Cancellara s'adjuge pour la deuxième fois Paris-Roubaix!

Auteur d'un numéro hors normes dans les 50 derniers kilomètres,
Fabian Cancellara a écrasé tous ses adversaires pour enlever une
deuxième fois la "reine des classiques", quatre ans après son
premier succès. Nul n'a pu tenir la roue de "Spartacus", le surnom
du Bernois, le plus fort déjà - et de loin! - sept jours plus tôt
dans le Tour des Flandres. Pas plus le Belge Tom Boonen, qui a
tenté crânement de prendre la course à son compte avant de se
classer cinquième, que le Norvégien Thor Hushovd et l'Espagnol Juan
Antonio Flecha, les coureurs présents sur le podium à côté de
Cancellara.



Hushovd et Flecha sont sortis du groupe de "poursuite", un mot qui
n'avait pas grand sens dimanche tant était grande la supériorité du
Bernois, dans le dernier secteur difficile, celui du carrefour de
l'Arbre, à quinze kilomètres de l'arrivée. Mais Cancellara s'était
déjà présenté sur ces effroyables pavés trois minutes plus tôt.

La résignation des poursuivants

Indifférent à l'usure d'une
course terriblement exigeante, au vent soufflant en sens contraire,
à son isolement au sein d'une équipe Saxo Bank qui avait vu le
Danois Matti Breschel s'effacer quelques minutes plus tôt, le
triple champion du monde du contre-la-montre a forcé l'allure après
le passage de Bersée, sur la route asphaltée qui conduit aux
exécrables pavés de Mons-en-Pévèle.



Il restait 49 kilomètres à parcourir. Cancellara a repris alors
comme en se jouant les trois coureurs qui avaient tenté de prendre
les devants (Leukemans, Hoste, Hinault). Il a poussé son dernier
compagnon, le Belge Björn Leukemans, au point de rupture avant la
sortie du secteur pavé et a creusé l'écart inexorablement.



"J'ai été surpris de me retrouver seul", a déclaré le
leader de la Saxo Bank à qui son équipe avait conseillé de rester
calme jusque-là, de ne pas réagir aux accélérations de Boonen
désireux de faire la sélection. "Mais je savais aussi que si
j'avais 10 mètres d'avance, ils auraient peur et que ça ferait la
différence", a ajouté Cancellara, transformé en boxeur
cherchant le KO.



Derrière lui, Boonen a tenté de limiter la casse avant de baisser
les bras, faute d'avoir trouvé de l'aide hormis par moments de la
part du Britannique Roger Hammond, un coéquipier de Hushovd chez
Cervélo. Le Belge, qui avait subi l'implacable loi de Cancellara au
Tour des Flandres, s'est incliné. Déçu par l'attitude de ses
compagnons puis résigné à son tour.

Les larmes du vainqueur

Cancellara, qui affectionne les grands numéros, s'est laissé
aller après la course. Il essuya même quelques larmes, sur la
pelouse du vieux vélodrome roubaisien où il avait été
chaleureusement applaudi pour ce 10e doublé de l'histoire
(Flandres-Roubaix), pendant l'arrivée de ses suivants.



Hushovd (2e) peut au moins se consoler de la meilleure place qu'il
ait obtenue à Roubaix, un échelon plus haut que l'année passée.
Flecha (3e), d'une nouvelle place sur le podium où il figure pour
la troisième fois. Hammond (4e), d'un nouvel accessit six ans après
sa troisième place de l'édition 2004.



Cette année-là, Cancellara (4e) avait reçu un hommage d'un ancien
double vainqueur, Franco Ballerini, disparu accidentellement en
février dernier. "Il sait franchir les pavés, c'est un homme de
Paris-Roubaix", avait admiré le dominateur de l'édition 1998
(4 min 16 d'avance).



En gagnant de cette manière, en tuant le suspens et l'intérêt du
final, le Bernois a rappelé les vainqueurs écrasants de cette
époque, à la charnière des années 1990-2000. Le Suisse l'a reconnu:
"J'avais une motivation: arriver seul à Roubaix!"

"J'ai roulé avec le coeur"

FABIAN CANCELLARA: Avec ma forme et avec la
manière dont j'ai gagné le Tour des Flandres, je savais qu'en ayant
ces dix mètres d'avance, ils auraient peur et que ça ferait la
différence. Je vais fêter ça avec ma famille et l'équipe qui a fait
un grand travail et m'a donné une grande confiance.



Je sais que l'Amstel est sur la liste mais je ne vais pas y penser
maintenant, sinon je serais fou! Ce qui reste dans le sport, ce
sont les grandes choses. La semaine dernière, j'avais réalisé mon
objectif de l'année. J'ai roulé avec le coeur. C'est un grand
jour.



afp/alt