Morabito a profité du beau temps pour peaufiner sa former dans les Alpes valaisannes.
Une belle virée à VTT dans les montagnes à 2'400m d'altitude: what else?
#Lapierre #Valais #FDJ #TDS pic.twitter.com/FqHDkaI3Gd
— Steve Morabito (@steve_morabito) 31 Mai 2015