Cancellara ne se fait pas d'illusion

Traînant derrière lui un début de saison perturbé par une chute
et une angine, Fabian Cancellara ne fait pas véritablement partie
des favoris du 107e Paris - Roubaix, «sa» course. Dimanche, sur les
259 kilomètres de l'Enfer du Nord, le vainqueur 2006 devra
certainement laisser la vedette à d'autres coureurs bien plus
affûtés.



«Je ne me fais pas d'illusion, lâche Cancellara.
D'autres coureurs sont dans de meilleures dispositions.»
Le Bernois ne veut pas se risquer à un pronostic sur sa
performance, même s'il perçoit quelques signaux positifs. «Il
est réjouissant de voir que je me suis senti de mieux en mieux
durant le Tour des Flandres, sur les portions pavées et quand le
temps était élevé.»

Changement de matériel

Son bris de chaîne - le premier de sa carrière - à 70 km de
l'arrivée du «Ronde» n'a fait qu'accroître sa motivation, explique
le spécialiste du contre-la-montre. Pourtant, Cancellara n'avait
aucune envie de se livrer à un entraînement spécial lundi, au
sortir du Tour des Flandres. «Un jour de repos reste un jour de
repos !», argumente-t-il



Le Bernois a toutefois voulu compenser son déficit de bornes
mercredi, après Gand - Wevelgem, en s'exerçant en bord de mer. Le
mauvais temps l'en a dissuadé. S'il pense être en phase de forme
ascendante, le double médaillé olympique 2008 espère ne plus
connaître d'ennuis mécaniques. C'est que Cancellara évolue cette
saison avec un nouveau matériel de vélos et de chaussures -
Specialized -, puisque son ancienne marque - Cervélo - ne fournit
plus que sa propre équipe professionnelle.



Or, la mécanique revêt une importance particulière à Paris -
Roubaix, un tracé extrêmement éprouvant pour les cyclistes et les
machines et où la moindre casse fait perdre énormément de temps à
cause de l'étroitesse des routes empruntées (27 secteurs pavés pour
un total de 52,9 km). Bonne nouvelle pour le peloton, les
prévisions météorologiques parlent d'un temps sec.

Dans le coeur

Malgré les conditions
particulières de l'Enfer du Nord, Cancellara n'a pas suivi de
préparation spécifique. «Les pavés restent les pavés ! J'en ai
parcouru quelques portions avant la course, sinon je m'entraîne
derrière une moto. Le plus important est que mes jambes amassent
les kilomètres.»



Car, même s'il ne veut pas trop s'avancer, Cancellara nourrit un
certain espoir au moment d'aborder une course qu'il porte dans son
coeur. Vainqueur flamboyant en 2006, le Bernois avait été battu sur
le fil par Tom Boonen l'an dernier et s'était classé quatrième en
2004 et huitième en 2005.



Le sprinter belge sera d'ailleurs un sérieux outsider au cours
d'une épreuve qu'il a remportée deux fois. Avec 52 victoires, les
coureurs du Plat Pays sont souvent les plus en vue. En ce sens, il
faudra également surveiller de près Stijn Devolder (double
vainqueur du Tour des Flandres) et Leif Hoste.



Au rayon des favoris figurent aussi le Néerlandais Martijn
Maaskant, l'Italien Filippo Pozzato ainsi que les Allemands
Heinrich Haussler et Marcus Burghardt. Pour Cancellara, l'homme à
battre s'appelle Juan Antonio Flecha. L'Espagnol, malgré la
malchance et les pannes vécues durant le Ronde, a laissé une très
forte impression. Il a fini troisième de la «dur des dures» en 2005
et deuxième en 2007. Il serait le premier Ibère à triompher sur le
mythique vélodrome.



si/ag